RDC: les contours de la visite officielle du président Félix Tshisekedi en France

Rédigé par Dakarposte le Samedi 27 Avril 2024 à 00:16 modifié le Samedi 27 Avril 2024 00:20

Le président de la RDC est attendu à Paris les lundi 29 et mardi 30 avril. Une visite officielle de deux jours en France avec au programme une cérémonie aux Invalides, des rencontres avec les autorités politiques à l’Élysée, à l’Assemblée nationale et au Sénat et un forum économique avant une rencontre avec la diaspora congolaise. Il s’agit de la première visite officielle de Félix Tshisekedi en France.


Le président de la RDC est déjà venu à Paris, dans la cadre d’une visite de travail en 2019 où lors de grandes réunions ou de grands événements internationaux, mais jamais en visite officielle, le niveau d’accueil situé juste avant la visite d’État. Pour ces deux jours, lundi et mardi, il s’agit de « rendre la pareille » après le voyage du président français, à Kinshasa, en mars 2023, dans la cadre d’une tournée en Afrique centrale. « On va continuer sur les points laissés en chantier après le passage d'Emmanuel Macron en RDC », précise-t-on à Kinshasa.

Une visite préparée depuis plusieurs semaines. Plusieurs ministres congolais, notamment celui des Finances, ou des Affaires étrangères, sont venus en amont pour poser les bases de ce voyage qui s’articule autour de grands axes : la diplomatie et l’économie.



Plaidoyer pour l'est du pays
La diplomatie sera au cœur de plusieurs temps forts de ce voyage. Lundi, le président congolais doit s'entretenir avec des députés et des sénateurs français aux sièges des deux chambres. Et mardi matin, c’est à l’Élysée qu’il rencontre son homologue français. « Il continuera son travail de plaidoyer pour l’est du pays », insiste un proche de la présidence.


La situation sécuritaire sera au cœur de ces deux séquences et surtout le conflit dans la province du Nord-Kivu qui oppose les forces armées congolaises et leurs alliés au groupe armé du M23 soutenu par l’armée rwandaise. En effet, « cette visite rentre dans le cadre du renforcement de la relation privilégiée entre la RDC et France basée sur la Francophonie dont la RDC est le plus grand pays de locuteurs, explique Tina Salama. La porte-parole de la présidence congolaise ajoute qu'il sera donc aussi question du règlement de la crise dans la région des Grands Lacs. La France étant le membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies qui a la responsabilité de proposer les résolutions et déclarations relatives à la situation en RDC. »

Séduire les petites et moyennes entreprises
Le volet économique prend la forme d’une table ronde organisée par le Mouvement des entreprises de France (Medef). En mars 2023, à Kinshasa, le président Macron était accompagné de plusieurs opérateurs économiques, un premier forum, celui de Kinshasa avait eu lieu, des contacts avaient été pris. Il s’agit désormais de transformer l’essai.

Des responsables d’entreprises congolaises, mais aussi d’agences de l’État, sont déjà présents à Paris pour porter un message : « C’est le moment d’investir en RDC. » Plusieurs domaines potentiels : l’agriculture avec 4 millions d’hectares de terres arables, l’énergie avec 100 000 mégawatts annuels, mais aussi un marché énorme de 100 millions d’habitants, le plus grand marché de l’espace francophone.

D’autant plus que la France a du retard. Selon les chiffres de l’Agence nationale pour la promotion des investissements (Anapi), seules 43 entreprises françaises ont été agréées à son niveau entre 2003 et 2022. « Mais la France a un défaut, confie un patron congolais. Elle pense d’abord à ses grands groupes alors que la RDC, c’est une opportunité surtout pour les PME-PMI. Ce sont les entreprises qui créent le plus d’emplois, de valeurs et qui occupent l’espace de manière plus cohérente ».

Est de la RDC: Félix Tshisekedi a rencontré les ambassadeurs de Belgique, des États-Unis et de France
Le président Félix Tshisekedi a rencontré jeudi soir successivement les ambassadeurs de Belgique, Roxane De Bilderling, des États-Unis, Lucy Tamlyn, et de France, Bruno Aubert, pour discuter de la situation sécuritaire et humanitaire dans l'Est de la RDC, rapporte notre correspondant à Kinshasa, Patient Ligodi.

Ces trois diplomates étaient parmi les ambassadeurs occidentaux qui s’étaient rendus les 18 et 19 avril à Goma pour se rendre compte de la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire. À la fin de leur mission, ils avaient plaidé pour la protection des sites de déplacés et des mesures strictes pour assurer la sécurité de ceux qui y cherchent refuge. Ils avaient également plaidé pour la mise à disposition de sites additionnels et de services de base pour les personnes déplacées.

Avec l'ambassadeur français, le président Félix Tshisekedi a principalement évoqué sa prochaine visite à Paris, prévue pour le 29 mai, selon les informations fournies par son cabinet. Outre les enjeux économiques, les discussions se concentreront particulièrement sur le rôle d'Emmanuel Macron dans le conflit entre Kinshasa et Kigali. Plus tôt, cette semaine, le président français avait encouragé la reprise des pourparlers de haut-niveau entre Paul Kagame et Félix Tshisekedi. Les autorités congolaises attendent toujours de Paris une position claire concernant la présence de troupes rwandaises sur le territoire congolais.

Toujours hier, jeudi, la représentante du Royaume de Belgique a également été reçue. Kinshasa apprécie l'approche belge : la semaine dernière, depuis Goma, Roxane De Bilderling, la diplomate belge, avait invité la RDC à porter plainte contre le Rwanda auprès de la Cour internationale de justice (CIJ) pour violations des frontières internationales.

Toujours hier, la discussion avec l'ambassadrice américaine a aussi porté sur le rôle des États-Unis dans la médiation entre Paul Kagame et Félix Tshisekedi. Cette rencontre intervient peu après la visite à Kinshasa et à Goma d'Enrique Roig, sous-secrétaire adjoint à la Direction de la démocratie, des droits de l'homme et du travail des États-Unis, qui a mis l'accent sur le suivi des actions qui pourraient conduire à d'autres sanctions contre les acteurs impliqués dans la crise provoquée par la résurgence du M23.

























rfi
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