Pourquoi la SGBS réclame de fausses créances ?

Rédigé par Dakarposte le Samedi 12 Décembre 2015 à 10:08 modifié le Samedi 12 Décembre 2015 10:11

Leral.net

La capitale sénégalaise ne bruit que de cette information parue chez nos confrères de Libération. Inculpé et placé sous mandat de dépôt à la prison du Cap Manuel, note Libération, l’homme d’affaires Zoheir Wazni n’est en réalité que l’arbre qui cache la forêt à la Société Générale de banque au Sénégal (Sgbs).


Le patron des sociétés Atol Sa, Semco, Siparco et Siplast a été écroué par le Doyen des juges suite à une plainte de la Sgbs qui lui réclame 8 milliards. Mais "Libération" pense savoir que cette somme n’est qu’une miette comparée aux 119 milliards de la Sgbs qui sont dans la nature. Une créance non recouvrée qui serait à l’origine de la baisse du chiffre d’affaires de cette banque en 2014, avec une perte de 36,4 milliards, même si la Sgbs dispose de fonds propres qui lui permettent d’honorer ses engagements. 

Le paradoxe 

Ce qui est paradoxal dans cette affaire et qui taraude bien des esprits est : par quel truchement toute cette manne a disparu? Autrement dit, 119 milliards ne peuvent pas disparaître dans une banque. Avec la traçabilité somme toute rigoureuse en cours dans les établissements bancaires, il est quasi impossible qu'un centime disparaisse. 

La Sgbs, qui traîne la mauvaise réputation de "banque qui viole le secret bancaire" (donc soupçonné de divulguer de telles informations via la presse), devrait plutôt parler de créances douteuses et litigieuses. 

Le raisonnement est simple : des numéraires ont été prêtés à des gens, des sociétés, bref à des clients qui ne sont pas en mesure de rembourser. Donc, l'argent se trouve chez des clients. Il s'agit donc de sommes à recouvrer et non qui se seraient volatilisées. En somme, cela ne peut en aucun cas se perdre. 

Si et seulement si, ces bénéficiaires de crédit n'épongent pas leurs ardoises, leurs garanties (si elles existent) à savoir : leurs maisons, immeubles, entre autres biens, devraient être saisis et le compte est bon. 

Quand la SGBS viole le secret bancaire 

Des échos qui parviennent à leral.net, il se dit que la SGBS, sous Nanteuil, n'appliquerait pas l'engagement dit de protection de la vie privée de ses clients. Or, cet établissement bancaire est tenu de protéger la vie privée et les renseignements personnels, notamment les dossiers en cours de ses clients ; quelle que soit la situation. Les informations divulguées sur ces clients dans "Libé" attestent en tout cas, cette violation du secret bancaire. 

Et, ceux qui ont fait confiance à la SGBS se font du sang d'encre après que la banque a fini de recueillir des renseignements personnels sur eux. Bref, la SGBS se doit de protéger la confidentialité de tous les renseignements personnels dont elle dispose sur ses clients. 

En l'état actuel des choses, il est également reproché au service communication de cette banque "d'être derrière ces fuites d'informations concernant leurs clients en difficulté". 

Quoi qu'il en soit, il incombe (encore une fois) à la tutelle, au premier chef le Directeur Général, d’assurer la protection des renseignements personnels des clients. 

Quand la gestion de Yann de Nanteuil est décriée 

Dans un tout autre registre, un quotidien de la place sonnait récemment le tocsin sur le grand danger sur la Société générale des banques du Sénégal (Sgbs). Cette grosse boîte financière de la place est plongée dans une profonde crise économico-sociale, depuis quelques temps. Nombres d’observateurs prédisent la mise en oeuvre d’un « plan de liquidation », caché des décideurs français, lisait-on précisément chez nos confrères de Grand Place. 

Et ce canard de faire cas de cette crise notée à la Société générale des banques du Sénégal (Sgbs) . Crise à la fois financière et sociale. Une mauvaise passe qui risque d’atterrir devant les juridictions Sénégalaises et ou française. Depuis l’arrivée du nouveau Directeur général, Yann De Nanteuil, à la tête de ladite institution bancaire, une vague de licenciement, "loin d’être stratégique", a été constatée. 

Plusieurs hauts responsables selon Grand Place, «les principales têtes pensantes » ont été soit licenciées, soit « poussées à la sortie », selon nos sources qui citent : « Des cadres qui étaient responsables du pool commercial, des forfaits commerciaux, Directeur financier et même des délégués du personnel, en toute violation de la législation du travail ». 

Le licenciement de délégués du personnel étant encadré par un certain nombre de soupapes de sécurité juridiques. Sur la gestion du nouveau Directeur de la Sgbs, Yann De Nanteuil, qui n’est pas banquier mais spécialiste du droit du travail, ancien inspecteur du Bercy (ministère de l’économie et des finances), il y a beaucoup de choses à dire. Un syndicaliste de la Sgbs témoigne : « Depuis fin 2012, le nombre d’agents de la banque est passé de 800 à environ 600 éléments. Les bénéfices ont chuté. De 12 milliards, elles sont tombées à 2 milliards de francs, en une année seulement. Depuis quelques mois, la banque affiche des pertes évaluées à 8 milliards de francs. 

Force est de constater qu’il y a une grave régression, exercice après exercice, comme s’il y a une volonté d’aller vers la fermeture de la boîte » 

Sur un autre registre, il faut rappeler qu’il y a environ six mois, des bruits faisant état de la volonté des grands décideurs de la banque de se retirer du Sénégal, avait été distillés. Compte tenu de la régression ainsi dénoncée par les sources internes de la Sgbs, et des licenciements en cascade, le personnel exprime toutes ses inquiétudes.
 
 
Cheikh Amidou Kane
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