Conseiller technique n°1 du ministère de l’Agriculture et président du Conseil d’administration (Pca) de Sonacos Sa, Youssou Diallo déborde d’optimisme et distribue les bonnes nouvelles au monde rural lorsqu’il se prononce sur la campagne agricole de cette année. Arborant sa casquette politique, l’homme qui a démissionné du Pds pour créer le «Mouvement Sopi Ndar» à Saint Louis et soutenir le Président Macky Sall jette un pavé dans la mare de Benno Bokk Yakaar (Bby). D’autant qu’il considère que Moustapha Niasse, actuel président de l’Assemblée nationale, ne doit pas diriger la liste de Bby lors des législatives de 2017.
L’actualité politique est marquée par la mise en place du bureau du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) dont la création est vivement désapprouvée par une bonne frange de l’opinion. En tant qu’acteur politique, que pensez-vous du Hcct ?
Le Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) est non seulement utile, mais aussi nécessaire. Le Président Macky Sall devrait aller plus loin. Notre pays ayant opté pour la décentralisation depuis 1972, les pouvoirs de nos collectivités locales sont devenus essentiels dans le fonctionnement de l’Etat. Et il se trouve aujourd’hui que le Sénégal a trop souffert d’un pouvoir d’Etat centralisé. Le pays a besoin d’une gestion de proximité pour prendre en compte l’ensemble des préoccupations des populations. Le problème casamançais découle, d’une large part, d’un déficit de prise en compte des spécificités régionales et locales. Les régions périphériques connaissent d’énormes difficultés.
Par conséquent, je fais partie des gens qui, depuis 2008, défendaient l’érection d’un pouvoir local. Avec le Hcct, il y a une institutionnalisation des collectivités locales. D’autant qu’après l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire, le Hcct est devenu la quatrième institution. Pour moi, il faut aller vers la création d’une Chambre basse des collectivités locales qui, en première instance, va délibérer sur toutes les affaires locales. S’il y a eu une loi relative aux collectivités locales qui doit être votée, il est nécessaire que cette Chambre se prononce en première instance.
Ainsi, il faudra détacher le budget de l’Exécutif de celui des collectivités locales. Ensuite avec l’Acte 3, il faut supprimer les régions actuelles, mais aussi subséquemment les postes de gouverneur. Avec la départementalisation, il faut aller vers les postes de président de département au lieu des postes de président de conseil départemental, c’est-à-dire qu’il faut un chef de l’exécutif départemental élu comme cela se fait avec les postes de gouverneur aux Etats Unis.
D’ailleurs, je ne conçois même pas le Hcct comme une instance consultative, mais plutôt comme une instance législative et qui va être l’émanation du pouvoir local. C’est peut-être une première étape, mais c’est une étape nécessaire.
Malgré tout, le Hcct apparaît comme une institution destinée uniquement à caser une clientèle politique. En nommant Ousmane Tanor Dieng à sa tête, le Président Macky Sall n’aurait-il pas renforcé cette perception auprès d’une bonne frange de l’opinion ?
Macky Sall n’est pas un démiurge politique. Il n’a pas le pouvoir ou la capacité de créer des acteurs politiques. Il a trouvé Ousmane Tanor Dieng leader du Ps, Moustapha Niasse leader de l’Afp, Abdoulaye Wade leader du Pds, etc. Lors du deuxième tour de la présidentielle, Macky Sall s’est allié, en homme politique bien avisé, à Ousmane Tanor Dieng et à son parti, à Moustapha Niasse et à son parti, pour accéder au pouvoir. Une fois élu, il est obligé de travailler avec ce matériau politique.
En homme réaliste et pragmatique, il doit tenir compte de ce matériau politique dans le cadre de la répartition des institutions et des pouvoirs. Il y a beaucoup de jeunes au niveau du Ps et de l’Afp, mais les réalités politiques ont fait que Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng en sont leurs leaders. Et pour parler à un parti politique, il faut parler au leader. Sur le plan intrinsèque, personne ne doute de la compétence de Ousmane Tanor Dieng. Qui plus est, il est né en 1947, il n’a pas encore 70 ans
Il est souvent reproché à Macky Sall, qui est né après les Indépendances, de ne s’entourer que de dinosaures de la scène politique?
Une hirondelle ne fait pas le printemps. Qui est le Premier ministre de Macky Sall? C’est Mahammed Dionne qui est de la même génération que Macky Sall. Qui est son Directeur de cabinet ? Le Secrétaire général de la Présidence ? Ce sont des quinquagénaires. Dans le Gouvernement, la moyenne d’âge ne dépasse pas 50 ans. L’Assemblée nationale a été fortement rajeunie. C’est le même constat dans le commandement territorial où la moyenne d’âge des gouverneurs est inférieure à 50 ans. Le pays est en train de se rajeunir. Mais il y a des réalités politiques et humaines dont il faut tenir compte.
