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Si près de l’épilogue dans l’affaire Ndiaga Diouf

Rédigé par Dakarposte le Jeudi 3 Novembre 2016 à 08:38 modifié le Jeudi 3 Novembre 2016 - 08:41

CHRONIQUE POLITIQUE
Barthélémy Dias en avait fait la demande écrite il y a deux ans, des responsables de la mouvance présidentielle l’avaient réclamé dès qu’il a pris ses distances avec la coalition Benno Bokk Yakaar et le procureur de la République a diligenté la procédure. La cause est, par conséquent, entendue pour le maire de Mermoz-Sacré Cœur. Dès lors, à quoi bon comparaître devant la commission ad hoc créée par l’Assemblée nationale en vue de l’entendre, avant de proposer à la plénière la levée de son immunité parlementaire ? Le député socialiste n’a pas jugé utile de s’en formaliser puisqu’il n’ignore pas que, pour pouvoir le livrer à la justice pieds et poings liés, ses collègues sont obligés de se conformer à cette procédure. Ainsi, le 11 novembre prochain, la commission ad hoc demandera qu’il plaise à la plénière de le déshabiller de son immunité. Une demande qui sera soumise au vote. Si les parlementaires ne l’entérinent pas à l’unanimité pour se conformer, diront-ils, à la volonté de leur collègue, ils le feront à une écrasante majorité. Et la machine judiciaire de pouvoir s’emballer avec le début du procès dans les jours qui suivront.
La messe étant dite, Barthélémy Dias réclame d’ores et déjà, à cor et à cri, un procès juste et équitable. Et cela tombe bien puisque c’est la manifestation de la vérité sur le meurtre du jeune lutteur Ndiaga Diouf, tué le 22 décembre 2011 lors de l’attaque de la mairie de Mermoz-Sacré Cœur, que revendiquent depuis cinq ans les proches de la victime. Son père, Alioune Diouf, qui s’offusquait que «rien n’ait été fait pour diligenter cette affaire comme les autorités l’ont fait avec l’affaire Bassirou Faye», du nom de cet étudiant tué lors des affrontements entre les étudiants et les forces de l’ordre le 14 août 2014 au campus social de l’Ucad, n’en demandait plus. Seulement, pour lui, le coupable est tout désigné : «Tout le monde a vu Barthélémy Dias avec son arme et lui-même a dit qu’il avait tiré sur trois personnes, c’est un aveu. Il a reconnu avoir tué un être humain». Le père de la victime rappelle ainsi un principe intangible de droit : l’aveu est la reine des preuves.
Mais devant le prétoire, avec les effets de manche qui siéent, les avocats s’échineront à démontrer si un tel aveu fait devant les caméras de la télévision, peut être considéré comme un aveu circonstancié ou pas. Toutefois, l’essentiel de leurs passes d’armes portera, sans nul doute, sur le pistolet qui a tué Ndiaga Diouf dans cette ambiance surchauffée de campagne préélectorale, mais surtout de contestation violente de la candidature du président de la République sortant, Abdoulaye Wade, pour un troisième mandat. Est-ce celui brandi alors sous les caméras de la télévision par Barthélémy Dias en cet après-midi du 22 décembre 2011, quand il avouait avoir tiré sur trois nervis du Pds, ou bien y aurait-il un tireur embusqué comme l’avaient soutenu certains de ses avocats ?
L’autre débat de fond devant le tribunal correctionnel de Dakar devrait tourner autour de la notion de légitime de défense, avancée naguère par le prévenu. S’il est incontestable qu’un groupe d’individus s’était attaqué à la mairie de Mermoz-Sacré Cœur où il se trouvait au moment des faits, la question sera cependant de savoir, pour les juges chargés de dire le droit dans cette affaire, si sa réaction a été proportionnée à cette attaque ou si elle fut disproportionnée. Toujours est-il que le procès ne devra pas se terminer sans qu’un coupable ne soit désigné et sanctionné, car ce meurtre qui s’est déroulé en plein jour, sous les yeux de policiers s’étant alors rendus à la mairie de Mermoz-Sacré Cœur en vue de s’interposer entre les gros bras du Pds et le maire socialiste soutenu par sa garde rapprochée, ne peut pas ne pas avoir de meurtrier. Il y a eu mort d’homme et elle ne saurait rester impunie. Que le mort ait été parmi les gros bras du Pds chargés d’attaquer la mairie de Barthélémy Dias n’y change rien : quel qu’il soit, son meurtrier doit payer et au prix fort.
Par Abdourahmane CAMARA*
* Directeur de publication de Wal Fadjri Quotidien

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