VIDÉO L'ancien président français François Hollande était à Molenbeek ce lundi matin. Il a visité avec le Premier ministre Charles Michel l'exposition "Traits d'union - le vivre ensemble en dessins de presse" au Château du Karreveld.
Ouverte ce samedi, cette expo montre 80 dessins sur le thème du vivre ensemble et de la liberté d'expression, sélectionnés par Cartooning for Peace, une association qui regroupe plus de 160 dessinateurs à travers le monde, et des jeunes de l'atelier ciné-photos de la Maison des Cultures de Molenbeek.
"Je voulais revenir ici à Molenbeek pour montrer que ce quartier était aussi porteur de valeurs, de principes, de liberté", a déclaré François Hollande après avoir évoqué les attentats de Paris et le fait que des terroristes étaient issus de Molenbeek-Saint-Jean. "Il y a effectivement un symbole dans le fait de se retrouver ici deux ans après. C'est montrer qu'il y a un espoir, une lumière, et que si nous devons nous montrer intraitable par rapport au terrorisme islamiste, nous devons aussi porter un certain nombre de messages qui montrent que l'avenir peut être différent du présent."
Plantu, Kroll et Philippe Geluck présents
"A côté des moyens sécuritaires qui sont nécessaires, il y a avant tout la promotion des valeurs : la liberté d'expression, la tolérance, le fait qu'on est libre de croire comme de ne pas croire...", a ajouté Charles Michel (MR).
Après la visite de l'exposition, les deux hommes ont pris part à une table ronde avec le Conseil des jeunes de Molenbeek-Saint-Jean, la bourgmestre Françoise Schepmans (MR) et les caricaturistes Plantu, Kroll et Geluck.
L'ancien président français a discuté avec des jeunes Molenbeekois
Certains jeunes ont fait valoir qu'ils n'appréciaient pas les caricatures sur les religions. "La liberté d'expression est une garantie du vivre ensemble", leur a répondu François Hollande. "Si on commençait à s'attaquer aux libertés des dessinateurs, c'est la vôtre qui serait bientôt mise en cause."
François Schepmans a souligné l'importance de discuter des désaccords dans le respect. La colère envers un caricaturiste ne doit pas se transformer en violence, a aussi insisté Charles Michel.
"Beaucoup de personnes, de différentes religions, ont dit après les caricatures de Mahomet qu'il fallait des lois contre le blasphème, mais le blasphème ne concerne que ceux qui pratiquent une religion", a rappelé de son côté le caricaturiste Kroll. "Quant à la provocation à l'encontre des religions, j'ai expliqué aux jeunes que nous sommes un peu des désobéissants, mais c'est important car personne ne voudrait vivre dans un monde où il faudrait obéir nuit et jour à quelqu'un qui donne des ordres."
"On a une sacralité commune, celle de la vie humaine"
Pour sa venue dans la commune bruxelloise, l'ex-président français a également eu droit à une chanson interprétée par les élèves de l'école communale 7 de Molenbeek, tirée d'un spectacle sur la liberté d'expression créé l'an passé en collaboration avec la Maison des Cultures.
Enfin, Mohamed El Bachiri, dont l'épouse Loubna Lafquiri a été tuée dans l'attentat de Maelbeek, a remis des exemplaires de son livre "Un jihad de l'amour" à François Hollande et Charles Michel. "Ce qui est sacré pour moi ne l'est pas forcément pour l'autre, mais on a une sacralité commune, celle de la vie humaine", a-t-il conclu à l'issue de la rencontre.