La Tabaski est célébrée chaque année dans les familles musulmanes par le sacrifice d’un mouton. Cette fête religieuse connaît une ampleur et un éclat particulier au Sénégal. Car si d’aucuns s’attellent à avoir un mouton d’autres se préoccupent plutôt d’un changement de décor de leur maison. Un tour au canal 4 et au marché Sandaga permet de voir que pour certains, la Tabaski est une occasion privilégiée pour embellir l’intérieur de leur maison.
La fête de la tabaski touche pratiquement tous les secteurs de l’économie et de la vie sociale. Au canal 4 qui, probablement, est le lieu de vente des meubles le plus prisé à Dakar, les clients viennent de partout. A quelques jours de la fête de tabaski, les vendeurs se frottent les mains. Salons, lits, angles pour décoration, tables et meubles sont bien vendus dans ce lieu.
Mouhamed Faye, un des vendeurs de meubles se dit plutôt satisfait de la vente de cette année. «La fête de tabaski est notre période. Nous recevons d’ailleurs des commandes un mois avant la fête. Aussi, on ne se limite pas à ces commandes car à l’approche de la tabaski, beaucoup de nos clients viennent ici pour changer leurs chambres à coucher, leurs salons ou parfois même leurs cuisines », explique-t-il.
Une fête qui leur est bien favorable car pour son voisin Ousmane Loum, «si ce n’est pas à l’approche de la fête de tabaski, du magal de Touba ou du gamou, nous vivons un véritable calvaire. On n’arrive pas à vendre nos produits. Malgré leur beauté et la diversité des bois et matériaux utilisés pour les fabriquer, les meubles exposés le long du canal de Fass n’attirent plus. On pouvait rester plusieurs mois sans apercevoir l’ombre d’un client. Mais Dieu merci, car là les clients surgissent de partout».
Des chambres à coucher, des salons, des tables à manger et d’autres accessoires sont exposés sous le soleil le long du canal 4. Les rayons de l’astre font briller ce qui reste du vernis distillé sur les lits et les armoires en bois. A côté, d’Ousmane Loum, une dame vient garer sa voiture. Quelques minutes plus tard, elle en ressort. « Mme Ndiaye, comment allez-vous ? », lance Thierno Lo qui parait bien reconnaître sa cliente.
«Je viens souvent ici pour y acheter mes meubles. C’est très joli en plus c’est garanti. Mais pour cette fois-ci je veux que ma maison vibre au rythme de la fête de tabaski », souffle-t-elle.
Cependant, ces vendeurs de meubles qui longent le canal 4 de Gueule Tapée sont aussi affectés par l’importation des meubles qui d’après eux, « leur porte un sacré préjudice ».
«Les Sénégalais n’achètent plus la production locale. Les clients préfèrent les meubles venant de Dubaï ou de la Chine qui sont chers et sans qualité. Les Sénégalais sont complexés. Ils aiment acheter une chambre à coucher importée à plus d’un million alors que chez nous elle coûte moins, les prix varient entre 100.000 et 300.000 F CFA», affirme-t-il.
La décoration de la maison pour la fête de Tabaski ne se limite pas seulement sur les meubles. Au marché des rideaux, les femmes s’y bousculent.
Un petit bout de tissu velours à la main, Ndeye Sokhna Diagne cherche des rideaux de la même couleur que ses meubles. « J’ai fait le tour des magasins au marché Hlm mais je n’ai rien trouvé. Alors je suis venue à Sandaga pour tenter ma chance car la fête ne se limite pas seulement à acheter un mouton. La maison aussi en fait partie vue que le jour-j, amis, parents et compagnons font des visites de courtoisie. Et de ce fait la maison doit être embellie. Mais à ce que je vois, les prix ont augmenté et même pour les coudre, il faut casquer fort », déplore la quarantaine.
Pour les vendeurs de rideaux, qui sont pratiquement des maures, leurs cantines commencent à se désemplir. La fête est, pour eux, une occasion de vider leurs marchandises stockées afin de pouvoir en acheter d’autres.
La commémoration d’Aïd el-kebir fait bien l’affaire des commerçants de meubles et de rideaux. A quelques jours de la célébration de la fête, un rush de la clientèle se fait bien sentir chez les vendeurs du canal 4 et des maures à Sandaga.