Les principaux alliés de Macky Sall sont le Ps et l’Afp. Macky Sall ne peut pas faire un suicide politique en se séparant des leaders de l’Afp et du Ps. Ne serait-ce que pour assurer une certaine stabilité sociale et par réalisme politique. Mais son option fondamentale, c’est le changement, la rupture. Tous ceux qui lui reprochent d’être réactionnaire et de se tourner souvent vers le passé n’ont rien compris à la politique. Maintenant, en terme de perspectives, c’est quelque chose d’important dont il faut tenir compte. En perspective des prochaines législatives, il va falloir confectionner des listes et désigner une tête de liste. Il faudra faire très attention parce que les enjeux sont énormes.
Qui sera tête de liste? Niasse?
Si j’étais à la place de Macky Sall, je regarderais à deux fois avant de le désigner. Je pense même que Moustapha Niasse devrait aider Macky Sall, par réalisme politique, et ne pas diriger la liste. La meilleure tête de liste de Benno Bokk Yaakaar serait quelqu’un de relativement jeune, membre de l’Apr, représentatif et légitime au plan politique, charismatique et capable de dégager un certain nombre de valeurs. D’autant qu’au Sénégal, la composante jeune est essentielle. Si Macky Sall est venu au pouvoir, c’est grâce aux jeunes.
Donc ce sera un risque pour Macky Sall de désigner Moustapha Niasse comme tête de liste ?
Une personne qui a occupé des responsabilités depuis la fin des indépendances et qui est toujours au pouvoir, la désigner comme tête de liste peut poser problème sur le plan politique. C’est une question sur laquelle il faudrait réfléchir. Je ne suis pas Macky Sall, je ne suis pas à sa place, mais mon instinct politique me dit qu’il faudrait travailler à un autre choix. Et de ce point de vue, Macky Sall devrait être aidé par ses alliés. En politique, les symboles sont importants. Même si vous êtes d’un âge avancé, il suffit d’apparaître comme un homme nouveau, d’avoir un discours relativement différent de celui des autres, que les gens n’aient pas l’habitude de vous voir, pour qu’ils disent voilà quelqu’un qui est nouveau et épousent votre discours.
On assiste à une montée de la criminalité dans le pays. Selon vous, qu’est-ce qui explique cette situation?
Ces derniers temps, il y a eu une accélération des meurtres, des viols, des actes contre nature. Cela reflète un peu l’état de notre société qui, depuis presque une dizaine d’années, est traversée par une triple crise. D’abord, il y a une crise de la croissance économique ; notre pays avait une croissance inférieure à celle des pays qui avaient le même niveau que nous. Ensuite, il y a une crise sociale caractérisée par la pauvreté, la délinquance, les vols, les viols et un certain nombre de dérives sur le plan des valeurs. Enfin, la troisième crise c’était celle de la gouvernance. Le Président Macky Sall est en train de résoudre ces crises à travers le Plan Sénégal émergent (Pse). Ce qui suppose une meilleure sécurité aux plans intérieur et extérieur, points essentiels pour aller vers l’émergence. Notre pays a besoin d’avoir une stabilité sur les plans politique et social et le Président Macky Sall l’a compris en initiant le dialogue national.
Récemment les opérateurs de Kaolack ont élevé la voix pour dénoncer une campagne agricole à deux vitesses. En tant que Président du Conseil d’administration de Sonacos Sa, que répondez-vous à ces opérateurs pour les rassurer?
Campagne à deux vitesses, c’est trop dire ! D’autant que la campagne agricole n’a pas encore commencé. Il se trouve que certains opérateurs qui sont, en vérité, des intermédiaires chinois, ont tenté de faire le combat avant l’heure. Ils ont cherché à faire ce qu’on appelle le «mbapatt», c’est-à-dire acheter à un prix inférieur au prix au producteur qui sera fixé officiellement. Ils ont voulu profiter du magal de Touba pour avoir beaucoup de graines. Heureusement, la vigilance des huiliers a permis à l’Etat de prendre les mesures idoines pour arrêter l’opération. Car, on ne peut pas entrer en campagne de commercialisation d’arachide sans que le Conseil interministériel présidé par le Premier ministre ne se réunisse pour déterminer le prix au producteur et n’établisse les règles concernant la commercialisation.
