Le ministre de la Culture a été, ce samedi, l’invité du Grand Oral. Sur les ondes de la 97.5 Rewmi FM, Abdou Latif Coulibaly est longuement revenu sur les missions de son ministère, le financement des maisons d’édition, entre autres politiques que l’Etat du Sénégal est en train de mettre en œuvre pour améliorer les conditions de travail des artistes.
L’importance du ministère de la Culture
« Certains Sénégalais limitent la culture à la musique et à la danse. Il faut dire que la musique et la culture étant les activités culturelles les plus en vue par l’opinion, et surtout dans une ville comme Dakar, Thiès et Kaolack probablement, on a effectivement pensé que la culture se régime à ça (…). Chaque individu, où il se trouve, est porteur d’une culture qui lui est propre. Une culture qui est origine de son milieu, de sa famille, de ses ascendants et autres. Mais de manière générale, la culture est la somme de tous les vécus des citoyens d’un pays, en partant de l’origine de leur civilisation jusqu’à maintenant. Par conséquent, il n’est pas possible de réduire la culture à ces deux activités que sont la musique et la danse. Mais le phénomène médiatique est telle que dans nos pays, on s’en réjouit, les gens ont tendance à croire que ce que montre la télévision ou dit la radio, c’est ça la vraie vie alors que c’est au-delà de ça. Le ministère s’occupe de la musique, c’est vrai, de la danse, mais le ministère s’occupe du patrimoine d’un pays qui dépasse largement le patrimoine immatériel. Par exemple, si vous allez en milieu wolof ou en milieu sérère, les contes sont des patrimoines immatériels et ce qu’on vous raconte comme étant l’origine des familles, c’est un vrai patrimoine immatériel. Il y a également les patrimoines matériels comme les sites mémoriels (Gorée et prochainement le mémorial de la Casamance,…). Nous avons également le cinéma, les arts plastiques. Il y a tout un ensemble de données matérielles et immatérielles que nous avons et nous aurons bientôt le musée des grandes civilisations de Dakar qui, du point de vue conceptuel, sera sans aucun doute dans la lignée des musées qui ont été construits un peu partout dans le monde avec une conception naturellement ethno-anthropologique, mais également d’autres dimensions comme le prévoit son Directeur général. Il va en faire un musée dynamique, un musée de son temps qui va s’appuyer très largement sur les nouvelles technologies numériques pour proposer au public qui va visiter ce lieu de culture, autre chose que des masques, un tableau ou autres. Il y aura de l’art plastique contemporain ».
Abdou Latif Coulibaly en terrain inconnu ?
« Je ne suis pas un expert de la culture, encore moins un professionnel de la culture, mais je peux me considérer comme quelqu’un de passionné par la culture. Et, je peux même, sans aucune fausse modestie, considérer que je suis un acteur culturel. Un terrain inconnu du point de vue institutionnel, mais je prétends avoir la passion de la culture. Je prétends également avoir un aperçu, une modeste connaissance. Sans aucune prétention, je ne pense pas que pour être ministre, il faut être un expert de l’objet sur lequel on est appelé à travailler sur le plan institutionnel. Je crois qu’il faut comprendre que mon rôle est un rôle politique. Je prends des décisions politiques conformément à une politique générale qui a été définie par le Président de la République et appliquée sous la conduite du Premier ministre. D’ailleurs, j’ai entendu un artiste, que j’aime beaucoup, dire qu’un ministre de la Culture doit être un artiste. Si on comprend à travers un artiste, un écrivain, je veux bien. Si également on comprend à travers un artiste un spécialiste du point de vue intellectuel de la question culturelle, je suis d’accord. Si on suit ce raisonnement, il faut qu’un ministre de l’agriculture soit un cultivateur, que le ministre de la Pêche soit un pêcheur, ainsi de suite. Je ne pense pas qu’on puisse avoir une telle conception de la culture et une telle conception de l’organisation institutionnelle qu’il faille faire de la conduite de la politique culturelle d’un pays. Cela dit, je n’ai aucune prétention pour dire que je suis en terrain inconnu, mais également, j’ai la naïveté de croire honnêtement que c’est parce que je suis en terrain inconnu que je serai prétentieux. J’écouterai les experts qui m’entourent dans ce ministère là pour m’aider à faire mon travail ».
