"Enfin, un jeune !" Youssef Chahed n’était toujours pas officiellement nommé que les réseaux sociaux tunisiens se félicitaient déjà de voir un quadragénaire occuper le poste de Premier ministre. À bientôt 41 ans, l’ancien ministre des Collectivités locales a été officiellement chargé, mercredi 3 août, par le président tunisien, Beji Caïd Essebsi, de former le gouvernement d'union nationale, qui succèdera à celui de Habib Essid, écarté ce week-end après un vote de défiance. Il dispose de 30 jours pour composer son équipe.
Dans un pays où le chef de l’État approche les 90 ans, l’âge du nouveau Premier ministre apparaît comme un atout. "Sa jeunesse passe bien auprès des Tunisiens qui ont l’impression, notamment depuis la révolution, que l’élite politique âgée ne représente pas la jeunesse", rapporte Sandro Lutyens, correspondant de France 24 à Tunis.
Une ascension rapide
Agronome de formation, Youssef Chahed est entré en politique en fondant, après la révolution de 2011, un petit parti, la Voie du centre. Dans le bouillonnement politique post-révolutionnaire, il rejoint une coalition de plusieurs partis, avant de participer à la création d'une autre formation, Al Joumhouri. En 2013, il rejoint enfin Nidaa Tounès, la formation qui a porté Beji Caïd Essebsi au pouvoir.
Alors qu'une profonde crise agite Nidaa Tounès, le président Essebsi lui montre déjà sa confiance, en le désignant à la tête d'une commission chargée de trouver une issue à la bataille, qui oppose son secrétaire général de l'époque, Mohsen Marzouk, au fils du chef de l'État, Hafedh Caïd Essebsi. Peine perdue : Nidaa Tounès implose et Mohsen Marzouk claque la porte pour fonder un autre parti.
Youssef Chahed reste dans les petits papiers du président. En janvier 2015, il est nommé secrétaire d’État à la Pêche, puis ministre des Collectivités locales un an plus tard. Une courte carrière qui lui vaut d’être considéré par l’opposition comme un homme politique inexpérimenté. D’autant que le nouveau Premier ministre vient d’un gouvernement sortant ayant fait l’objet d’une défiance.
"Il n'y a rien à cacher"
Mais la majorité des critiques vient de sa proximité supposée avec Beji Caïd Essebsi. Selon plusieurs médias tunisiens, Youssef Chahed serait le neveu du beau-fils du chef de l’État. Des liens présumés qui relancent les accusations de népotisme visant le président, déjà soupçonné par l'opposition et des membres de son propre parti de vouloir favoriser l'accession au pouvoir de son fils, Hafedh. "Cela ne passe pas forcément bien sachant que c’est la gestion des affaires par un seul clan familial, celui de Zine el-Abidine Ben Ali, qui a été à l’origine de la révolution", indique Sandro Lutyens.
Certains Tunisiens se sont également émus du fait que Youssef Chaheb ait servi des intérêts autres que ceux de son pays. En tant qu'expert dans le domaine agricole, le nouveau chef du gouvernement tunisien a effectivement travaillé avec les États-Unis et l’Union européenne. "Il n'y a rien à cacher", a fait savoir à l'AFP un proche de l’intéressé. Le Premier ministre désigné est "un homme intègre, bosseur, qui n'appartient pas à des lobbies et [...] connaît les vrais problèmes de la Tunisie", a-t-il ajouté sous le couvert de l'anonymat.
Plus pour Ennahda ?
"Aujourd'hui, nous entrons dans une nouvelle étape qui requiert des efforts, des sacrifices, de l'audace, du courage, de l'abnégation et des solutions sortant du cadre classique", a déclaré Youssef Chahed peu après sa désignation au palais présidentiel de Carthage. Ses priorités : la lutte contre le terrorisme et la corruption.
Sa première mission reste toutefois de composer un gouvernement. "Ce sera un gouvernement politique, un gouvernement de compétences, de jeunes", a-t-il promis, tout en s’engageant à ce que les femmes soient "mieux représentées". "En toute logique, il y aura plus de portefeuilles ministériels attribués au puissant parti islamiste Ennahda, qui dispose de plus important bloc parlementaire", ajoute Sandro Lutyens.
