Qu'elles paraissent loin les photos où un François Hollande paternel faisait tendrement, sous l'Arc de Triomphe, l'accolade à son ancien conseiller devenu Président, Emmanuel Macron. L'ex-président de la République est sorti de sa réserve, mardi 22 août.
François Hollande a profité d'un déplacement au festival du film francophone d'Angoulême pour mettre en garde son successeur à l'Élysée : "Il ne faudrait pas demander aux Français des sacrifices qui ne sont pas utiles", a-t-il dit, en faisant allusion à la réforme du Code du travail qui entre cette semaine dans sa dernière ligne droite.
"Il n'a pas quitté la scène politique"
Cette petite "piqûre de rappel socialiste", est-elle une autopromotion de son bilan ou le signe qu'il a envie de revenir ? "Je ne crois pas qu'il soit parti. Il a juste quitté l'Élysée mais il n'a pas quitté la scène politique, affirme Sébastien Denaja, ancien député hollandais et désormais porte-parole du PS.Sur le fond, la question que pose François Hollande est importante : la loi de finances va se préparer et on voit aujourd'hui un gouvernement prêt à demander des sacrifices aux Français alors même qu'il est prêt à épargner 3 000 contribuables de l'ISF pour un montant d'à peu près 3 milliards [d'euros]."
«Il y a aussi le souhait de François Hollande -mais ça il l'a déjà dit à plusieurs reprises- de réhabiliter d'une certaine manière la politique qui avait été conduite.»
Sébastien Denaja, porte-parole du PSà franceinfo
"On n'a pas oublié que les socialistes avaient largement perdu les élections, on n'a pas perdu la parole, vous voyez, et on n'a pas perdu non plus le sens de l'engagement qui avait été le nôtre pour la justice sociale -c'est le premier rappel que fait François Hollande- et que, dans ce qui a été fait, ce sont les économistes qui le disent, un certain nombre de bonnes choses ont été faites aussi," poursuit Sébastien Denaja.
"C'est de bonne guerre"
Voir "François Hollande L'Ancien" sortir de sa réserve pour mettre en garde "Emmanuel Macron Le Jeune", exaspère au sommet de l'État. Les marcheurs l'avaient, peut-être, un trop peu vite oublié : Jean-Luc Mélenchon n'a pas le monopole de la résistance aux ordonnances. "Qu'il défende son bilan, c'est de bonne guerre, il a été tellement critiqué",estime un proche du Premier ministre, Édouard Philippe, interrogé par franceinfo.
Pas question pour autant de recevoir de leçon en matière de politique économique : "Le trou de 8 milliards d'euros, l'insincérité soulignée par la Cour des comptes, c'est énorme. François Hollande ne peut pas s'en laver les mains", fustige un proche d'Emmanuel Macron.
Le chantier de "la flexicurité à la française"
Quant au risque d'injustices et de ruptures, "il n'existe pas", répond Arnaud Leroy, ancien socialiste devenu l'un des dirigeants de LREM. "Il n'y a pas de rupture, il n'y a pas de flexibilisation. Il y a une flexibilité, une flexicurité à la française à construire. C'est ça le chantier : tenir les deux bouts."
«On ne peut pas se satisfaire de quasiment 6 millions de chômeurs, une dette qui ne cesse d'augmenter, plus de 440 milliards supplémentaires selon la Cour des comptes. Il faut qu'on fasse autrement !»
Arnaud Leroy, membre du conseil d'administration de LREMà franceinfo
L'exécutif et ses marcheurs sont donc obligés d'éteindre l'incendie sur un nouveau front, le front Hollande, "sauf que les Français ont tranché dans les urnes, ils ne veulent plus d'eau tiède et, en démocratie, on ne refait pas le match", rappelle-t-on à Matignon.