Par Ndongo Daara Faal
Ce sont les partisans de Karim Wade et certains responsables du Pds qui, les premiers, ont fait la remarque : C’est toujours un jeudi que toutes les procédures concernant le dossier du fils de l’ancien président de la République ont eu lieu. De sa première convocation à la Section de Recherches de la Gendarmerie nationale jusqu’à sa convocation devant le Procureur spécial de la Crei, en passant par les multiples mises en demeures qui lui ont été servies, les notifications de prolongation de sa très longue détention préventive, les innombrables renvois de son procès et la tenue du procès en question, tout s’est passé un jeudi. Sans exception, jusqu’à son exil nocturne vers le Qatar !
Il se trouve que Khalifa Sall est dans les mêmes jeudis et ses partisans ne manquent pas de le constater. Tous les actes de la procédure le concernant sur la question de la caisse d’avance ont eu lieu un jeudi. Même ses coaccusés, innocents et non concernés dans la bataille politique qui l’oppose au Président Macky Sall ont été toujours convoqués un jeudi tant à l’enquête de police que lorsqu’ils ont été déférés devant le Procureur, et tous les actes d’instruction qui les concernent ont également eu lieu un jeudi. Le jeudi, c’est le jour où les destins des adversaires les plus dangereux du Président Sall pour l’obtention de son deuxième mandat sont scellés. Karim Wade est en exil forcé dans le Golfe, Khalifa Sall sera fatalement condamné et déchu de ses droits pour une affaire de «fonds politiques gérés par un adversaire» et selon le bon vouloir de Macky Sall et, le jeudi est le jour du sacrifice de tous ces empêcheurs d’être élu sur l’autel de ce deuxième mandat qui lui est si cher.
Naturellement, ceux qui notent que tout se passe le jeudi n’hésitent pas à évoquer un caractère mystique dans le choix de ce jour de la semaine pour les actes juridiques tendant à incriminer et à condamner les prétendants réputés les plus sérieux contre Macky Sall pour la présidentielle de 2019 (qui aurait dû avoir lieu en 2017 s’il avait tenu parole…). Est-ce à dire que le jeudi a une signification particulière pour le régime en place et, le cas échéant serait-on face à un état qui pratique la chiromancie ou la numérologie pour asseoir son pouvoir ? Les «Saltigués» et autres «Boukhaabas» ont-ils investi plus que de raison le champ cartésien du jeu politique et de la vie publique ? On comprendrait alors pourquoi un taureau noir a été sacrifié à Diass à quelques heures de l’inauguration du nouvel aéroport et que les premiers avions qui y ont atterri ont été copieusement aspergés de «safara» par des camions citernes. Dieu saura-t-il reconnaître les Siens dans cette partie de rituels païens ? Yalla rek a xam !