La rédaction d’AfriAct a tendu son micro ce mois à l’économiste et juriste sénégalais Ndiawar Soumaré pour faire le tour de l’actualité sénégalaise.
AfriAct : Mr Soumaré, comment appréciez-vous la politique économique du gouvernement Macky Sall et l’annonce d’un taux de croissance de l’économie sénégalaise supérieure à 6% pour 2016 ?
NS : toute croissance supplémentaire de l’activité économique est toujours une bonne chose. Mais le Sénégal est une économie extravertie, toute croissance implique une fuite de capitaux dans la mesure on ne crée pas de valeur ajoutée. La plus grande partie de notre économie étant détenue par des entreprises étrangères. Cette croissance favorise des échanges plus grands avec l’extérieur, par des importations massives, et donc un gonflement des devises au sein du trésor public français, pour « défendre » la parité du FCFA avec l’Euro. Donc un manque de liquidités et de crédits criard pour financer l’économie sénégalaise et un chômage massif. Ainsi nos autorités ne contrôlent pas tous les leviers monétaires pour pouvoir exécuter des politiques économiques qui peuvent sortir le Sénégal de la pauvreté. Et sans contrôle de la politique monétaire, il est impossible de réaliser de grands booms économiques, à l’instar de ce qui s’est fait dans les pays d’Asie Pacifique, que nos gouvernements citent souvent en exemple. Nos économies sont condamnées au sous- développement tant que nos gouvernements ne décideront pas de contrôler le Franc CFA.
Vous dites que malgré la croissance économique, l’économie sénégalaise ne crée pas de valeur ajoutée ? Ce n’est pas contradictoire ?
C’est effectivement contradictoire ! Cette croissance étant essentiellement le fait des sociétés étrangères, car notre économie est à plus de 80% détenue par des sociétés étrangères. Nous évoluons dans un système (celui du FCFA), qui est lui-même, une zone de non-sens économique et monétaire car c’est une zone essentiellement tournée vers l’exportation des profits. En effet nous commerçons très peu entre pays détenteurs du FCFA, et nous avons une monnaie forte. Le résultat est évident : nos exportations sont extrêmement faibles et nos devises vont enrichir le trésor public français. Beaucoup d’économistes le dénoncent depuis des décennies. Mais les autorités politiques et monétaires ne prennent aucune décision pour corriger ou mettre fin à ce système de pillage organisé des économies de la zone FCFA. Vous savez le Comité de politique monétaire de la BCEAO est totalement sous emprise française. Les représentants français étant les seuls à voter. Même le président de la Commission de l’UEMOA n’y a qu’une voix consultative ! C’est un scandale. Beaucoup d’entre- nous ont pensé que la démission de Mr Haguibou Soumaré de la Commission de l’UEMOA était liée à cette frustration face à la toute puissance française sur la définition de nos objectifs de politique monétaire. Le FCFA ne sert pas au développement de nos économies. Pourquoi lorsque je quitte le Sénégal avec des francs CFA de la BCEAO, je ne peux rien acheter au Cameroun, au Gabon ou au Tchad qui font pourtant partie de la zone Franc CFA ? Je suis obligé d’échanger mes francs CFA de la BCEAO en euros ou en dollars et ensuite les reconvertir en Francs CFA de la BEAC. C’est le même processus que lorsque vous allez au Maroc ou dans n’importe quel autre pays africain non membre de la zone Franc CFA ! C’est une aberration ! Nos autorités économiques et monétaires tiennent un discours libéral, mais dans les faits, ils sont sous contrôle administratif.
AfriAct : Comment mettre un terme à ce système de pillage de notre économie ?
Ce système dure depuis 70 ans. Ce n’est pas un coup de baguette magique qui va le faire disparaitre. Mais certaines mesures peuvent être prises dans le très court terme. La première d’entre-elles est de mettre fin au dépôt obligatoire de nos devises au sein du Trésor Public français. Cela permettra à nos économies de disposer de capitaux et de s’autofinancer. A l’exception du Président Idriss Deby et de Theodore Obiang Nguéma, aucun chef d’Etat ou de gouvernement membre de la BCEAO ou de la BEAC n’a osé remettre en cause ce système. Donc je pense personnellement qu’il va falloir un autre type de dirigeants plus courageux pour engager les réformes nécessaires. Dans le moyen terme, il faut obligatoirement accélérer l’intégration des pays de l’Afrique de l’ouest dans la zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO). Dans le long terme, il nous faut converger vers une monnaie africaine.
