Prêt nébuleux de prés de 8 milliards: la Bank Of Africa exige son dû, Amadou Bâ et Pape Aly Guèye dans la nasse

Rédigé par Dakarposte le Mardi 27 Décembre 2016 à 09:06 modifié le Dimanche 13 Juin 2021 18:39

Laurent Robert Basque, ancien Directeur général de la filiale sénégalaise de la Bank of Africa (Boa) décédé, doit encore se retourner dans sa tombe. Le fameux prêt d’environ 8 milliards de nos francs qu’il avait accordé au richissime Pape Aly Guèye, suite à un coup de pouce de… Amadou Bâ, ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, n’a toujours pas été honoré. 

Et avec le deadline fixé au… 31 décembre prochain, son successeur «exige» le paiement du montant. Qui va payer : Pape Aly Guèye ou Amadou Bâ ? pour quel travail ce montant a-t-il été dégagé ? Où est parti l’argent ? Où cela a-t-il été dépensé ? Comment cela a été distribué ? «Les Echos» a depuis très longtemps déployé ses radars à la seule banque sénégalaise cotée en bourse, à la commission bancaire, au ministère et partout, pour connaître l’évolution de l’affaire.


 Encore un scandale financier objet de toutes les railleries, dans les endroits sélects où se rencontrent les banquiers. Et encore une fois, c’est le nom du ministre de l’Economie, des Finances et du Plan qui est cité. Du «Bernard Madoff à la sauce sénégalaise». Dans un montage financier «ingénieux», Pape Aly Guèye, grâce au coup de pouce du ministre Amadou Bâ, parvient à obtenir un prêt de quelque 8 milliards de nos francs auprès de la Bank of Africa (Boa) alors dirigée par Laurent Robert Basque. 


Des échéanciers passent sans que la dette ne soit honorée. Entre-temps, des suites d’une crise cardiaque, le Directeur général Laurent Robert Basque rend l’âme. Il est remplacé par Mamadou Igor Diarra. Ce dernier, ancien ministre malien des Finances et banquier réputé (il a été Directeur général de la Banque internationale pour le Mali), maîtrise les rouages de l’administration et sent à mille lieues tout dossier nébuleux qui lui est présenté. Le deadline étant fixé au 31 décembre prochain, il demande que le prêt soit honoré. Nos sources au sein de la Boa indiquent même qu’il y est contraint. 

D’autant qu’il va être obligé de le provisionner si le prêt n’est pas remboursé à date échue. Surtout que la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), à travers la commission bancaire, ne tolère aucun écart de ce genre. Le capital de la Boa étant de 12 milliards et l’institution financière étant cotée à la Bourse régionale des valeurs mobilières (Brvm), il est impensable de ne pas recouvrer un tel montant ; et le risque est grand de le provisionner dans le bilan annuel.

LES ECUEILS DES CONTRACTANTS ET LA RISEE DES CONCURRENTS

 Selon toujours nos sources au sein de la Boa, il y a beaucoup d’écueils. L’affaire est tellement grosse que leurs collègues des autres institutions bancaires la suivent de très près, en se demandant avec quelle acrobatie Amadou Bâ et Pape Aly Guèye peuvent s’en sortir.

Est-ce que Pape Aly Guèye va payer d’ici samedi la manne financière ? A défaut, le ministre Amadou Bâ va-t-il mettre la main à la poche. Le cas échéant, où va-t-il puiser un tel montant pour un fonctionnaire, si haut placé soit-il ? Va-t-on, comme cela a déjà été fait dans le passé, recourir à un Dépôt à terme (DAT).

De toute façon, «Les  Echos», qui est à l’affût depuis le début, continue de suivre cette affaire rocambolesque.

Nos informateurs se posent d’autres questions : à quoi a servi l’argent ? Quel projet a-t-il financé ? Qui en a bénéficié ? Comment cela a-t-il été dépensé ?

Des questions que tout le monde se pose et auxquelles personne n’a jusqu’ici trouvé la moindre réponse.

Cheikh Oumar NDAW
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