Ce que le Président Sall pense de la culture
« Il y a quelque chose qui est dit dans ce pays qui est un peu le pendant ou la continuation de l’esprit dans lequel cette interview a été abordée. Vous avez dit on réduit surtout la culture à la musique et à la danse et, du coup, tout ce qui ne marche pas dans la musique on considère qu’il n’y a pas de politique culturelle. Et, tout ce qui fait souffrir les artistes au sens musicien du terme laisse croire que rien n’est fait en matière de culture. D’abord un constat, il y a bien au Sénégal une lettre de politique sectorielle de la culture qui définit les orientations, indique les objectifs et planifie des résultats à atteindre. La politique de base de l’Etat du Sénégal, c’est le Pse. Vous verrez dans l’axe 2 comme dans l’axe 3 d’ailleurs, une forte dimension culturelle. C’est vrai que certains reprochent au plan de ne pas définir de façon expresse et claire, sauf sur 2 ou 3 paragraphes, le sens qu’on donne à la culture. C’est une erreur de le penser. Quand vous regardez tout ce qui est dit à travers le développement humain, vous comprendrez que la notion de culture est liée à la construction qu’on se fait du développement humain. Deuxièmement, quand vous considérez qu’une politique culturelle c’est l’ensemble des programmes définis par les pouvoirs politiques, des projets sur la base d’une vision qui constitue en réalité une politique culturelle, aujourd’hui vous demandez ce que le pouvoir politique a fait. Prenons le cas du livre. Il y a quelques années, Abdoulaye Wade avait décidé de porter le fonds de développement de l’édition de livre au Sénégal à 500 millions de francs. Quand le Président Sall est arrivé, il l’a multiplié avec des baisses plus ou moins variables. Mais au résultat final, j’ai eu un seul éditeur sénégalais, l’Harmattan. Si l’Harmattan qui est une grande maison d’édition a ouvert un établissement à Dakar, c’est parce qu’ils ont des espoirs par rapport à ce qu’on fait en matière de politique de livre. Aujourd’hui, cette maison d’édition fait un travail remarquable. Ce n’est pas un hasard qu’on regarde que beaucoup de jeunes Sénégalais sont aujourd’hui publiés. Pas dans une perspective purement littéraire ou commerciale, mais c’est parce que l’Etat est derrière pour aider.
Le financement des maisons d’Edition
« J’en ai discuté avec un écrivain. Le fonds du livre est fait pour le livre. Il n’est pas fait pour les écrivains et il n’est pas fait non plus pour les éditeurs. Il est fait pour qu’on puisse éditer des livres et les mettre à la disposition des citoyens. (…) C’est légitime qu’on puisse soutenir les auteurs dans leurs activités qui leur permettent au fond d’affiner leurs capacités intellectuelles, leurs connaissances et leurs possibilités. C’est-à-dire prendre en charge le voyage des écrivains qui vont à des séminaires, des colloques. Si on utilisait les fonds pour ça, on n’aurait dû certainement pas produire des livres. C’est légitime, cette demande, mais il faudrait que l’on comprenne que l’objectif du fonds c’est la production de livres de qualité, dans la durée au point que les livres qui sont produits rendront autonome les éditeurs privés. Pour le fonds d’aide à l’édition, il ne s’agit pas de distribuer de l’argent pour en distribuer. Il faut distribuer de l’argent pour que des livres soient produits. C’est ça mon esprit et on ne peut rien imposer dans ce domaine-là. Nous travaillons avec des gens qui ont une indépendance d’esprit. Il faudrait que les gens acceptent que le fonds, ce n’est pas quelque chose qui est donné. Il est donné pour produire, en effet, un résultat. Ce fonds pour l’édition s’élève autour de 500 millions. Pour le cinéma, on vient de l’abonder autour de 2 milliards et ce fonds est quasiment unique dans notre sous-région. Le Président l’a annoncé et je suis heureux d’annoncer d’ailleurs que des mesures nouvelles ont été prises et le fonds est arrêté à un milliard sur lequel on doit rajouter 250 millions pour les deux milliards. C’est bouclé. J’ai eu le plaisir de participer à l’adoption du budget de cette année et je sais ce qui a été fait. Mieux, dans ce fonds de la culture, le Président de la République a décidé d’éponger des dettes contractées par le Fesman, des arriérés de payement que mon budget a pris en charge, qui va directement abonder des ressources qui sont destinées aux artistes. Encore une chose importante, La Sodav ça fait 40 ans que les artistes réclament la mise en place de cette société. C’est une société privée de cogestion du droit d’auteur et du droit des artistes. La Sodav travaille et le Président Sall a abondé son fonds de départ d’un milliard de francs. La Sodav devra bénéficier d’un concours de l’Etat à hauteur d’un milliard. Nous sommes en train de l’étudier dans le cadre du budget 2018. Il y a de très fortes chances et les derniers arbitrages qui ont été faits confirment définitivement ces allocations ».
