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Milieu carcéral: « Méfiance aveugle » des politiques à l’égard de l’administration pénitentiaire

Rédigé par Dakarposte le Mardi 14 Mars 2017 à 08:31 modifié le Mardi 14 Mars 2017 - 08:33

Milieu carcéral: « Méfiance aveugle » des politiques à l’égard de l’administration pénitentiaire
Les hommes politiques se méfient naturellement de la prison. Mais une fois derrière les barreaux, ils montrent une « méfiance aveugle » contre l’administration pénitentiaire.

Cela tient au fait qu’ils perçoivent leur bourreau, l’Etat, derrière cette administration. Imaginez que votre pire adversaire, souvent perçu comme un ennemi, vous héberge chez lui. Vous ne manquerez pas de percevoir dans chaque acte de bienveillance de sa famille, un piège préparé pour vous liquider. Eh bien, il en est de même pour les hommes politiques dans leur perception de l’administration pénitentiaire.

Ainsi, Idrissa Seck, lors de son séjour à Rebeuss dans le cadre des chantiers de Thiès, avait poussé la méfiance jusqu’à demander à ce que ces repas soient transmis dans une caisse fermée au cadenas avec la clef détenue par son avocat. Inutile de vous dire que le leader de Rewmi ne touchera à aucun aliment ou boisson distribué en prison.

Pis, tous les hommes politiques qui, jusqu’ici, ont eu à être incarcérés, ont tenu à dire à qui veut les entendre qu’ils ne sont pas malades et ne souffrent d’aucun problème de santé. Ils tiennent ainsi l’opinion à témoin sur le fait qu’ils pourraient voir leur santé physique menacée par leurs ennemis par le truchement de l’administration pénitentiaire.

Il y a ainsi une méfiance aveugle envers cette administration, quelle que soit sa bonne volonté souvent exprimée à l’égard des hommes politiques et son professionnalisme. Ceux qui sont convaincus d’être mis en prison pour des raisons politiques, ne doutent pas un seul instant que leurs bourreaux peuvent tenter de les liquider physiquement.

Les gardes pénitentiaires, inspecteurs, contrôleurs et agents administratifs, sont généralementmal perçus par l’opinion parce qu’ils abattent un travail ingrat de surveillance des personnes placées en régime de privation des libertés et tentent, dans des conditions très difficiles, de pourvoir à la préparation de leur réinsertion sociale.

Néanmoins, c’est un service malade pour beaucoup d’autres au Sénégal. La nomination à sa tête du Lieutenant-Colonel Daouda Diop, gendarme de son état, a fait grincer des dents dans le corps qui l’a ressenti comme une humiliation et un manque de considération de la part des pouvoirs publics.

Pourtant, depuis sa création, aucun membre de l’administration pénitentiaire ne l’a dirigé, même si ces derniers se targuent de mener des missions en dehors du Sénégal dans le cadre des Nations Unies. A cela s’ajoutent l’absence d’une école de formation, le nombre limité des effectifs, la promiscuité des prisons, le retard dans la construction de nouveaux centres de détention, les salaires peu attractifs, les difficiles conditions de travail et de vie, etc.

Mais ce qu’il est important de noter, c’est que cette méfiance des politiques à l’égard des gardes pénitentiaire n’est nullement la faute de ces derniers. Les leaders politiques qui ont eu maille à partir avec la Justice savent que cette direction est rattachée au Ministère de la Justice qui peut lui donner les ordres qu’il veut, y compris illégaux, ou la manipuler.

La preuve, le nombre des visiteurs de Karim Wade avait été subitement diminué quand on a senti le capital sympathie en faveur du fils de Wade augmenter. De même, aujourd’hui, Khalifa Sall ne peut recevoir que 20 personnes par semaine. Des restrictions et bien d’autres que l’arrêté qui organise la vise carcérale ne prévoit nullement.

C’est dire que ceux qui sont en détention et qui ont des ambitions politiques devront affronter l’épreuve supplémentaire de se méfier du personnel pénitentiaire perçu comme le bras droit des bourreaux. Ils les surveillent comme eux aussi ont pour travail de les surveiller. D’où l’atmosphère qui ne peut être que pesante dans le milieu carcéral où ces personnalités, il faut le reconnaître, bénéficient d’un régime de faveur avec des chambres estampillés VIP, même si les conditions de confort sont peu enviables.

C’est pourquoi, nous pensons que ce qui plus cohérent de la part de l’institution judiciaire, c’est de travailler à mettre moins de monde en prison en jouant sur les régimes de contrôle judiciaire et de substitution des peines pour ceux qui sont déjà condamnés à des peines légères.

Assane Samb
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