La visite du Cheikh ben Hamad al-Thani à Dakar, prévue jeudi, s'inscrit dans le cadre d'une tournée ouest-africaine qui intervient six mois après la rupture des relations diplomatiques entre Doha et l'Arabie Saoudite.
C’est une visite loin d’être anodine. Le 5 juin dernier, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l’Égypte décidaient de rompre brusquement leurs relations diplomatiques avec le Qatar et de lui imposer un embargo, l’accusant de soutenir des groupes extrémistes, ce que Doha dément, et de se rapprocher de l’Iran, le grand rival régional de Ryad.
Dans le sillage du pouvoir saoudien, la Mauritanie avait à son tour annoncé la rupture de ses relations avec Doha. Libreville avait condamné « les agissements récurrents du Qatar en faveur du terrorisme ». Le Niger, le Tchad et le Sénégal, où l’émir du Qatar doit donc donc se rendre jeudi, avaient eux choisi de rappeler leur ambassadeurs.
(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({}); « Pas de suivisme »Interrogé par Jeune Afrique sur cette prise de position en faveur de Ryad, le désormais ex-ministre des Affaires étrangères sénégalais Mankeur Ndiaye s’était défendu de tout suivisme.
« Le Sénégal a pris position, en rappelant pour consultation son ambassadeur. Mais cela ne nous a pas empêché de travailler, également, pour promouvoir le dialogue et la recherche d’une solution politique négociée », avait-il assuré, avant d’ajouter que « l’Arabie saoudite, comme le Qatar, sont des pays amis du Sénégal. Nous sommes tous membres de l’Organisation de coopération islamique (OCI). Nous sommes toujours peinés quand des pays membres de la Oumma sont en difficulté, en contentieux, et nous prions pour qu’une solution soit trouvée le plus rapidement possible. »
À Dakar, la crise du Golfe a provoqué un léger malaise. Après avoir « rappelé pour consultation » son ambassadeur dès l’ouverture des hostilités diplomatiques, le président sénégalais, Macky Sall, l’y avait renvoyé le 21 août.
Le chef d’État avait fini par appeler l’émir Tamim du Qatar pour lui signifier sa volonté de renouer, relate le ministre qatari des Affaires étrangères.
Le Sénégal entretient de bonnes relations mais s’était, dans le même temps, beaucoup rapproché du Qatar ces dernières années. Le cheikh ben Hamad al-Thani n’avait pas hésité à mettre la main à la poche, en 2015, pour aider à boucler le financement du sommet de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) de Dakar. Le Qatar avait aussi plaidé en faveur de la remise en liberté de Karim Wade, et avait accueilli à Doha l’ex-pensionnaire de la prison de Rebeuss.
Tournée de trois joursPrévue sur trois jours, cette tournée de cheikh Tamim ben Hamad al-Thani doit débuter au Mali, avant des étapes au Burkina-Faso, en Côte d’Ivoire, au Ghana, en Guinée-Conakry et au Sénégal, a annoncé Doha.
Ces pays ont « un fort potentiel économique (…) malgré les défis sécuritaires de certains », et le déplacement entre dans le cadre des projets de Doha visant à diversifier ses partenariats et son économie, a dit à la presse le ministère des Affaires étrangères.
Au programme figure ainsi la signature de nombreux accords de coopération dans les domaines de la santé, de l’éducation, des mines, de l’énergie ou encore de la sécurité alimentaire, a-t-il ajouté. De même source, le Qatar va par ailleurs participer au financement d’un hôpital dédié à la lutte contre le cancer au Burkina, à hauteur de 11,6 millions euros.
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