Ensuite, il propose aux actionnaires de lâcher chacun en ce qui le concerne 5% d’Interactive pour constituer les 20% de CDC. A la fin du processus, il se retrouve avec 35% des parts, contre 15% pour chacun des actionnaires qui vont accuser Kabirou Mbodj, d’avoir racheté en catimini les actions du français Bernard Tissot, qui était dans Interactive. Autant d’opérations assimilées à des manœuvres frauduleuses par Seyni Camara, Cheikh Tagué et Malick Fall.
Cette étape franchie, la machine pour le contrôle de Wari va continuer à se déployer de façon implacable. On ne sait pas trop comment, mais Kabirou Mbodj parvient à faire rétrocéder 50% du chiffre d’affaires d’Interactive (qui contrôle 60% des activités de Wari) à SCI. Seyni Camara est dans la même veine écarté de ses fonctions de gérant. La manœuvre se parachève avec la mise en place de Interlinq Suarl dont il est l’unique actionnaire, un artifice accompagné par une augmentation de capital pour larguer tous ses compagnons. Kabirou Mbodj peut à partir de ce moment s’installer sur le trône. Il est le seul patron à bord. Nous sommes en début 2013, il s’autoproclame seul concepteur de Wari et se taille immédiatement un demi-milliard qui se met dans la poche. Précisément 510 millions de francs Cfa représentant 8% de toute l’activité de la société.
Parfum de détournements
Dans les différentes plaintes déposées au niveau de la Justice, ces manœuvres pour écarter les actionnaires de Wari sont dénoncées en même temps que les opérations financières qui les accompagnent. Aussi, nous signale-t-on que entre juillet 2013 et Juillet 2014, Kabirou Mbodj a réussi à détourner tout le portefeuille cible d’Interactive au profit de la nouvelle société. ‘’Ces transactions représentent plus de 75 milliards Cfa de flux financiers, soit des commissions avoisinant le milliard Cfa’’, lit-on dans un document d’enquête de Police.
Et entre juillet 2014 et octobre 2014, 1,3 millions de transactions Wari, soit 25 milliards Cfa de flux financiers, représentant 400 millions de francs Cfa en commissions sont répertoriées.Les plaignants relèvent aussi que sur un échantillon de 307 millions de francs Cfa retirés dans les comptes de la CSI, seuls 13 millions sont justifiés. Ce qui leur fait dire que le montant de 293 millions de francs Cfa demeure injustifié et ne présente aucun lien avec l’objet social.
D’autres griefs, relevés dans la gestion courante de la société, sont disséminés dans le rapport que l’expert-comptable, Me Ngor Diouf, membre de l’Ordre national des Experts et évaluateurs agréés du Sénégal (ONEEAS) a confectionné par le compte de la Justice (voir ailleurs).
Une affaire, plusieurs procédures
La bataille que se mènent les actionnaires (ou ex) de la CSI et Interactive a été engagée sur plusieurs fronts au niveau judiciaire. Une procédure a en effet été engagée au niveau du Parquet. Cette plainte est déposée par Malick Fall et Seyni Camara, le 18 décembre 2014. Les plaignants évoquent des sommes exorbitantes de 100 milliards de flux financiers pour 2,5 milliards de commissions et parlent de ‘’crime’’ pour qualifier les agissements de M.Mbodj. Aussi demandent-ils des ‘’mesures conservatoires énergiques’’, notamment ‘’une interdiction de sortie du territoire à Monsieur Mbodj qui a un passeport étranger, un gel de tout transfert de sommes d’argent qui ne sont pas liées aux opérations Wari, relativement aux sociétés C.S.I SA, Interactive Sarl, Interlink et Interlinq Suarl. C’est cette procédure qui a atterri chez le juge du premier cabinet avec un réquisitoire supplétif du Procureur demandant une inculpation de Kabirou Mbodj. La balle est donc dans cette procédure particulière, dans le camp du Doyen des juges.
On retrouve dans ce dossier des citations directes au Tribunal régional hors classe de Dakar avec les mêmes griefs d’abus de biens sociaux. Mais Kabirou Mbodj n’est pas resté sans réagir dans toutes ces affaires. Nos sources nous renseignent, qu’il a réussi notamment en juridictions d’appels, à faire casser les décisions prises en première instance.
