Pour une assiette de riz : Il tue son ami et risque 20 ans de travaux forcés

Rédigé par Dakarposte le Vendredi 23 Juin 2017 à 04:20 modifié le Vendredi 23 Juin 2017 04:22

20 ans de travaux forcés, telle est la peine requise par le maître des poursuites contre l’accusé Babacar Camara. Il a été attrait à la barre de la chambre criminelle de Dakar, hier, pour meurtre. Il ressort des débats d’audience qu’il avait assené un coup de couteau à son ami qui refusait de partager avec lui son assiette de riz.

Un fait triste mais insolite a été jugé, hier, à la barre de la chambre criminelle de Dakar. En effet, l’accusé Babacar Camara a été attrait à la barre de cette juridiction pour avoir tué son ami pour une assiette de riz. Et si en rendant sa décision le 4 juillet prochain le Président suit le parquet ans son réquisition, l’accusé encourt 20 ans de travaux forcés. Le procès-verbal d’enquête renseigne que le 19 avril 2011, les éléments du commissariat de Bel air ont été informés de l’existence d’un corps sans vie aux côtés de la voie ferrée, non loin du Camp Abdou Diassé. Un transport effectué sur les lieux a permis aux enquêteurs de voir un corps couché sur le dos et présentant des blessures sur la main gauche et au niveau de la poitrine. Ils ont aussi constaté des traces de sang fraîches. 

Une enquête a été ouverte et la police a appris que l’auteur des faits a escaladé le mur pour prendre la fuite aussitôt après les faits. Il faut dire que c’est grâce à l’aide d’une tierce personne que les enquêteurs ont pu identifier le tueur. Ainsi, ils se sont activés à sa recherche et ce n’est que 10 jours après les faits qu’ils l’ont appréhendé.

« Je lui ai donné un coup de couteau pour me défaire de sa prise »

Soumis au feu roulant des questions par les enquêteurs, il a déclaré avoir donné un coup de couteau à la victime, Poulo, à la case thoracique au cours d’une bagarre. C’était pour se défaire de la prise de la victime qui avait fini de le maîtriser. Sur une question de savoir pourquoi ils se sont bagarrés, l’accusé a déclaré, devant les enquêteurs et devant le juge d’instruction, que les faits se sont produits à l’heure du déjeuner. 

Ce jour-là, comme il n’avait pas d’argent par devers lui, il a proposé à Poulo de partager avec lui son repas. Ce que ce dernier a refusé avant de l’insulter. Selon lui, il s’en est suivi une bagarre au cours de laquelle il a donné à coup de couteau ayant entraîné la mort sans en avoir l’intention de la donner. « Le couteau appartient à qui ? », a lancé les enquêteurs. 

L’accusé rétorque : « j’ai l’habitude de garder toujours un couteau dans ma poche pour des mesures de sécurité ». Cependant, à la barre de la chambre criminelle, hier, l’accusé a certes reconnu les faits de meurtre, mais a changé de fusil d’épaule, arguant que c’est au cours d’une agression qu’il a tué la victime.

« Ce jour-là, je quittais mon lieu de travail pour rentrer à la maison. C’est sur ces entrefaites que Poulo s’est présenté devant moi. Il m’a menacé avec un couteau de prendre mes chaussures et mon argent. On s’est battu par la suite mais comme il avait un couteau, je l’ai mordu, désarmé, avant de lui planter un coup de couteau », s’est-il défendu.

« J’étais ivre au moment des faits »

« Quelle partie du corps avez-vous visé ? », a interrogé le Président de la chambre criminelle. L’accusé a répondu qu’il ne saurait le dire. « J’étais ivre au moment des faits, donc je ne peux pas savoir. J’avais pris trois à quatre verres d’alcool. Toutefois, je me rappelle que lors de l’agression, il m’avait neutralisé en me donnant des coups de poing. De peur qu’il ne me tue, je l’ai désarmé et je lui ai assené un coup de couteau », a-t-il déclaré. 

Toutefois, il dit regretter son acte parce qu’il commence à avoir des fuites de mémoire. Et, il a perdu la raison. Pour sa part, le maître des poursuites a soutenu que ces tentatives de dénégations devant la barre ne sauraient prospérer. « Il a soutenu qu’au moment de sa prise avec la victime, il a réussi à désarmer cette dernière. Donc, il n’avait pas à attenter à la vie de la victime. Le coup a été violent car la victime est morte sur le champ. Aussi, il ne résulte pas d’esquisse de provocation ni de légitime défense sur cette affaire », a dit la parquetière qui a demandé à la chambre de déclarer l’accusé coupable de meurtre, et pour la peine de le condamner à 20 ans de travaux forcés. Quant à la défense, elle a déclaré que son client a fait de dénégations à la barre par désespoir. « C’est la peur. C’est l’émotion et il pense qu’en le faisant, il allait s’en sortir. 

Il y a eu bagarre et il y a eu malencontreusement mort d’homme. Ils se bagarraient pour une assiette de riz », a dit la défense qui a sollicité la disqualification des faits en coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Après avoir fini de disqualifier les faits, la défense a demandé de lui faire une application bienveillante de la loi. L’affaire a été mise en délibéré pour le 4 juillet prochain.

Cheikh Moussa SARR 
Dakarmatin.com
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