L’importance du ministère de la Culture
« Certains Sénégalais limitent la culture à la musique et à la danse. Il faut dire que la musique et la culture étant les activités culturelles les plus en vue par l’opinion, et surtout dans une ville comme Dakar, Thiès et Kaolack probablement, on a effectivement pensé que la culture se régime à ça (…). Chaque individu, où il se trouve, est porteur d’une culture qui lui est propre. Une culture qui est origine de son milieu, de sa famille, de ses ascendants et autres. Mais de manière générale, la culture est la somme de tous les vécus des citoyens d’un pays, en partant de l’origine de leur civilisation jusqu’à maintenant. Par conséquent, il n’est pas possible de réduire la culture à ces deux activités que sont la musique et la danse. Mais le phénomène médiatique est telle que dans nos pays, on s’en réjouit, les gens ont tendance à croire que ce que montre la télévision ou dit la radio, c’est ça la vraie vie alors que c’est au-delà de ça. Le ministère s’occupe de la musique, c’est vrai, de la danse, mais le ministère s’occupe du patrimoine d’un pays qui dépasse largement le patrimoine immatériel. Par exemple, si vous allez en milieu wolof ou en milieu sérère, les contes sont des patrimoines immatériels et ce qu’on vous raconte comme étant l’origine des familles, c’est un vrai patrimoine immatériel. Il y a également les patrimoines matériels comme les sites mémoriels (Gorée et prochainement le mémorial de la Casamance,…). Nous avons également le cinéma, les arts plastiques. Il y a tout un ensemble de données matérielles et immatérielles que nous avons et nous aurons bientôt le musée des grandes civilisations de Dakar qui, du point de vue conceptuel, sera sans aucun doute dans la lignée des musées qui ont été construits un peu partout dans le monde avec une conception naturellement ethno-anthropologique, mais également d’autres dimensions comme le prévoit son Directeur général. Il va en faire un musée dynamique, un musée de son temps qui va s’appuyer très largement sur les nouvelles technologies numériques pour proposer au public qui va visiter ce lieu de culture, autre chose que des masques, un tableau ou autres. Il y aura de l’art plastique contemporain ».
Abdou Latif Coulibaly en terrain inconnu ?
« Je ne suis pas un expert de la culture, encore moins un professionnel de la culture, mais je peux me considérer comme quelqu’un de passionné par la culture. Et, je peux même, sans aucune fausse modestie, considérer que je suis un acteur culturel. Un terrain inconnu du point de vue institutionnel, mais je prétends avoir la passion de la culture. Je prétends également avoir un aperçu, une modeste connaissance. Sans aucune prétention, je ne pense pas que pour être ministre, il faut être un expert de l’objet sur lequel on est appelé à travailler sur le plan institutionnel. Je crois qu’il faut comprendre que mon rôle est un rôle politique. Je prends des décisions politiques conformément à une politique générale qui a été définie par le Président de la République et appliquée sous la conduite du Premier ministre. D’ailleurs, j’ai entendu un artiste, que j’aime beaucoup, dire qu’un ministre de la Culture doit être un artiste. Si on comprend à travers un artiste, un écrivain, je veux bien. Si également on comprend à travers un artiste un spécialiste du point de vue intellectuel de la question culturelle, je suis d’accord. Si on suit ce raisonnement, il faut qu’un ministre de l’agriculture soit un cultivateur, que le ministre de la Pêche soit un pêcheur, ainsi de suite. Je ne pense pas qu’on puisse avoir une telle conception de la culture et une telle conception de l’organisation institutionnelle qu’il faille faire de la conduite de la politique culturelle d’un pays. Cela dit, je n’ai aucune prétention pour dire que je suis en terrain inconnu, mais également, j’ai la naïveté de croire honnêtement que c’est parce que je suis en terrain inconnu que je serai prétentieux. J’écouterai les experts qui m’entourent dans ce ministère là pour m’aider à faire mon travail ».