AfriAct : La découverte de pétrole et de gaz devrait booster l’économie sénégalaise…
Ces découvertes sont de bonnes nouvelles. Il s’agirait de 11 puits de Saint-Louis à la Casamance. En 2014 ce sont près de 473 millions de barils de pétrole qui sont découverts dans le Sangomar offshore profond ; en 2015 plus de 500 milliards de mètre cube de gaz naturel localisé dans le Saint-Louis offshore profond ; en 2016 ce sont près de 140 milliards de gaz naturel localisé dans la Kayar offshore profond… Certaines évaluations parlent de près de 300 milliards de Francs CFA de plus dans le budget de l’Etat sénégalais pendant les prochaines années. Ce n’est pas négligeable. Tous ces chiffres restent hypothétiques jusqu’à confirmation de véritables quantités. Cependant, les véritables enjeux se situeront dans la gestion de ces mannes financières et surtout dans les secteurs où elles seront réinvesties. Le fait que des acteurs politiques et aussi de la société civile aient engagé tout de suite un bras de fer avec l’Etat sur les contrats de concession laissent envisager que la vigilance sera de mise dans la gestion des prochaines recettes induites par la vente de gaz et de pétrole.
AfriAct : Cependant l’opposition politique et des membres de la société civile dénoncent les contrats de Recherche et de partage de production d’hydrocarbures liquides et gazeux conclus avec Petro-Tim.
NS : C’est une bonne chose que les sénégalais désirent en savoir plus sur ces contrats. Certains ont été publiés, c’est aussi une bonne chose. Ce qui semble braquer les positions, c’est que Petro-Tim Limited créée le 19 janvier 2012, ait bénéficié d’un contrat d’exploration deux jours avant sa création (le 17 janvier 2012) et qu’elle soit logée aux Îles Caïmans, de même que sa société mère Petro Asia Limited (créée quelques mois plus tard le 11 juillet 2012 ! Eh oui, le fils est plus âgé que la mère !).
Ce qui pose aussi débat est le fait que Petro-Tim Limited ait transféré intégralement (le 03 juillet 2014) ses parts (90%) à Timis Corporation et que ce dernier ait décidé de céder 60% des parts à Kosmos Energy Limited. La question qui revient le plus souvent est de savoir pourquoi l’Etat sénégalais a donné (sans appels d’offres) 90% des parts à une société (Petro-Tim) qui garde 30% des parts et laissent une autre société (Kosmos Energy) faire le travail de recherche. Pourquoi l’Etat du Sénégal n’a pas directement traité avec une société en mesure de faire les travaux de recherche. Qu’en est- il du droit de préemption de l’Etat Sénégalais ? Y a-t-il eu évasion fiscale ? Kosmos Energy a- t- elle, oui ou non, versé 200 milliards de Francs CFA à Timis Corp. ? Qui sont les véritables actionnaires de Timis Corp. ? Petro Asia a- t- elle juste été une société écran ? Ce sont des questions légitimes que les citoyens se posent. Et l’Assemblée Nationale a failli à son rôle car elle aurait dû créer une Commission parlementaire chargée de clarifier tout cela.
AfriAct : Concernant l’autoroute à péage, le tronçon Diamniadio- AIBD vient d’être ouvert à la circulation. Comment appréciez l’effort de l’Etat pour rendre plus fluide la circulation au Sénégal.
Les infrastructures de transport sont un élément clé dans le développement des Etats. L’autoroute à péage, initié par le Président Abdoulaye Wade et que le Président Macky Sall est en train d’étendre, procède de cette volonté de faciliter les déplacements dans le pays. Il faut espérer que le rythme de dans la construction soit maintenu pour que cette autoroute atteigne Saint-Louis, Matam, Kaolack, Kédougou, Tambacounda, Ziguinchor et toutes les grandes villes du Sénégal. Quand les gens peuvent se déplacer facilement, ils ont tendance à toujours aller investir dans les coins les plus reculés.