Mais les défis qui attendent le nouveau gouvernement sont surtout d’ordre économique. "La crise sociale reste la priorité, précise le correspondant de France 24. En effet, le taux de chômage est toujours en hausse et la croissance est très faible pour un pays en voie de développement. Ce nouveau gouvernement devra donc trouver une solution à la crise de confiance entre les dirigeants et les Tunisiens."
Dans un pays où le chef de l’État approche les 90 ans, l’âge du nouveau Premier ministre apparaît comme un atout. "Sa jeunesse passe bien auprès des Tunisiens qui ont l’impression, notamment depuis la révolution, que l’élite politique âgée ne représente pas la jeunesse", rapporte Sandro Lutyens, correspondant de France 24 à Tunis.
Une ascension rapide
Agronome de formation, Youssef Chahed est entré en politique en fondant, après la révolution de 2011, un petit parti, la Voie du centre. Dans le bouillonnement politique post-révolutionnaire, il rejoint une coalition de plusieurs partis, avant de participer à la création d'une autre formation, Al Joumhouri. En 2013, il rejoint enfin Nidaa Tounès, la formation qui a porté Beji Caïd Essebsi au pouvoir.
Alors qu'une profonde crise agite Nidaa Tounès, le président Essebsi lui montre déjà sa confiance, en le désignant à la tête d'une commission chargée de trouver une issue à la bataille, qui oppose son secrétaire général de l'époque, Mohsen Marzouk, au fils du chef de l'État, Hafedh Caïd Essebsi. Peine perdue : Nidaa Tounès implose et Mohsen Marzouk claque la porte pour fonder un autre parti.
Youssef Chahed reste dans les petits papiers du président. En janvier 2015, il est nommé secrétaire d’État à la Pêche, puis ministre des Collectivités locales un an plus tard. Une courte carrière qui lui vaut d’être considéré par l’opposition comme un homme politique inexpérimenté. D’autant que le nouveau Premier ministre vient d’un gouvernement sortant ayant fait l’objet d’une défiance.
"Il n'y a rien à cacher"
Mais la majorité des critiques vient de sa proximité supposée avec Beji Caïd Essebsi. Selon plusieurs médias tunisiens, Youssef Chahed serait le neveu du beau-fils du chef de l’État. Des liens présumés qui relancent les accusations de népotisme visant le président, déjà soupçonné par l'opposition et des membres de son propre parti de vouloir favoriser l'accession au pouvoir de son fils, Hafedh. "Cela ne passe pas forcément bien sachant que c’est la gestion des affaires par un seul clan familial, celui de Zine el-Abidine Ben Ali, qui a été à l’origine de la révolution", indique Sandro Lutyens.
Certains Tunisiens se sont également émus du fait que Youssef Chaheb ait servi des intérêts autres que ceux de son pays. En tant qu'expert dans le domaine agricole, le nouveau chef du gouvernement tunisien a effectivement travaillé avec les États-Unis et l’Union européenne. "Il n'y a rien à cacher", a fait savoir à l'AFP un proche de l’intéressé. Le Premier ministre désigné est "un homme intègre, bosseur, qui n'appartient pas à des lobbies et [...] connaît les vrais problèmes de la Tunisie", a-t-il ajouté sous le couvert de l'anonymat.
Plus pour Ennahda ?
"Aujourd'hui, nous entrons dans une nouvelle étape qui requiert des efforts, des sacrifices, de l'audace, du courage, de l'abnégation et des solutions sortant du cadre classique", a déclaré Youssef Chahed peu après sa désignation au palais présidentiel de Carthage. Ses priorités : la lutte contre le terrorisme et la corruption.
Sa première mission reste toutefois de composer un gouvernement. "Ce sera un gouvernement politique, un gouvernement de compétences, de jeunes", a-t-il promis, tout en s’engageant à ce que les femmes soient "mieux représentées". "En toute logique, il y aura plus de portefeuilles ministériels attribués au puissant parti islamiste Ennahda, qui dispose de plus important bloc parlementaire", ajoute Sandro Lutyens.
Mais les défis qui attendent le nouveau gouvernement sont surtout d’ordre économique. "La crise sociale reste la priorité, précise le correspondant de France 24. En effet, le taux de chômage est toujours en hausse et la croissance est très faible pour un pays en voie de développement. Ce nouveau gouvernement devra donc trouver une solution à la crise de confiance entre les dirigeants et les Tunisiens."