Reniement » de Macky Sall, référendum du 20 mars, élections HCCT, procès Barth… : ces temps forts de la vie politique sénégalaise

Rédigé par Dakarposte le Lundi 2 Janvier 2017 à 09:27 modifié le Lundi 2 Janvier 2017 09:30

L’année 2016 dont nous vivons les derniers jours a été riche en évènements politiques. Mais elle restera surtout marquée par le fameux reniement ou ‘’wax waxeet’’ du président de la République sur la réduction du mandat présidentiel. Mais aussi par la guéguerre au sein du parti socialiste et la naissance de plusieurs coalitions.

L’année 2016 a été une année à la fois électorale et préélectorale. Puisqu’elle a vu se tenir le fameux référendum du 20 mars suite au reniement du président de la République sur la réduction de son mandat. En effet, à la veille de l’élection présidentielle de 2012, Macky Sall, alors candidat, avait promis de réduire le mandat présidentiel de 7 à 5 ans pour, selon ses dires, donner le bon exemple. Confronté à la réalité du pouvoir, le président de l’Alliance pour la République a vite faite de changer de fusil d’épaule.

Les sorties de ses lieutenants sur la question se multiplient et se ressemblent. Tous appellent le président de la République à se renier et à faire un mandat de 7 ans tel que le prévoit la constitution sur la base de laquelle il a été élu. Pour la plupart de ces gens dont le Pr Malick Ndiaye, Moustapha Cissé Lo, Mously Diakhaté et autres, dès lors que Macky Sall a prêté serment sur la base de la constitution de 2001, il a l’obligation de se conformer à la légalité. Or, pour l’opposition, faire un mandat de 7 ans serait synonyme de ‘’wax waxeet’’ comme ce fut le cas avec son prédécesseur, Abdoulaye Wade qui était revenu sur sa promesse de ne pas briguer un troisième mandat.

Alors que le débat entre la majorité et l’opposition faisait fureur, le Président Macky Sall est monté au front. A plusieurs reprises, il a réitéré à l’opinion sénégalaise sa ferme volonté de tenir sa parole. Mais au fur et à mesure que le temps passe, la teneur du discours du chef de l’Etat change. De plus en plus, Macky Sall se montre virulent envers ses opposants. Et pour clore le tout et ‘’maquiller’’ ce qui va arriver, il soumet la question aux sages du Conseil constitutionnel qui ont statué sur la question avant de donner leur avis ou plutôt une décision.

C’est le président de la République lui-même qui, le 16 février, fait une déclaration télévisée pour annoncer les ‘’conclusions’’ du Conseil constitutionnel. ‘’Sur l’application de la réduction du mandat en cours du président de la République, le Conseil constitutionnel considère que cette disposition doit être supprimée, au motif qu’elle n’est conforme ni à l’esprit de la Constitution, ni à la pratique constitutionnelle. J’entends me conformer à la décision du Conseil constitutionnel. En conséquence de quoi, le mandat en cours du président de la République connaîtra son terme en 2019’’, a déclaré Macky Sall. Ce fut une grosse déception pour l’opposition et une bonne partie de l’opinion et une victoire politique pour certains caciques du régime.

Référendum et saccage des locaux du Ps.

Le prolongement de ce débat sur la candidature du président de la République se fera jusque pendant la campagne référendaire. Outrée par ce qu’elle considère comme un reniement, l’opposition s’organise aussitôt autour de la coalition Gor ca wax ja. Idrissa Seck, Oumar Sarr, Malick Gakou, Pape Diop, bref tous les ténors décident alors de faire bloc et d’engager ensemble la campagne référendaire pour le triomphe du NON. Une campagne aux allures de primaires à la présidentielle de 2019 mais qui a débouché sur la victoire du OUI.

Ces échéances ont remis au goût du  jour les divergences au sein du Parti socialiste. Une formation politique membre de la coalition présidentielle mais qui vit des tendances avec d’une part, ceux qui sont pour la poursuite du compagnonnage avec le pouvoir dans la coalition Bennoo bokk yaakaar et d’autre part, les partisans de Khalifa Sall qui demandent la sortie du PS de la mouvance présidentielle pour se ranger du côté de l’opposition. Et organiser la reconquête du pouvoir. Ces divergences ont d’ailleurs conduit au saccage de la salle du Bureau politique du PS le 05 mars dernier.  Des jeunes, vêtus de t-shirts blancs sur lesquels on pouvait lire ‘’je suis socialiste, je vote NON’’, ont assiégé le siège des Verts sis à Colobane. Après des échauffourées, Khalifa Sall et  ses camarades ont été désignés comme principaux instigateurs. C’est ainsi que s’ouvre le défilé des partisans du maire de Dakar à la Division des investigations criminelles (Dic) pour les besoins de l’enquête ouverte sur cette affaire qui n’a pas jusqu’ici été vidée.

Haut conseil des collectivités territoriales

La page du référendum tournée, s’ouvre celle de la campagne pour les élections du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT). Une suite logique du scrutin référendaire du 20 mars mais qui a encore une fois de plus pris les allures d’une présidentielle avec comme principal enjeu la bataille de Dakar. L’APR qui a dans un premier temps abdiqué en décidant de ne pas présenter de candidature à Dakar, finira par  manœuvrer pour retourner certains maires socialistes et progressistes contre Khalifa Sall. C’est le début d’une guerre âpre entre les membres de la coalition  And Taxawu Dakar de Khalifa Sall et ceux de Benno Bokk Yaakaar pour le contrôle  de la capitale sénégalaise. ‘’Les rebelles’’ socialistes transforment la campagne en guerre interne au sein du parti.