L’année dernière, à pareille heure, le prix au producteur avait été fixé. Pourquoi, les choses ont-elles traîné cette année ?
Les choses ne traînent pas, comme vous le pensez. Du fait du dérèglement climatique, il a été noté un décalage dans le début de l’hivernage. La plupart des producteurs n’avaient pas complètement terminé les opérations post-récoltes. Et en principe, les campagnes de commercialisation démarraient en mi, voire fin décembre, parce que le «mbapatt» a été tué. Le «mbapatt», phénomène consistant à brader les graines auprès d’opérateurs véreux, a disparu. Actuellement, on parle même d’inflation. D’autant que le prix plancher a été fixé à 200 F Cfa le kilogramme. Les années écoulées, le prix au producteur se situait aux environs de 250 FCfa.
Après la renationalisation de Suneor redevenue Sonacos Sa, vous aviez annoncé le plan de restructuration et de relance de l’entreprise Sa. Où en est-on avec ce plan?
Nous avons discuté du plan avec nos partenaires techniques et financiers sous l’égide du gouvernement et nous l’avons adopté. S’agissant de la dette qui s’élevait à plus de 50 milliards F Cfa, sa restructuration a été discutée autour du ministre de l’Economie et des Finances et de l’ensemble des banques. Des négociations sectorielles avec chaque banque ont été effectuées et des conclusions vont être systématisées sous forme d’un plan de restructuration de la dette. Cela inclut des remises en matière d’intérêts et surtout de rééchelonnement. A propos du volet relatif au financement pour la campagne, nous sommes revenus à notre cœur de métier et notre objectif est d’acheter cette année 200.000 tonnes. En effet, le plan de restructuration est basé sur l’hypothèse que nous devrions revenir sur le cœur de métier de Sonacos qui est l’arachide.
Il s’agira d’acheter et triturer des graines, vendre de l’huile brute et des tourteaux. Notre point mort se situe à 150.000 tonnes et nous pourrions dégager des surplus. La prochaine campagne, nous prévoyons d’acheter 250.000 tonnes et l’année d’après 300.000 tonnes. Le plan de restructuration n’est adossé sur aucun soutien financier du gouvernement, il ne coûte donc rien au budget de l’Etat contrairement aux sociétés qui étaient adossées à l’Etat et qui creusaient peu ou prou le déficit public.
La confiance est revenue au niveau de l’entreprise, les activités sont en train de reprendre. L’usine de Ziguinchor a redémarré. Avec la campagne qui va bientôt s’ouvrir, l’ensemble des usines (Kaolack, Dakar, Diourbel, Louga) vont démarrer au grand bonheur des travailleurs.
(L'AS)
L’actualité politique est marquée par la mise en place du bureau du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) dont la création est vivement désapprouvée par une bonne frange de l’opinion. En tant qu’acteur politique, que pensez-vous du Hcct ?
Le Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) est non seulement utile, mais aussi nécessaire. Le Président Macky Sall devrait aller plus loin. Notre pays ayant opté pour la décentralisation depuis 1972, les pouvoirs de nos collectivités locales sont devenus essentiels dans le fonctionnement de l’Etat. Et il se trouve aujourd’hui que le Sénégal a trop souffert d’un pouvoir d’Etat centralisé. Le pays a besoin d’une gestion de proximité pour prendre en compte l’ensemble des préoccupations des populations. Le problème casamançais découle, d’une large part, d’un déficit de prise en compte des spécificités régionales et locales. Les régions périphériques connaissent d’énormes difficultés.
Par conséquent, je fais partie des gens qui, depuis 2008, défendaient l’érection d’un pouvoir local. Avec le Hcct, il y a une institutionnalisation des collectivités locales. D’autant qu’après l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire, le Hcct est devenu la quatrième institution. Pour moi, il faut aller vers la création d’une Chambre basse des collectivités locales qui, en première instance, va délibérer sur toutes les affaires locales. S’il y a eu une loi relative aux collectivités locales qui doit être votée, il est nécessaire que cette Chambre se prononce en première instance.
Ainsi, il faudra détacher le budget de l’Exécutif de celui des collectivités locales. Ensuite avec l’Acte 3, il faut supprimer les régions actuelles, mais aussi subséquemment les postes de gouverneur. Avec la départementalisation, il faut aller vers les postes de président de département au lieu des postes de président de conseil départemental, c’est-à-dire qu’il faut un chef de l’exécutif départemental élu comme cela se fait avec les postes de gouverneur aux Etats Unis.
