Sénégal: une première vague de détenus libérés sur fond de crise politique

Rédigé par Dakarposte le Vendredi 16 Février 2024 à 04:07 modifié le Vendredi 16 Février 2024 04:11

Première vague de détenus libérés ce jeudi 15 février après-midi au Sénégal. Ils étaient une petite dizaine à commencer à sortir au compte-gouttes des prisons, après avoir obtenu une libération provisoire, qui arrive dans un climat politique tendu. Deux semaines après le report de la présidentielle par le président sortant Macky Sall, la société civile et l’opposition mettaient la pression sur le pouvoir pour libérer les détenus dits politiques, afin de pacifier l’espace politique.


Les premiers détenus ont commencé à réagir à la sortie de la prison. « Que le combat continue », a lancé par exemple Toussaint Manga, membre du parti dissous, le Pastef, qui avait été arrêté en août dernier au Sénégal. Dans la liste qui se rallonge au compte-gouttes figurent Aliou Sané, du mouvement Y'en a marre, coordonnateur de la plateforme de la société civile F24. Il y a aussi le rappeur Nitdoff, le prêcheur de la télévision privée Sen TV Oustaz Assane Seck ou l'étudiant et activiste Pape Abdoulaye Touré.

Et à chaque apparition d’un détenu derrière les grandes grilles de la prison, ce sont des explosions de joie. Beaucoup de proches des détenus et de nombreux membres du parti dissous Pastef sont d'ailleurs venus les attendre. C’est le cas d’Inoss Ben Badji, venue chercher Jamil Sané, le maire de la commune dakaroise des Parcelles assainies. « Depuis que j’ai entendu qu’il est libre, j’ai oublié toutes les souffrances qu’on a endurées depuis son arrestation. Je suis si heureuse », se réjouit-elle.

Pape Abdoulaye Touré a quitté une autre prison, celle du Cap Manuel, après neuf mois de détention. L’étudiant, accusé de participation à un mouvement insurrectionnel, ne s’attendait pas à sortir aujourd’hui. « Ce fut une surprise car pas plus tard que ce matin, j'ai contacté ma famille, je ne savais absolument pas que j’allais être libéré. Je suis fier de me battre pour monSénégal. On m’a tabassé, on m’a torturé, on m’a envoyé en prison », dit-il.

Pour tous, l’objectif reste la libération de tous les détenus « politiques » du Sénégal. Abdoulaye Ngom vient de sortir de Rebeuss : « On a chargé nos dossiers en nous taxant de terroristes. On savait que ce n’était que du politique. On veut qu’on libère nos frères encore emprisonnés ». Au total, plus d’une quarantaine de détenus ont été libérés jeudi soir. Mais Ousmane Sonko et son plan B pour la présidentielle, Bassirou Diomaye Faye, sont toujours derrière les barreaux.

« Notre pays a besoin de stabilité »
« Tous mes clients ont bénéficié d'une mise en liberté provisoire d'office sur initiative du procureur de la république », assure l'avocat Me Moussa Sarr. Il précise que la levée du mandat de dépôt n'empêche pas la procédure judiciaire de suivre son cours.

Ces libérations pourraient apporter un vent de décrispation, alors que la société civile appelle à la libération des détenus dits politiques et alors que des manifestations sont encore prévues ce week-end. Amadou Ba, membre de l'ex-Pastef, se réjouit de la libération des détenus et demande la libération des autres mais il assure que c'est une décision unilatérale qui n'est pas le résultat de négociations. « Notre revendication est d'abord le respect du calendrier électoral et la tenue de l'élection à date échue », martèle le responsable.























rfi

63_SENEGAL_Enrobe_MATIN_Reaction_aux_premieres_liberations.mp3  (1.2 Mo)

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