AfriAct : La concession de l’autoroute par Eiffage et les tarifs appliqués sont dénoncés…
C’est Abdoulaye qui a décidé de cette concession totalement insensée. L’Etat du Sénégal a apporté les 80% dans la construction et décide de confier pour une trentaine d’années la concession à Eiffage. C’est un non-sens économique. C’est aussi un des scandales que nous a légué le régime « pseudo-libéral » de Wade. La rupture de ce genre de contrat coûte cher. C’est peut-être pour cela que le pouvoir actuel n’a pas dénoncé ce contrat. D’ailleurs, nous n’avons jamais entendu, le Président Macky Sall ou ces Premiers ministres successifs faire état publiquement du non-sens de ce contrat. L’Etat aurait pu nationaliser la gestion de l’autoroute dès l’installation de Macky Sall au pouvoir. Et entamer un bras de fer avec Eiffage devant les tribunaux internationaux. Concernant les tarifs, quel pouvoir à l’Etat sénégalais pour aller imposer des tarifs à une société privée ? L’Etat ne peut intervenir que par des subventions. Les tarifs sont excessifs, et les citoyens sénégalais doivent continuer à faire pression sur le gouvernement pour qu’il discute avec la SENAC afin de l’amener à baisser les prix de passage.
Je crois aussi que le péage entre la Patte d’Oie et Pikine devrait tout simplement être supprimé. C’est un tronçon extrêmement large ou l’Etat aurait pu construire deux fois 6, 7 ou 8 voies. C’est aussi le plus rentable en raison de la forte population qui vit à Pikine et Guédiawaye notamment. Mais ils ont préféré en faire une autoroute facturée à 500 francs CFA le passage. L’autoroute à péage devrait commencer à partir de Poste Thiaroye et se poursuivre à l’intérieur du pays. Nos Etats d’Afrique francophones doivent apprendre à penser au bien-être des citoyens.
*Ndiawar Soumaré est un économiste et juriste sénégalais. Il est également consultant en affaires internationales.
AfriAct : Mr Soumaré, comment appréciez-vous la politique économique du gouvernement Macky Sall et l’annonce d’un taux de croissance de l’économie sénégalaise supérieure à 6% pour 2016 ?
NS : toute croissance supplémentaire de l’activité économique est toujours une bonne chose. Mais le Sénégal est une économie extravertie, toute croissance implique une fuite de capitaux dans la mesure on ne crée pas de valeur ajoutée. La plus grande partie de notre économie étant détenue par des entreprises étrangères. Cette croissance favorise des échanges plus grands avec l’extérieur, par des importations massives, et donc un gonflement des devises au sein du trésor public français, pour « défendre » la parité du FCFA avec l’Euro. Donc un manque de liquidités et de crédits criard pour financer l’économie sénégalaise et un chômage massif. Ainsi nos autorités ne contrôlent pas tous les leviers monétaires pour pouvoir exécuter des politiques économiques qui peuvent sortir le Sénégal de la pauvreté. Et sans contrôle de la politique monétaire, il est impossible de réaliser de grands booms économiques, à l’instar de ce qui s’est fait dans les pays d’Asie Pacifique, que nos gouvernements citent souvent en exemple. Nos économies sont condamnées au sous- développement tant que nos gouvernements ne décideront pas de contrôler le Franc CFA.
Vous dites que malgré la croissance économique, l’économie sénégalaise ne crée pas de valeur ajoutée ? Ce n’est pas contradictoire ?
