Révélations sur les difficultés du groupe de BTP Saudi Binladin

Rédigé par Dakarposte le Lundi 2 Mai 2016 à 14:15 modifié le Lundi 2 Mai 2016 14:27

Tombé en disgrâce dans le royaume, le géant saoudien du BTP Binladin Group, qui appartient à la famille du fondateur d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden, est confronté à une crise sans précédent.


Après la prospérité, la disgrâce. Les ennuis s’accumulent pour le géant saoudien du BTP Saudi Binladin Group (SBG), qui appartient à la famille du fondateur d'Al-Qaïda, Oussama Ben Laden. Alors qu’il régnait en maître sur le secteur du bâtiment depuis plusieurs décennies en Arabie saoudite, le puissant groupe fondé dans les années 1930, qui a longtemps entretenu des liens privilégiés avec la famille royale, traverse une crise financière et sociale sans précédent.

Depuis plusieurs semaines en effet, plusieurs milliers d’employés du groupe, en majorité des étrangers, protestent quotidiennement devant le siège de l’entreprise à Djeddah et réclament des arriérés de salaires. Certains d’entre-eux affirment ne pas avoir été payés depuis six mois.

La semaine dernière, des grévistes ont incendié à La Mecque plusieurs bus appartenant au groupe. Un acte désespéré rarissime dans le royaume wahhabite, au lendemain de la publication d’un article dans le journal local Al-Watan, le 29 avril, annonçant que SBG avait décidé de licencier 50 000 travailleurs étrangers. À défaut de percevoir leurs arriérés, ces derniers ont appris qu’ils seraient gratifiés d’un visa de départ définitif du royaume, et d’une prime de départ.

Au total, ce sont 77 000 ouvriers étrangers qui ont obtenu "leurs visas de sortie" d'Arabie saoudite, a indiqué lundi un responsable non identifié cité par Al-Watan, en précisant que la société employait au total quelque 200 000 travailleurs étrangers dans le royaume saoudien. Cette vague de licenciements pourrait toucher aussi quelque "12 000 des 17 000 Saoudiens employés comme responsables, ingénieurs, agents administratifs ou contrôleurs" par le groupe, a-t-il ajouté.

Un géant du BTP dans le collimateur des autorités

De leur côté, les salariés, qui ont cessé de travailler sur les chantiers du groupe, ont déclaré qu’ils ne quitteraient le pays qu’après avoir perçu leurs salaires impayés, rapporte le même journal. Reste à savoir comment comptent réagir les autorités saoudiennes, qui d’ordinaire goûtent peu les débordements de ce type dans le royaume, sachant que le groupe est lui aussi dans le collimateur de Riyad.

En effet, les ennuis de SBG ont commencé en septembre 2015, lorsqu’une grue lui appartenant s’est effondrée sur la Grande mosquée de La Mecque, provoquant la mort de plus de 100 personnes.

À la suite de cet accident, Riyad avait sanctionné très lourdement le géant du BTP, au risque même de provoquer sa faillite. Le groupe a notamment été interdit de répondre au moindre appel d’offre public dans le royaume et les membres de son conseil d’administration s’étaient vu interdire de quitter la pétromonarchie jusqu’à la fin des poursuites judiciaires engagées contre la firme.

Un coup dur pour SBG, qui malgré la construction de routes, de tunnels, de mosquées, d’aéroports et d’universités ces dernières décennies en bénéficiant d’une situation de quasi-monopole dans le royaume, est criblé de dettes, selon l’agence Reuters. Cette dernière précise également que le géant du BTP rencontre des difficultés à renégocier sa dette auprès des banques saoudiennes.

Quelques semaines après la révélation des difficultés de Saudi Oger, un autre grand groupe de BTP saoudien appartenant à la famille libanaise Hariri, les difficultés de SBG risquent d’affaiblir un peu plus un secteur déjà à la peine en raison de la baisse des dépenses publiques. Le royaume a enregistré un déficit budgétaire de 87 milliards de dollars (78 milliards d'euros) cette année, et tente de limiter les dépenses liés à la construction d’infrastructures.
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