Passé-Présent - Théoricien de l’éthique politique en 2012 : Macky transhume

Rédigé par Dakarposte le Samedi 18 Avril 2015 à 13:32 modifié le Dimanche 5 Juillet 2015 23:51

Le chef de l’Etat a fait l’apologie de la transhumance, jeudi, face à la presse à Kaffrine. Pourtant, candidat de Macky2012, il avait invité, sur Walf Tv, à mettre de l’éthique dans la politique. Sa position sur la question a changé parce qu’il se trouve dans une autre position.

Macky Sall au pouvoir ne veut plus entendre le terme «transhumance» qui est «inacceptable» à ses yeux. Mais Macky Sall candidat à la présidence de la République ne faisait pas cette remarque aux journalistes de Walf Tv qui le recevaient à l’émission Perspectives 2012. «Dès lors que les gens viennent avant la victoire», c’était concevable selon lui. Il refuse aujourd’hui que ces transhumants soient assimilés à du «bétail qui quitte des prairies moins fournies pour aller vers des prairies mieux fournies». Et il traitait hier ces mêmes transhumants de «rats qui quittent le navire parce que le naufrage est imminent». Face à la presse à Kaffrine, jeudi, le chef de l’Etat ne voit rien d’«amoral» dans ces mouvements politiques et se demande au nom de quel principe voudrait-on traiter ainsi les politiques. C’est bien au nom de l’éthique, comme il le disait lui-même : «Ce qui est déplorable, c’est que certains attendent que d’autres se battent et gagnent pour venir ensuite les bousculer.» Même si, assurait-il à Kaffrine, «nous ne les débauchons pas à coups de milliards ; nous ne leur donnons pas non plus tout de suite des postes». Face à Walf Tv, le candidat de Macky2012 ajoutait : «On ne peut pas continuer à faire la transhumance telle qu’elle se pratique aujourd’hui parce qu’il faut mettre de l’éthique dans tout cela. Il faut que les gens reviennent aux valeurs. C’est extrêmement important parce que nous ne pourrons pas changer positivement notre pays si nous restons dans le boul faalé (je-m’en-foutisme) et le masla (compromis) où chacun peut faire ce qu’il veut et, après, on se tapote l’épaule entre camarades.»

Transhumance n’est pas majorité
En justifiant la transhumance, Macky Sall a relevé que la Constitution garantit la liberté d’aller et de venir. Mais d’aller où ? De venir où ? S’il est vrai que tout parti au pouvoir peut légitimement se massifier pour se maintenir, il reste que ceux qui sont plus déterminants dans une (ré)élection sont plus ceux qui ne sont d’aucun parti. Et le Président Sall l’a compris en avouant que «les acteurs politiques au Sénégal ne sont pas nombreux». «Nous avons à peu près 5 millions d’électeurs sur 13 millions de Sénégalais», précise-t-il. Mais combien de transhumants y a-t-il parmi ces 5 millions d’électeurs ? Et combien sont-ils d’ailleurs à avoir sanctionné la transhumance version Wade avec sa Cap 21 et ses Fal2012 ?
En prenant exemple sur lui, il s’est pourtant rendu compte qu’il peut gagner sans eux. «Je viens du Pds. Je m’y sentais mal à l’aise. Je l’ai quitté, j’ai créé ma formation, j’ai travaillé et j’ai gagné», rappelle-t-il fièrement. Justement, lui-même a été victime d’une guerre sans précédent de ses adversaires, amorale parce qu’avec des armes non conventionnelles. En 2012, c’est le message de l’éthique et de la moralisation de la vie politique qui a parlé dans les urnes. Contre la transhumance et le wax waxeet ; donc le respect de la parole donnée, entre autres. Macky Sall estime que tirer sur la transhumance, c’est lui demander de «scier la branche sur laquelle (il) est assis». C’est que la «branche» de la transhumance n’est pas si rigide qu’on le croit. Sinon Wade n’en serait pas tombé.

Le Quotidien
Cheikh Amidou Kane
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