C’est effectivement contradictoire ! Cette croissance étant essentiellement le fait des sociétés étrangères, car notre économie est à plus de 80% détenue par des sociétés étrangères. Nous évoluons dans un système (celui du FCFA), qui est lui-même, une zone de non-sens économique et monétaire car c’est une zone essentiellement tournée vers l’exportation des profits. En effet nous commerçons très peu entre pays détenteurs du FCFA, et nous avons une monnaie forte. Le résultat est évident : nos exportations sont extrêmement faibles et nos devises vont enrichir le trésor public français. Beaucoup d’économistes le dénoncent depuis des décennies. Mais les autorités politiques et monétaires ne prennent aucune décision pour corriger ou mettre fin à ce système de pillage organisé des économies de la zone FCFA. Vous savez le Comité de politique monétaire de la BCEAO est totalement sous emprise française. Les représentants français étant les seuls à voter. Même le président de la Commission de l’UEMOA n’y a qu’une voix consultative ! C’est un scandale. Beaucoup d’entre- nous ont pensé que la démission de Mr Haguibou Soumaré de la Commission de l’UEMOA était liée à cette frustration face à la toute puissance française sur la définition de nos objectifs de politique monétaire. Le FCFA ne sert pas au développement de nos économies. Pourquoi lorsque je quitte le Sénégal avec des francs CFA de la BCEAO, je ne peux rien acheter au Cameroun, au Gabon ou au Tchad qui font pourtant partie de la zone Franc CFA ? Je suis obligé d’échanger mes francs CFA de la BCEAO en euros ou en dollars et ensuite les reconvertir en Francs CFA de la BEAC. C’est le même processus que lorsque vous allez au Maroc ou dans n’importe quel autre pays africain non membre de la zone Franc CFA ! C’est une aberration ! Nos autorités économiques et monétaires tiennent un discours libéral, mais dans les faits, ils sont sous contrôle administratif.
AfriAct : Comment mettre un terme à ce système de pillage de notre économie ?
Ce système dure depuis 70 ans. Ce n’est pas un coup de baguette magique qui va le faire disparaitre. Mais certaines mesures peuvent être prises dans le très court terme. La première d’entre-elles est de mettre fin au dépôt obligatoire de nos devises au sein du Trésor Public français. Cela permettra à nos économies de disposer de capitaux et de s’autofinancer. A l’exception du Président Idriss Deby et de Theodore Obiang Nguéma, aucun chef d’Etat ou de gouvernement membre de la BCEAO ou de la BEAC n’a osé remettre en cause ce système. Donc je pense personnellement qu’il va falloir un autre type de dirigeants plus courageux pour engager les réformes nécessaires. Dans le moyen terme, il faut obligatoirement accélérer l’intégration des pays de l’Afrique de l’ouest dans la zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO). Dans le long terme, il nous faut converger vers une monnaie africaine.
AfriAct : La découverte de pétrole et de gaz devrait booster l’économie sénégalaise…
Ces découvertes sont de bonnes nouvelles. Il s’agirait de 11 puits de Saint-Louis à la Casamance. En 2014 ce sont près de 473 millions de barils de pétrole qui sont découverts dans le Sangomar offshore profond ; en 2015 plus de 500 milliards de mètre cube de gaz naturel localisé dans le Saint-Louis offshore profond ; en 2016 ce sont près de 140 milliards de gaz naturel localisé dans la Kayar offshore profond… Certaines évaluations parlent de près de 300 milliards de Francs CFA de plus dans le budget de l’Etat sénégalais pendant les prochaines années. Ce n’est pas négligeable. Tous ces chiffres restent hypothétiques jusqu’à confirmation de véritables quantités. Cependant, les véritables enjeux se situeront dans la gestion de ces mannes financières et surtout dans les secteurs où elles seront réinvesties. Le fait que des acteurs politiques et aussi de la société civile aient engagé tout de suite un bras de fer avec l’Etat sur les contrats de concession laissent envisager que la vigilance sera de mise dans la gestion des prochaines recettes induites par la vente de gaz et de pétrole.
AfriAct : Cependant l’opposition politique et des membres de la société civile dénoncent les contrats de Recherche et de partage de production d’hydrocarbures liquides et gazeux conclus avec Petro-Tim.
NS : C’est une bonne chose que les sénégalais désirent en savoir plus sur ces contrats. Certains ont été publiés, c’est aussi une bonne chose. Ce qui semble braquer les positions, c’est que Petro-Tim Limited créée le 19 janvier 2012, ait bénéficié d’un contrat d’exploration deux jours avant sa création (le 17 janvier 2012) et qu’elle soit logée aux Îles Caïmans, de même que sa société mère Petro Asia Limited (créée quelques mois plus tard le 11 juillet 2012 ! Eh oui, le fils est plus âgé que la mère !).