Ce que le Président Sall pense de la culture
« Il y a quelque chose qui est dit dans ce pays qui est un peu le pendant ou la continuation de l’esprit dans lequel cette interview a été abordée. Vous avez dit on réduit surtout la culture à la musique et à la danse et, du coup, tout ce qui ne marche pas dans la musique on considère qu’il n’y a pas de politique culturelle. Et, tout ce qui fait souffrir les artistes au sens musicien du terme laisse croire que rien n’est fait en matière de culture. D’abord un constat, il y a bien au Sénégal une lettre de politique sectorielle de la culture qui définit les orientations, indique les objectifs et planifie des résultats à atteindre. La politique de base de l’Etat du Sénégal, c’est le Pse. Vous verrez dans l’axe 2 comme dans l’axe 3 d’ailleurs, une forte dimension culturelle. C’est vrai que certains reprochent au plan de ne pas définir de façon expresse et claire, sauf sur 2 ou 3 paragraphes, le sens qu’on donne à la culture. C’est une erreur de le penser. Quand vous regardez tout ce qui est dit à travers le développement humain, vous comprendrez que la notion de culture est liée à la construction qu’on se fait du développement humain. Deuxièmement, quand vous considérez qu’une politique culturelle c’est l’ensemble des programmes définis par les pouvoirs politiques, des projets sur la base d’une vision qui constitue en réalité une politique culturelle, aujourd’hui vous demandez ce que le pouvoir politique a fait. Prenons le cas du livre. Il y a quelques années, Abdoulaye Wade avait décidé de porter le fonds de développement de l’édition de livre au Sénégal à 500 millions de francs. Quand le Président Sall est arrivé, il l’a multiplié avec des baisses plus ou moins variables. Mais au résultat final, j’ai eu un seul éditeur sénégalais, l’Harmattan. Si l’Harmattan qui est une grande maison d’édition a ouvert un établissement à Dakar, c’est parce qu’ils ont des espoirs par rapport à ce qu’on fait en matière de politique de livre. Aujourd’hui, cette maison d’édition fait un travail remarquable. Ce n’est pas un hasard qu’on regarde que beaucoup de jeunes Sénégalais sont aujourd’hui publiés. Pas dans une perspective purement littéraire ou commerciale, mais c’est parce que l’Etat est derrière pour aider.
Le financement des maisons d’Edition
« J’en ai discuté avec un écrivain. Le fonds du livre est fait pour le livre. Il n’est pas fait pour les écrivains et il n’est pas fait non plus pour les éditeurs. Il est fait pour qu’on puisse éditer des livres et les mettre à la disposition des citoyens. (…) C’est légitime qu’on puisse soutenir les auteurs dans leurs activités qui leur permettent au fond d’affiner leurs capacités intellectuelles, leurs connaissances et leurs possibilités. C’est-à-dire prendre en charge le voyage des écrivains qui vont à des séminaires, des colloques. Si on utilisait les fonds pour ça, on n’aurait dû certainement pas produire des livres. C’est légitime, cette demande, mais il faudrait que l’on comprenne que l’objectif du fonds c’est la production de livres de qualité, dans la durée au point que les livres qui sont produits rendront autonome les éditeurs privés. Pour le fonds d’aide à l’édition, il ne s’agit pas de distribuer de l’argent pour en distribuer. Il faut distribuer de l’argent pour que des livres soient produits. C’est ça mon esprit et on ne peut rien imposer dans ce domaine-là. Nous travaillons avec des gens qui ont une indépendance d’esprit. Il faudrait que les gens acceptent que le fonds, ce n’est pas quelque chose qui est donné. Il est donné pour produire, en effet, un résultat. Ce fonds pour l’édition s’élève autour de 500 millions. Pour le cinéma, on vient de l’abonder autour de 2 milliards et ce fonds est quasiment unique dans notre sous-région. Le Président l’a annoncé et je suis heureux d’annoncer d’ailleurs que des mesures nouvelles ont été prises et le fonds est arrêté à un milliard sur lequel on doit rajouter 250 millions pour les deux milliards. C’est bouclé. J’ai eu le plaisir de participer à l’adoption du budget de cette année et je sais ce qui a été fait. Mieux, dans ce fonds de la culture, le Président de la République a décidé d’éponger des dettes contractées par le Fesman, des arriérés de payement que mon budget a pris en charge, qui va directement abonder des ressources qui sont destinées aux artistes. Encore une chose importante, La Sodav ça fait 40 ans que les artistes réclament la mise en place de cette société. C’est une société privée de cogestion du droit d’auteur et du droit des artistes. La Sodav travaille et le Président Sall a abondé son fonds de départ d’un milliard de francs. La Sodav devra bénéficier d’un concours de l’Etat à hauteur d’un milliard. Nous sommes en train de l’étudier dans le cadre du budget 2018. Il y a de très fortes chances et les derniers arbitrages qui ont été faits confirment définitivement ces allocations ».