C’est un parfum de corruption qui suscite une vive polémique en Gambie. Critiqué pour son manque de transparence dans la gestion des fonds alloués à la riposte contre la pandémie, le gouvernement a publié le document détaillant les dépenses effectuées jusqu’ici par le Ministère de la Santé. Tout cela intervient dans un contexte où des soldats chargés de la redistribution des vivres destinés aux ménages vulnérables sont mis aux arrêts pour vol et recel de denrées.
C’était l’une des principales craintes de la société civile et de plusieurs observateurs : que les fonds alloués à la lutte contre la crise sanitaire soient détournés par des fonctionnaires peu scrupuleux.
Une somme de 500 millions de dalasi (plus de 70 milliards FCFA) a été dès le début décaissé par le gouvernement pour faire face à la pandémie. Outre cela, en deux tranches, le FMI a alloué à la Gambie d’importantes sommes pour injecter dans son économie, sans oublier dernièrement l’aide de près de 10 millions d’euros décaissés par l’Union européenne. Des sommes abyssales pour amortir la crise dont souffre aujourd’hui l’économie gambienne très tributaire du secteur touristique. Mais comment s’assurer que tous ces fonds soient dépensés à bon escient pendant et à l’après pandémie est la véritable équation ?
C’est ainsi que pour couper court aux rumeurs et aux soupçons de détournement de fonds, le gouvernement a publié le document détaillant les dépenses effectuées jusqu’ici par le ministère de la Santé. Dans ce document, il est indiqué que près 160 millions dalasi (plus d’un milliard de Fcfa) ont été dépensés en un laps de temps. D’importantes primes de risque sont versées au personnel médical. Loin de taire les rumeurs, ce document a eu l’effet d’enfler la polémique sur la gestion des fonds. Pour Madi Jobarteh, membre influent de la société civile « ce document publié soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponses satisfaisantes ». Il invite les députés à saisir le gouvernement ou à créer une commission parlementaire pour faire la lumière. Confier à l’armée, la distribution des vivres à 84% des ménages en Gambie ne se passe pas comme prévu. Le climat y est pollué par des soupçons de détournement. Deux soldats viennent d’être arrêtés après que des sacs de riz destinés aux ménages aient été retrouvés dans les marchés. Il y a de cela deux semaines également, d’autres soldats ont été interpellés pour vol de carburant.