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Troisième mandat : Le silence coupable des alliés

Rédigé par Dakarposte le Lundi 19 Décembre 2022 à 11:57 modifié le Lundi 19 Décembre 2022 - 11:58

« Nul ne peut empêcher la candidature du président Macky Sall. À Kaolack, nous avons dépassé le débat sur la candidature, nous travaillons sur la réélection du Président Macky Sall! », a déclaré Pape Demba Bitèye responsable Apr, par ailleurs DG de la Senelec. Même mots de la part du Directeur de cabinet du président qui demande l’unité « pour la réélection du camarade et frère Macky Sall ». Au même moment, dans le Sud comme à Kaffrine, le mot d’ordre est lancé.

Pendant ce temps, du côté des alliés, le silence est d’or. Dans leur compagnonnage avec Macky Sall, il était pourtant question de le soutenir en 2012. Chemin faisant, les alliés ont accepté de le reconduire pour ce qui doit être un second et dernier mandat. Non sans difficulté, car le Parti socialiste a connu des remous qui ont abouti à l’exclusion de Khalifa Sall et Cie. Au sein de l’Afp comme de la LD, il y a eu des dissensions. Mais les directions des partis ont tenu bon pour valider la candidature de Macky Sall.

Aujourd’hui, ni le président Macky Sall encore moins les responsables de son parti n’ont l’intention de respecter la parole donnée. Certains leaders de l’Apr n’ont ni la décence encore moins la courtoisie de prendre en compte les alliés dans l’agenda qu’ils sont en train de dérouler pour valider la candidature de Macky Sall.

Face à cela, les alliés sont comme anesthésiés. Le Parti socialiste qui a perdu le plus dans ce compagnonnage reste aphone sur la question. « Nous ne nous exprimons plus sur les grandes questions nationales. Nous sommes peu audibles, phagocytés par un parti présidentiel hégémonique qui ne donne pas assez de places à ses alliés », déclare Mamadou Wane sur Jeune Afrique dans un article publié après les législatives de janvier 2022.

Même quand ils sont interpellés, certains s’expriment sous anonymat. « Nous ne pouvons pas attendre que le chef de l’État se décide. Il faut aller vite et faire un choix. Le temps joue contre nous », a répondu un cadre du Ps à Jeune Afrique.

Au sein de l’Afp, c’est comme si la question ne se posait pas. Or, même s’il s’est retiré de la direction du parti, Moustapha Niass a le devoir moral de s’exprimer contre cette candidature au vu de sa posture contre celle de Wade en 2012.

Sur les pas de la réduction du mandat

En réalité, avant d’être une question juridique, cette candidature est d’abord une question de cohérence, mais aussi d’honneur. C’est une question d’honneur dans la mesure où l’homme a déclaré partout qu’il était à son deuxième et dernier mandat. Il a combattu Abdoulaye Wade en 2012 pour les mêmes raisons. Dans son livre, Abdoulaye Bathily dit avoir appris avec étonnement que Macky Sall avait signé la charte des Assises avec des réserves. Une façon de dire que ces réserves n’ont jamais existé.

Cette candidature pose également un problème de logique et de cohérence de la part de Macky Sall. Comment quelqu’un qui dit avoir inscrit et sécurisé la limitation des mandats à deux peut-il se permettre de demander un troisième mandat. Si lui-même ne veut pas s’appliquer ce principe, qui d’autres pour le faire ? Pourquoi donc avoir inscrit cette limitation sur la constitution si elle n’a aucune finalité ?

Évidemment, on nous dira toujours que Macky Sall ne s’est pas prononcé sur cette question. Il faut être sourd à présent pour ne pas entendre son message. Après avoir sanctionné ceux qui se sont prononcés contre et promu ceux qui y sont favorables, Macky Sall demande à ses troupes de préparer 2024. Le dernier message vient de son directeur de cabinet, Abdoulaye Daouda Diallo, un homme de confiance.

Si Macky Sall n’a pas l’intention de briguer un troisième mandat, des responsables comme ADD, Abdoulaye Seydou Sow, Oumar Youm et autres n’oseraient jamais prêcher cette parole publiquement. Et pour ne pas avoir la mémoire courte, l’histoire de la réduction du mandat de 7 à 5 ans avait démarré de cette manière. Les alliés doivent donc s’assumer et arrêter cette fuite en avant. 

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