Va-t-on vers une escalade dans l’exploitation du Zircon de Niafarang ?

Rédigé par Dakarposte le Jeudi 24 Aout 2017 à 23:09 modifié le Jeudi 24 Aout 2017 23:10

Va-t-on vers une exploitation sous surveillance militaire du Zircon sur la dune de Niafarang en Casamance ? Une présence militaire qui serait requise non pas à cause des menaces du MFDC mais de l'opposition d'une partie de la population au projet. Un projet qui suscite beaucoup de questions parmi les géologues et les spécialistes de l'environnement.
L'Armée a pris position ce matin sur la dune pour "sécuriser" une visite du promoteur du projet. Que fait-on du Décret n°2004-1408 du 04 Novembre 2004 portant création d’Aires Marines Protégées dont celle-là d’Abéné qui surplombe la dune, objet du litige. Dans ce forcing, l’Etat ne serait-il pas en train de piétiner sa propre signature ?
Au plus fort de la crise casamançaise, jamais pareil déploiement de force n’a été constaté dans cette zone de Niafarang et pourtant, il fut un moment où la terreur régnait dans cette partie de la région méridionale sans que les forces de défense et de sécurité ne déploient une telle armada. Les autochtones sont bien en droit de penser que la sécurité des responsables d’Astron et notamment celle de leur représentant Ibrahima Diaw vaut plus que celle des populations des villages qui forment l’emprise sur la dune à exploiter.
A priori le projet d’exploitation du Zircon en Casamance risque de se faire sur la base de la terreur comme argument face aux pertinentes observations soulevées par les populations locales. Ces populations opposées à ce projet depuis les premières heures de la cession du site à Carnegie qui l’a vendu après études à Astron, contestent preuves à l’appui l’étude d’impact environnemental de Mr Ibrahima Diaw cacherait beaucoup plus qu’elle n’en révèle. Cinquante mille (50000) hectares pour une population d’environ 25ooo habitants menacées de disparition : menaces réelles sur une denrée précieuse comme l’eau potable, accélération progressive du processus de pollution des eaux souterraines, exposition à l’avancée de la mer, acidification et salinisation des sols, déplacement et ,appauvrissement des populations, migrations multiformes…. Il suffit de se rendre en Gambie voisine pour constater de visu les dégâts causés par la même compagnie qui y exploitait le même minerai !
Le projet d’exploitation du zircon connait une nouvelle tournure qui laisse apparaitre le sentiment haineux de notre gouvernement envers des populations déterminées à protéger l’équilibre éco systémique de leur localité.
Malgré toutes ces conséquences, le gouvernement affiche encore une fois sa préférence pour les intérêts chinois de la compagnie Astron.
Face à un argument scientifique et technique remettant en cause l’opportunité de l’exploitation de ce projet, l’Etat répond par l’usage supposé de la force publique (détachement d’une unité d’élite de l’armée dans la zone).
Quelle gêne, quelle honte !
Sur fond de considérations purement politiques, l’Etat se braque contre sa population pour les beaux yeux d’un exploitant dont la moralité a été remise en cause à travers une prétendue étude d’impact sur l’environnement suffisamment mise à nu par plusieurs experts.
Braquer une arme contre son compatriote pour le plaisir d’un intérêt étranger ? Aucun honneur. Surtout quand ces populations à travers leurs différents comités de lutte précisent que leur lutte se veut pacifique. Quelle gloire nos forces de défense peuvent-elles tirer de leur forte mobilisation dans le Niafarang ? Cela rappelle tristement les périodes sombres de notre histoire précoloniale et coloniale où c’était une fierté pour certains valets d’être au service des forces impérialistes et capitalistes.
Les chinois d'Astron vont exploiter et rentrer au bout de trois ans. Laissant les sénégalais particulièrement les populations de Niafarang dans la précarité et le dénuement total. Nous devons pouvoir nous regarder les yeux dans les yeux sans remords. L’argent c’est bien, la dignité, l’honneur sont précieux.
Les arguments des populations et également leur devenir devraient etre le principal souci d'un Etat meme s'il faut reconnaitre que dans un pays organisé,les gouvernants prennent les décisions pour la bonne marche du pays. Mais il faudra vraiment que ces décisions soint légitimes et non légales comme certains voudraient le faire croire.
Pape Gnanthio
Cheikh Amidou Kane
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