Toute la vérité sur la mutinerie de Rebeuss: un détenu, témoin des faits, parle

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 21 Septembre 2016 à 21:36 modifié le Mercredi 21 Septembre 2016 21:38

Les autorités de l’Administration pénitentiaire n’auraient pas dit la vérité sur la mutinerie qui a eu lieu ce mardi 20 septembre à la prison de Rebeuss. Le démenti est fait par un détenu, Iba qui a été, fraichement (mercredi 10 h), libéré de la Maison d’arrêt et de Correction (MAC) de Rebeuss, lors d’un entretien acordé à PressAfrik et repris par Leral.net. Iba affirme, insiste et persiste : « il y a eu deux morts (un dans la prison et un autre à l’hôpital Principal).


Il y’aurait un troisième, mais je ne peux être affirmatif à ce sujet ». Ibrahima Gueye à l’état civil est considéré comme un émissaire par les détenus auprès de la presse et de l’opinion. Il a, dans la foulée, démenti le Directeur de l’Administration pénitentiaire (DAP), le Colonel Daouda Diop qui parle de tentative d’évasion. Il n’en est rien selon lui. 

Fraîchement sorti de la Maison d’Arrêt et Correction (MAC) de Rebeuss, Ibrahima Gueye dit « Iba » porte la parole des détenus de ladite prison. D’emblée, le tout nouvel ex-détenu qui a quitté la prison pas plus tard que ce mercredi matin dément les affirmations du Directeur de l’Administration pénitentiaire (DAP) qui a annoncé un (1) mort. Iba persiste et signe, il y a deux (2) morts. Selon lui, il y aurait même un troisième décès qui reste à être confirmé. L’ex-détenu est formel : « Il n’y a jamais eu de tentative d’évasion ».

La grève de la faim de jeudi, le point de départ 

« Ce que le DAP a dit est faux. Il n’y a jamais eu de tentative d’évasion… », scande d’emblée Iba. « Tout est parti de la grève de la faim entamée jeudi dernier. J’étais présent lorsque l’inspecteur régional, le responsable des prisons à Dakar, Agnès, Loum. J’ai pris la parole pour poser nos revendications. Ils nous ont écoutés. Pour des détenus qui sont restés depuis jeudi sans s’alimenter, il ne peut pas y avoir de tentative d’évasion ». 

« Les gardes tiraient à balles réelles » 

Dans la chambre où il se trouvait les jours des événements, Iba relate les faits auxquels il a assisté, ce mardi. « Je pouvais tout voir de la chambre 9 où je me trouvais au moment des faits. Les détenus de la chambre 3 sont sortis pour rejoindre la Cour, au moment où la grève suivait son cours. N’en pouvant plus des conditions, les détenus avaient décidé de se rassembler pour manifester », relate Iba. 


“Actuellement, il y a deux (2) morts. Un détenu a rendu l’âme dans la prison, un autre à l’hôpital Principal. L’un s’appelle Pape Makhtar qui ne faisait même pas partie des grévistes. L’autre, je ne connais pas son nom, mais c’est le frère d’un de nos codétenus qui a été libéré. Ce matin, avant que je ne sorte de prison, on m’a annoncé la mort de ‘Fran’. Il était en correctionnelle il y a tout juste trois (3) mois. Mais je ne suis pas sûr. Je ne peux pas le confirmer. Mais il y a eu deux (2) morts”, soutient-il. 

Et de marteler : “Placés au-dessus des chambres, les gardes tiraient à balles réelles sur les détenus”. Selon l’ex-détenu, interdits de sortie alors que c’était leur tour de rejoindre la Cour, les détenus de la chambre 3 ont vu rouge. 
Pis, dit-il : “Le chef de Cour (Loum) est venu se placer devant la porte pour leur dire qu’ils ne sortiraient pas. Les détenus sont ainsi sortis pour faire face aux gardes. Des gardes ont pris des détenus pour les tabasser. Ce que d’autres détenus n’ont pas voulu accepter, ils n’ont pas voulu accuser le coup… Des gardes se sont mis à tirer avec de vraies balles….Bras levés, les détenus leur disaient qu’ils n’étaient pas en possession d’armes et qu’ils ne faisaient que manifester. En réponse, les gardes les ont insultés”. 

“Alors qu’elle a une capacité d’accueil de 100 détenus, la chambre 9 contient présentement plus de 240 prisonniers. À l’intérieur, il y a une douche et une toilette alors que les gardes en ont trois (3)”, révèle Iba. 
En cours depuis jeudi, la grève des détenus porte sur cinq (5) points : les longues détentions, les conditions de vie dans les chambres, l’accès des malades à l’infirmerie, etc. 

Selon l’ex-détenu, c’est le statu quo actuellement à Rebeuss. “La tension à son paroxysme, les prisonniers sont désormais prêts à tout au moment où la sécurité est renforcée”. 
Pour l’heure, Iba qui porte la parole des détenus de Rebeuss rejette la proposition des organisations des droits de l’homme qui réclament la fermeture de la MAC. “En plein centre-ville, on tire sur nous, je me demande ce qu’il adviendra des détenus hors de la ville”, alerte-t-il. 


Landing DIEDHIOU, Leral.net 
Cheikh Amidou Kane
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