D’ailleurs, je ne conçois même pas le Hcct comme une instance consultative, mais plutôt comme une instance législative et qui va être l’émanation du pouvoir local. C’est peut-être une première étape, mais c’est une étape nécessaire.
Malgré tout, le Hcct apparaît comme une institution destinée uniquement à caser une clientèle politique. En nommant Ousmane Tanor Dieng à sa tête, le Président Macky Sall n’aurait-il pas renforcé cette perception auprès d’une bonne frange de l’opinion ?
Macky Sall n’est pas un démiurge politique. Il n’a pas le pouvoir ou la capacité de créer des acteurs politiques. Il a trouvé Ousmane Tanor Dieng leader du Ps, Moustapha Niasse leader de l’Afp, Abdoulaye Wade leader du Pds, etc. Lors du deuxième tour de la présidentielle, Macky Sall s’est allié, en homme politique bien avisé, à Ousmane Tanor Dieng et à son parti, à Moustapha Niasse et à son parti, pour accéder au pouvoir. Une fois élu, il est obligé de travailler avec ce matériau politique.
En homme réaliste et pragmatique, il doit tenir compte de ce matériau politique dans le cadre de la répartition des institutions et des pouvoirs. Il y a beaucoup de jeunes au niveau du Ps et de l’Afp, mais les réalités politiques ont fait que Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng en sont leurs leaders. Et pour parler à un parti politique, il faut parler au leader. Sur le plan intrinsèque, personne ne doute de la compétence de Ousmane Tanor Dieng. Qui plus est, il est né en 1947, il n’a pas encore 70 ans
Il est souvent reproché à Macky Sall, qui est né après les Indépendances, de ne s’entourer que de dinosaures de la scène politique?
Une hirondelle ne fait pas le printemps. Qui est le Premier ministre de Macky Sall? C’est Mahammed Dionne qui est de la même génération que Macky Sall. Qui est son Directeur de cabinet ? Le Secrétaire général de la Présidence ? Ce sont des quinquagénaires. Dans le Gouvernement, la moyenne d’âge ne dépasse pas 50 ans. L’Assemblée nationale a été fortement rajeunie. C’est le même constat dans le commandement territorial où la moyenne d’âge des gouverneurs est inférieure à 50 ans. Le pays est en train de se rajeunir. Mais il y a des réalités politiques et humaines dont il faut tenir compte.
Les principaux alliés de Macky Sall sont le Ps et l’Afp. Macky Sall ne peut pas faire un suicide politique en se séparant des leaders de l’Afp et du Ps. Ne serait-ce que pour assurer une certaine stabilité sociale et par réalisme politique. Mais son option fondamentale, c’est le changement, la rupture. Tous ceux qui lui reprochent d’être réactionnaire et de se tourner souvent vers le passé n’ont rien compris à la politique. Maintenant, en terme de perspectives, c’est quelque chose d’important dont il faut tenir compte. En perspective des prochaines législatives, il va falloir confectionner des listes et désigner une tête de liste. Il faudra faire très attention parce que les enjeux sont énormes.
Qui sera tête de liste? Niasse?
Si j’étais à la place de Macky Sall, je regarderais à deux fois avant de le désigner. Je pense même que Moustapha Niasse devrait aider Macky Sall, par réalisme politique, et ne pas diriger la liste. La meilleure tête de liste de Benno Bokk Yaakaar serait quelqu’un de relativement jeune, membre de l’Apr, représentatif et légitime au plan politique, charismatique et capable de dégager un certain nombre de valeurs. D’autant qu’au Sénégal, la composante jeune est essentielle. Si Macky Sall est venu au pouvoir, c’est grâce aux jeunes.
Donc ce sera un risque pour Macky Sall de désigner Moustapha Niasse comme tête de liste ?
Une personne qui a occupé des responsabilités depuis la fin des indépendances et qui est toujours au pouvoir, la désigner comme tête de liste peut poser problème sur le plan politique. C’est une question sur laquelle il faudrait réfléchir. Je ne suis pas Macky Sall, je ne suis pas à sa place, mais mon instinct politique me dit qu’il faudrait travailler à un autre choix. Et de ce point de vue, Macky Sall devrait être aidé par ses alliés. En politique, les symboles sont importants. Même si vous êtes d’un âge avancé, il suffit d’apparaître comme un homme nouveau, d’avoir un discours relativement différent de celui des autres, que les gens n’aient pas l’habitude de vous voir, pour qu’ils disent voilà quelqu’un qui est nouveau et épousent votre discours.
On assiste à une montée de la criminalité dans le pays. Selon vous, qu’est-ce qui explique cette situation?
