Peut-il y’avoir un George Weah sénégalais ?

Rédigé par Dakarposte le Vendredi 29 Décembre 2017 à 10:51 modifié le Vendredi 29 Décembre 2017 10:53

Seul footballeur africain à avoir remporté le ballon d’or en 1995, George Weah a brisé un tabou absolu dans le continent en devenant, ce jeudi 28 décembre, le premier sportif de haut niveau à être élu président de la République. A 51 ans, l’un des plus grands buteurs de l’histoire du football a pris une revanche sur l’Histoire: en 2005, le monde entier, les Etats-Unis en tête, s’était coalisé pour lui ravir une victoire nette, au profit de son adversaire d’alors, Ellen Johnson Sirleaf. Le Liberia sortait d’une guerre civile qui a traumatisé le monde par ses 250 000 morts entre 1989 et 2003. Il était plus rassurant de confier le pays à une femme mure issue des institutions de Bretton Woods plutôt qu’à un objet politique non identifié, un footballeur fraîchement retraité qui avait le profil-type d’un aventurier. Deux mandats de Sirleaf plus tard, le peuple libérien vient d’administrer une gifle aux politiciens et apparatchiks de tout acabit.

Opposé à Joseph Boakai, vice-président d’Ellen Johnson Sirleaf pendant douze ans, Weah lui a infligé une sévère défaite. L’ampleur de sa victoire tourne autour de 61,5 pour cent, signe du rejet de politiques sclérosés incapables de satisfaire les aspirations de la population. Pareille option des Libériens s’inscrit dans une tendance de plus en plus lourde en Afrique, où les peuples n’en peuvent plus de politiciens incompétents et corrompus.

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Notre pays, le Sénégal, qui a vécu quarante ans de pouvoir socialiste, puis douze ans de régime libéral, enfin bientôt six ans de libéralisme à la sauce Macky, n’est toujours pas arrivé à régler les problèmes du plus grand nombre. Les Sénégalais votent pour substituer des oligarchies kleptomanes et inefficaces à d’autres. Le discrédit des politiciens aux yeux de nos compatriotes est patent.

Au cas où Macky Sall échoue, si un homme qui s’est fait tout seul, loin des combines politiciennes, présente un discours digeste, nous pourrons connaître un Weah sénégalais. Même si la culture, sous nos cieux si portés à la méchanceté et à l’envie, est de tuer les icônes, le Sénégal ne peut pas continuer à s’accommoder de politiciens généreux en promesses qui, une fois élus, ne servent que leurs intérêts propres et ceux de leurs proches.

L’heure n’est pas loin où un homme neuf dans tous les sens du terme va mettre fin à plus d’un demi-siècle d’incompétence et de tricherie. Ceux qui en doutent doivent méditer le cas de la France, pris en otage pendant de longues décennies par deux familles politiques qui se relayaient au pouvoir. Au bout de tant d’échecs, un ovni politique de moins de 40 ans, à la tête d’un mouvement âgé de moins d’un an, a balayé toutes les oligarchies politiques pour s’installer à l’Elysée.

Cheikh Yérim Seck
Yerimpost.com

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