Nous détenons par ailleurs des correspondances entre l’expert-comptable désigné par le juge pour fouiner dans les comptes de Wari. Des échanges qui renseignent sur les enjeux de cette affaire. Les conclusions du rapport d’expertise sont plus que sévères. Elles révèlent des indices de détournements massifs, des frais de missions exorbitants, des chèques émis sans être libellé au nom de quelqu’un, des payements sans pièces justificatives. Réponse de Kabirou Mbodj : ‘’Nous marquons notre étonnement par rapport à la précipitation avec laquelle vous avez produit ce rapport, deux jours ouvrables seulement après l’entrevue avec notre mandataire qui, comme il vous l’a précisé, était disposé à vous transmettre en tant que de besoin, n’eut été l’arrêté de la cour d’Appel, toutes les pièces justificatives de charges d’exploitation liées aux décaissements notés dans le compte bancaire que vous avez expertisé’’. Et d’enfoncer : ‘’votre façon de procéder, déplorable il faut le dire, dénote de votre part un manque d’objectivité, doublé d’un déficit de rigueur totalement inacceptable eu égard aux risques encourus par le justiciable’’. Ces extraits d’une lettre en date du 8 septembre 2014, trouvent réponse dans la réponse de l’expert-comptable, le 19 septembre suivant : ‘’Nous accusons réception de votre courrier et avons beaucoup de regret de vous causer tant de lamentations (…). Nous vous avions remis notre rapport provisoire depuis le 8 août pour appréciation (…) Et nous vous avions donné un délai de 20 jours pour vérifier nos arguments. C’est à vous de combler tous les manquements que nous avons soulignés avant la séance d’évaluation du rapport et de mettre à notre disposition les éléments qui remettent en cause nos arguments (…). Ici, il n y a aucun empressement et nous n’avons rien contre vous monsieur’’. Et ce clin d’œil : ‘’si vous avez un arrêt qui infirme l’ordonnance nous désignant avant le dépôt de notre rapport provisoire, nous vous prions de nous le communiquer avant que le juge taxateur de nous remette nos honoraires qui sont en votre charge’’.
Mais ce bras de fer est sans doute loin derrière, l’axe du contentieux entre les actionnaires de Wari étant circonscrit dans le périmètre du juge du premier cabinet. Nous avons essayé de joindre M.Kabirou Mbodj sur son portable. Nous lui avons laissé un message écrit pour le faire réagir sur ce dossier. Il nous a communiqué un numéro du Nigéria sur lequel nous avons tenté de le joindre. En vain.
Avec lignedirecte
www.lateranga.info
Cette étape franchie, la machine pour le contrôle de Wari va continuer à se déployer de façon implacable. On ne sait pas trop comment, mais Kabirou Mbodj parvient à faire rétrocéder 50% du chiffre d’affaires d’Interactive (qui contrôle 60% des activités de Wari) à SCI. Seyni Camara est dans la même veine écarté de ses fonctions de gérant. La manœuvre se parachève avec la mise en place de Interlinq Suarl dont il est l’unique actionnaire, un artifice accompagné par une augmentation de capital pour larguer tous ses compagnons. Kabirou Mbodj peut à partir de ce moment s’installer sur le trône. Il est le seul patron à bord. Nous sommes en début 2013, il s’autoproclame seul concepteur de Wari et se taille immédiatement un demi-milliard qui se met dans la poche. Précisément 510 millions de francs Cfa représentant 8% de toute l’activité de la société.
Parfum de détournements
Dans les différentes plaintes déposées au niveau de la Justice, ces manœuvres pour écarter les actionnaires de Wari sont dénoncées en même temps que les opérations financières qui les accompagnent. Aussi, nous signale-t-on que entre juillet 2013 et Juillet 2014, Kabirou Mbodj a réussi à détourner tout le portefeuille cible d’Interactive au profit de la nouvelle société. ‘’Ces transactions représentent plus de 75 milliards Cfa de flux financiers, soit des commissions avoisinant le milliard Cfa’’, lit-on dans un document d’enquête de Police.
Et entre juillet 2014 et octobre 2014, 1,3 millions de transactions Wari, soit 25 milliards Cfa de flux financiers, représentant 400 millions de francs Cfa en commissions sont répertoriées.Les plaignants relèvent aussi que sur un échantillon de 307 millions de francs Cfa retirés dans les comptes de la CSI, seuls 13 millions sont justifiés. Ce qui leur fait dire que le montant de 293 millions de francs Cfa demeure injustifié et ne présente aucun lien avec l’objet social.