Ces derniers temps, il y a eu une accélération des meurtres, des viols, des actes contre nature. Cela reflète un peu l’état de notre société qui, depuis presque une dizaine d’années, est traversée par une triple crise. D’abord, il y a une crise de la croissance économique ; notre pays avait une croissance inférieure à celle des pays qui avaient le même niveau que nous. Ensuite, il y a une crise sociale caractérisée par la pauvreté, la délinquance, les vols, les viols et un certain nombre de dérives sur le plan des valeurs. Enfin, la troisième crise c’était celle de la gouvernance. Le Président Macky Sall est en train de résoudre ces crises à travers le Plan Sénégal émergent (Pse). Ce qui suppose une meilleure sécurité aux plans intérieur et extérieur, points essentiels pour aller vers l’émergence. Notre pays a besoin d’avoir une stabilité sur les plans politique et social et le Président Macky Sall l’a compris en initiant le dialogue national.
Récemment les opérateurs de Kaolack ont élevé la voix pour dénoncer une campagne agricole à deux vitesses. En tant que Président du Conseil d’administration de Sonacos Sa, que répondez-vous à ces opérateurs pour les rassurer?
Campagne à deux vitesses, c’est trop dire ! D’autant que la campagne agricole n’a pas encore commencé. Il se trouve que certains opérateurs qui sont, en vérité, des intermédiaires chinois, ont tenté de faire le combat avant l’heure. Ils ont cherché à faire ce qu’on appelle le «mbapatt», c’est-à-dire acheter à un prix inférieur au prix au producteur qui sera fixé officiellement. Ils ont voulu profiter du magal de Touba pour avoir beaucoup de graines. Heureusement, la vigilance des huiliers a permis à l’Etat de prendre les mesures idoines pour arrêter l’opération. Car, on ne peut pas entrer en campagne de commercialisation d’arachide sans que le Conseil interministériel présidé par le Premier ministre ne se réunisse pour déterminer le prix au producteur et n’établisse les règles concernant la commercialisation.
L’année dernière, à pareille heure, le prix au producteur avait été fixé. Pourquoi, les choses ont-elles traîné cette année ?
Les choses ne traînent pas, comme vous le pensez. Du fait du dérèglement climatique, il a été noté un décalage dans le début de l’hivernage. La plupart des producteurs n’avaient pas complètement terminé les opérations post-récoltes. Et en principe, les campagnes de commercialisation démarraient en mi, voire fin décembre, parce que le «mbapatt» a été tué. Le «mbapatt», phénomène consistant à brader les graines auprès d’opérateurs véreux, a disparu. Actuellement, on parle même d’inflation. D’autant que le prix plancher a été fixé à 200 F Cfa le kilogramme. Les années écoulées, le prix au producteur se situait aux environs de 250 FCfa.
Après la renationalisation de Suneor redevenue Sonacos Sa, vous aviez annoncé le plan de restructuration et de relance de l’entreprise Sa. Où en est-on avec ce plan?
Nous avons discuté du plan avec nos partenaires techniques et financiers sous l’égide du gouvernement et nous l’avons adopté. S’agissant de la dette qui s’élevait à plus de 50 milliards F Cfa, sa restructuration a été discutée autour du ministre de l’Economie et des Finances et de l’ensemble des banques. Des négociations sectorielles avec chaque banque ont été effectuées et des conclusions vont être systématisées sous forme d’un plan de restructuration de la dette. Cela inclut des remises en matière d’intérêts et surtout de rééchelonnement. A propos du volet relatif au financement pour la campagne, nous sommes revenus à notre cœur de métier et notre objectif est d’acheter cette année 200.000 tonnes. En effet, le plan de restructuration est basé sur l’hypothèse que nous devrions revenir sur le cœur de métier de Sonacos qui est l’arachide.
Il s’agira d’acheter et triturer des graines, vendre de l’huile brute et des tourteaux. Notre point mort se situe à 150.000 tonnes et nous pourrions dégager des surplus. La prochaine campagne, nous prévoyons d’acheter 250.000 tonnes et l’année d’après 300.000 tonnes. Le plan de restructuration n’est adossé sur aucun soutien financier du gouvernement, il ne coûte donc rien au budget de l’Etat contrairement aux sociétés qui étaient adossées à l’Etat et qui creusaient peu ou prou le déficit public.
La confiance est revenue au niveau de l’entreprise, les activités sont en train de reprendre. L’usine de Ziguinchor a redémarré. Avec la campagne qui va bientôt s’ouvrir, l’ensemble des usines (Kaolack, Dakar, Diourbel, Louga) vont démarrer au grand bonheur des travailleurs.
(L'AS)