Ce qui devait être un linge sale sera lavé en public. ‘’Ce qui est aussi déplorable, c’est qu’il s’agit d’un vaste complot de socialistes contre des socialistes, particulièrement contre Khalifa Sall, sous la bénédiction de la direction du parti’’, a dénoncé le maire Barthélémy Dias au dernier jour de campagne de la coalition And Taxawu Dakar dans la commune de Médina. Malgré les moyens déployés par le camp du pouvoir, Khalifa Sall finit par sortir victorieux de ce scrutin. Une victoire à l’arrachée qui l’a d’ailleurs ragaillardi après la défaite du 20 mars. ‘’Je remercie les électeurs de Dakar, tous les collègues qui nous ont renouvelé leur confiance en ce jour où la démocratie s’est exprimée. Ce vote est la confirmation de 2014. Nous sommes tous des conseillers de la même ville, on n’était pas dans une guerre mais dans une compétition où les électeurs ont choisi’’, a-t-il  déclaré peu de temps après la proclamation des résultats.

Multiplication des coalitions 

2016 peut être décrété année des coalitions dans le champ politique sénégalais. Les partis de l’opposition qui s’étaient regroupés au sein du Front patriotique pour la défense de la République (Fpdr) ont mis en place un autre cadre. En effet, ce sera plus tard  au tour du Cadre de concertation de l’opposition (C2O) de voir le jour en prélude du référendum  du 20 mars. Après le ‘’reniement’’  de Macky Sall  sur la réduction de son mandat,  les camarades de Mamadou Diop Decroix ont créé la coalition Gor Ca Wax Ja pour imposer au chef de l’Etat le respect de sa parole. Mais ce cadre fera malheureusement long feu. Puisqu’il répondra en rang dispersé à l’appel au dialogue lancé par le président de la République. Celui-ci, en bon stratège, avait fini, à travers ce dialogue, par semer la discorde au sein de cette coalition et monter ses leaders les uns contre les autres. C’est ainsi que le leader de Rewmi Idrissa Seck, qui a d’ailleurs boycotté la rencontre, s’en est vertement pris à ses alliés du Parti démocratique sénégalais.

 ‘’Le dialogue national organisé le 28 mai dernier n’a été qu’un deal politique qui visait à libérer Karim Wade (candidat du Pds)’’, avait alors déclaré l’ex-Premier ministre d’Abdoulaye Wade qui a aussitôt pris ses distances. Cet épisode passé, l’opposition met sur pied le Front pour la défense du Sénégal/Manko Wattu avec un code de conduite imposé par le président du Conseil départemental  de Thiès. Cette alliance se fixe trois objectifs à savoir d’abord la défense de libertés individuelles, ensuite le fichier électoral et enfin la transparence dans la gestion des ressources naturelles.

C’est dans ce contexte qu’une marche a été organisée le 14 octobre dernier. Elle sera  sévèrement réprimée. Pourtant, elle avait été autorisée mais à des conditions qui n’ont pas plu  aux membres de la coalition  composée entre autres du Pds, du Rewmi, de l’Ucs et du Grand parti. Sous la coordination du président du Grand Parti, Malick Gakou, l’alliance avait refusé l’itinéraire tracé par le préfet de Dakar. Il s’agissait de rallier la place de l’Obélisque au rond-point de la RTS. Mais  les opposants au régime de Macky Sall voulaient aller jusqu’au ministère de l’Intérieur. Pour exposer leurs doléances et exiger le départ d’Abdoulaye Daouda Diallo de la tête dudit département qui est chargé de l’organisation des élections.

Après un bon moment d’accalmie, l’opposition a repris du service. Cette fois-ci, elle adresse un mémorandum au président de la République pour un dialogue politique sur le processus électoral. La rencontre aura lieu le 1er décembre et après concertation, les deux parties ont trouvé un accord  sur certains points mais ne se retrouvent toujours pas sur d’autres comme l’organisation des élections par une personne neutre autre que le ministre de l’Intérieur. Concernant la gestion des ressources naturelles, les opposants de Macky Sall se sont récemment joints à la plainte déposée par la société civile contre Franck Timis et sa société. Mieux, ils ont décidé d’internationaliser le combat en saisissant les institutions financières de New York.

Ouverture du procès Barthélémy Dias.

Cinq ans après les événements survenus devant la mairie de Mermoz-Sacrée-Cœur, le dossier de Barthélémy Dias est relancé par la Justice sénégalaise. Incriminé dans l’assassinat de Ndiaga Diouf, Barthélemy Dias devait faire face au juge le jeudi 20 octobre 2016 mais le parquet s’est heurté à son immunité parlementaire et a donc renvoyé le procès avant de saisir le bureau de l’Assemblée nationale pour demander la levée de cette immunité. Une requête à laquelle l’institution parlementaire accèdera le 11 novembre à l’issue d’un vote où 62 députés dont Barthélémy Dias ont voté pour contre 14. Fixée de nouveau le jeudi 1er décembre 2016, l’ouverture du procès a été renvoyée au 25 janvier 2017 prochain.
Cheikh Amidou Kane
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