A l’unanime, la totalité des Organisations de la société civile, contactée par nos soins hier, mercredi 25 mai, ont applaudi des deux mains le rapport «inédit» 2015 de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac). En effet, de Birahim Seck, du Forum civil, à Babacar Ba, président du Forum du justiciable, en passant par la Raddho via son Sg, Aboubacry Mbodj, tous ont salué le travail abattu par les services de Nafissatou Ngom Keita. Toutefois, tous pensent qu’il faut un suivi rigoureux des dossiers cités, que ce soit de la part de l’Ofnac, qui a la possibilité de saisir le procureur de la République, et aussi de la société civile. Mieux, Birahim Seck est d’avis qu’il faut une indépendance de la justice vis-à-vis de l’exécutif pour que les rapports aient une suite.
BIRAHIM SECK, FORUM CIVIL : «Pour que ce rapport soit suivi d’effets, la justice doit être indépendante»
«Il faut avant tout se féliciter du rapport de l’Ofnac qui est inédit pour un organe de contrôle. On se rappelle la défunte Commission nationale de lutte contre la corruption, la concussion et le non transparence. On s’est rendu compte que même si l’Etat avait donné la possibilité à cette Commission de faire plus d’efforts, elle ne le faisait pas. Donc, il faut se féliciter de la publication de ce rapport qui a permis au public sénégalais d’être édifié.
On doit donner une suite à ce rapport, en saisissant la justice. D’ailleurs, ce qui est valable pour l’Ofnac doit l’être pour la Cour des comptes, l’Ige, l’Armp, qui ont aussi produit des rapports. Et on attend que la justice soit saisie. Parce que l’Ofnac peut saisir le procureur de la République, tout comme ce dernier peut s’autosaisir. Il y a certains dossiers que le Président dit mettre sous le coude. Je pense qu’avant même que l’Ofnac ne publie son premier rapport public, le président de la République devait envoyer tous ces dossiers au procureur de la République. C’est ce qu’on attend aujourd’hui.
Le peuple, de même que l’Union des magistrats du Sénégal, se sont toujours offusqués du fait que la justice était un peu à la solde de l’Exécutif. Donc, il y a un besoin pour le peuple sénégalais de revendiquer et de hausser le ton pour que la justice soit libérée des geôles de l’Exécutif. Pour que ce rapport ait une suite, il faut que la justice soit indépendante. Mais, avant cela, je pense qu’il y a des mesures conservatoires qu’il faut également prendre. Parce que, dans le rapport de l’Ofnac, il est bien mentionné que des directeurs doivent être relevés de leur fonction. C’est le cas pour celui du Coud et de la Poste».
ABOUBACRY MBDOJ, SG DE LA RADDHO : «L’Ofnac doit assurer le suivi, pour que les recommandations ne soient pas lettre morte»
«Je pense qu’il y a vraiment une innovation par rapport aux rapports précédents. Cette fois-ci, nous constatons qu’il y a un travail très fouillé, surtout par rapport au volume de requêtes que l’Ofnac a traités, surtout les enquêtes qui ont été menées dans certains secteurs, comme la santé, l’éducation, l’administration civile. Nous avons constaté qu’il y a, en même un travail très sérieux qui a été mené, avec des experts chevronnés. Il y a également des recommandations fortes, allant dans le sens aujourd’hui de lutter efficacement contre la corruption et la fraude au Sénégal.
La deuxième chose maintenant, c’est que l’Ofnac dispose du pouvoir de saisine, ce que n’avait pas la Commission nationale de lutte contre la corruption, la non transparence et la concussion. Les recommandations que l’Ofnac a faites, il les a adressées à des organes qui ont des compétences à pouvoir assurer le suivi. Parce que l’Ofnac n’est pas une juridiction. C’est une institution administrative, certes dotée de compétences, mais le suivi dépendra d’autres compétences, telle que par exemple la justice. C’est à ce niveau que nous souhaiterions que l’Ofnac assure le suivi, pour que les recommandations issues de ce rapport ne soient pas lettre morte. Maintenant, même si ça ne relève pas de ses compétences, le rôle de suivi est extrêmement important. Il faut également reconnaître que le travail de suivi n’incombe pas seulement à l’Ofnac. Il faut que nous de la société civile, soutenions l’Ofnac dans sa mission. Cela est valable également pour les citoyens, car ils sont en train de faire un excellent travail de sensibilisation pour lutter contre la corruption, qui est un phénomène généralisé à tous les niveaux de la société sénégalaise».
BABACAR BA, PRESIDENT DU FORUM DU JUSTICIABLE : «Ça n’aura aucun sens que les dossiers dorment dans des tiroirs»
«D’abord, on se félicite du courage de l’Ofnac de publier ce rapport. Parce qu’au moins, ils ont pris leur courage à deux mains, en publiant ce rapport et en citant les noms de toutes les personnes, mais également des structures où on a noté une dose de corruption. Cela va permettre aux Sénégalais de savoir que telle ou telle personne, ou encore dans tel ou tel secteur il y a une corruption.
Mais au-delà même de la publication de ce rapport, qui relève plutôt du domaine de l’information, il faudrait aujourd’hui que l’Ofnac fasse un suivi vraiment rigoureux par rapport à ce dossier. Les enquêtes et la publication que l’Ofnac a menées, ce sont des étapes. Mais après, l’Ofnac va mettre sur la table du procureur toutes les plaintes. Il appartient au procureur de faire le nécessaire. Ça n’aura aucun sens, avec tout le travail que l’Ofnac a abattu, que les dossiers dorment dans des tiroirs. C’est très facile de dire que telle personne a été corrompue. Maintenant, le travail qu’il faut, c’est de faire un suivi rigoureux, pour que toutes les personnes liées à cette affaire de corruption soient sanctionnées. On a toujours fait des rapports au Sénégal, mais ça dort toujours dans les tiroirs. Donc, nous au niveau du Forum, nous pensons que le travail positif de l’Ofnac ne pourra être déterminé qu’à l’issue des dossiers. En faite, avec ce rapport, c’est le début du travail.
Nous, au niveau du Forum du justiciable, nous allons continuer à tirer la sonnette d’alarme. La corruption est un combat qui concerne tout le monde. Il n‘appartient pas uniquement à l’Etat du Sénégal ou à l’Ofnac de mener ce combat. Donc, nous aussi de la société civile, nous avons notre rôle à jouer.
Sudonline.sn
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