D’autres griefs, relevés dans la gestion courante de la société, sont disséminés dans le rapport que l’expert-comptable, Me Ngor Diouf, membre de l’Ordre national des Experts et évaluateurs agréés du Sénégal (ONEEAS) a confectionné par le compte de la Justice (voir ailleurs).
Une affaire, plusieurs procédures
La bataille que se mènent les actionnaires (ou ex) de la CSI et Interactive a été engagée sur plusieurs fronts au niveau judiciaire. Une procédure a en effet été engagée au niveau du Parquet. Cette plainte est déposée par Malick Fall et Seyni Camara, le 18 décembre 2014. Les plaignants évoquent des sommes exorbitantes de 100 milliards de flux financiers pour 2,5 milliards de commissions et parlent de ‘’crime’’ pour qualifier les agissements de M.Mbodj. Aussi demandent-ils des ‘’mesures conservatoires énergiques’’, notamment ‘’une interdiction de sortie du territoire à Monsieur Mbodj qui a un passeport étranger, un gel de tout transfert de sommes d’argent qui ne sont pas liées aux opérations Wari, relativement aux sociétés C.S.I SA, Interactive Sarl, Interlink et Interlinq Suarl. C’est cette procédure qui a atterri chez le juge du premier cabinet avec un réquisitoire supplétif du Procureur demandant une inculpation de Kabirou Mbodj. La balle est donc dans cette procédure particulière, dans le camp du Doyen des juges.
On retrouve dans ce dossier des citations directes au Tribunal régional hors classe de Dakar avec les mêmes griefs d’abus de biens sociaux. Mais Kabirou Mbodj n’est pas resté sans réagir dans toutes ces affaires. Nos sources nous renseignent, qu’il a réussi notamment en juridictions d’appels, à faire casser les décisions prises en première instance.
Nous détenons par ailleurs des correspondances entre l’expert-comptable désigné par le juge pour fouiner dans les comptes de Wari. Des échanges qui renseignent sur les enjeux de cette affaire. Les conclusions du rapport d’expertise sont plus que sévères. Elles révèlent des indices de détournements massifs, des frais de missions exorbitants, des chèques émis sans être libellé au nom de quelqu’un, des payements sans pièces justificatives. Réponse de Kabirou Mbodj : ‘’Nous marquons notre étonnement par rapport à la précipitation avec laquelle vous avez produit ce rapport, deux jours ouvrables seulement après l’entrevue avec notre mandataire qui, comme il vous l’a précisé, était disposé à vous transmettre en tant que de besoin, n’eut été l’arrêté de la cour d’Appel, toutes les pièces justificatives de charges d’exploitation liées aux décaissements notés dans le compte bancaire que vous avez expertisé’’. Et d’enfoncer : ‘’votre façon de procéder, déplorable il faut le dire, dénote de votre part un manque d’objectivité, doublé d’un déficit de rigueur totalement inacceptable eu égard aux risques encourus par le justiciable’’. Ces extraits d’une lettre en date du 8 septembre 2014, trouvent réponse dans la réponse de l’expert-comptable, le 19 septembre suivant : ‘’Nous accusons réception de votre courrier et avons beaucoup de regret de vous causer tant de lamentations (…). Nous vous avions remis notre rapport provisoire depuis le 8 août pour appréciation (…) Et nous vous avions donné un délai de 20 jours pour vérifier nos arguments. C’est à vous de combler tous les manquements que nous avons soulignés avant la séance d’évaluation du rapport et de mettre à notre disposition les éléments qui remettent en cause nos arguments (…). Ici, il n y a aucun empressement et nous n’avons rien contre vous monsieur’’. Et ce clin d’œil : ‘’si vous avez un arrêt qui infirme l’ordonnance nous désignant avant le dépôt de notre rapport provisoire, nous vous prions de nous le communiquer avant que le juge taxateur de nous remette nos honoraires qui sont en votre charge’’.
Mais ce bras de fer est sans doute loin derrière, l’axe du contentieux entre les actionnaires de Wari étant circonscrit dans le périmètre du juge du premier cabinet. Nous avons essayé de joindre M.Kabirou Mbodj sur son portable. Nous lui avons laissé un message écrit pour le faire réagir sur ce dossier. Il nous a communiqué un numéro du Nigéria sur lequel nous avons tenté de le joindre. En vain.
Avec lignedirecte
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