Ce qui pose aussi débat est le fait que Petro-Tim Limited ait transféré intégralement (le 03 juillet 2014) ses parts (90%) à Timis Corporation et que ce dernier ait décidé de céder 60% des parts à Kosmos Energy Limited. La question qui revient le plus souvent est de savoir pourquoi l’Etat sénégalais a donné (sans appels d’offres) 90% des parts à une société (Petro-Tim) qui garde 30% des parts et laissent une autre société (Kosmos Energy) faire le travail de recherche. Pourquoi l’Etat du Sénégal n’a pas directement traité avec une société en mesure de faire les travaux de recherche. Qu’en est- il du droit de préemption de l’Etat Sénégalais ? Y a-t-il eu évasion fiscale ? Kosmos Energy a- t- elle, oui ou non, versé 200 milliards de Francs CFA à Timis Corp. ? Qui sont les véritables actionnaires de Timis Corp. ? Petro Asia a- t- elle juste été une société écran ? Ce sont des questions légitimes que les citoyens se posent. Et l’Assemblée Nationale a failli à son rôle car elle aurait dû créer une Commission parlementaire chargée de clarifier tout cela.
AfriAct : Concernant l’autoroute à péage, le tronçon Diamniadio- AIBD vient d’être ouvert à la circulation. Comment appréciez l’effort de l’Etat pour rendre plus fluide la circulation au Sénégal.
Les infrastructures de transport sont un élément clé dans le développement des Etats. L’autoroute à péage, initié par le Président Abdoulaye Wade et que le Président Macky Sall est en train d’étendre, procède de cette volonté de faciliter les déplacements dans le pays. Il faut espérer que le rythme de dans la construction soit maintenu pour que cette autoroute atteigne Saint-Louis, Matam, Kaolack, Kédougou, Tambacounda, Ziguinchor et toutes les grandes villes du Sénégal. Quand les gens peuvent se déplacer facilement, ils ont tendance à toujours aller investir dans les coins les plus reculés.
AfriAct : La concession de l’autoroute par Eiffage et les tarifs appliqués sont dénoncés…
C’est Abdoulaye qui a décidé de cette concession totalement insensée. L’Etat du Sénégal a apporté les 80% dans la construction et décide de confier pour une trentaine d’années la concession à Eiffage. C’est un non-sens économique. C’est aussi un des scandales que nous a légué le régime « pseudo-libéral » de Wade. La rupture de ce genre de contrat coûte cher. C’est peut-être pour cela que le pouvoir actuel n’a pas dénoncé ce contrat. D’ailleurs, nous n’avons jamais entendu, le Président Macky Sall ou ces Premiers ministres successifs faire état publiquement du non-sens de ce contrat. L’Etat aurait pu nationaliser la gestion de l’autoroute dès l’installation de Macky Sall au pouvoir. Et entamer un bras de fer avec Eiffage devant les tribunaux internationaux. Concernant les tarifs, quel pouvoir à l’Etat sénégalais pour aller imposer des tarifs à une société privée ? L’Etat ne peut intervenir que par des subventions. Les tarifs sont excessifs, et les citoyens sénégalais doivent continuer à faire pression sur le gouvernement pour qu’il discute avec la SENAC afin de l’amener à baisser les prix de passage.
Je crois aussi que le péage entre la Patte d’Oie et Pikine devrait tout simplement être supprimé. C’est un tronçon extrêmement large ou l’Etat aurait pu construire deux fois 6, 7 ou 8 voies. C’est aussi le plus rentable en raison de la forte population qui vit à Pikine et Guédiawaye notamment. Mais ils ont préféré en faire une autoroute facturée à 500 francs CFA le passage. L’autoroute à péage devrait commencer à partir de Poste Thiaroye et se poursuivre à l’intérieur du pays. Nos Etats d’Afrique francophones doivent apprendre à penser au bien-être des citoyens.
*Ndiawar Soumaré est un économiste et juriste sénégalais. Il est également consultant en affaires internationales.