PING ne danse pas BONGO

Rédigé par Dakarposte le Samedi 1 Octobre 2016 à 11:59 modifié le Samedi 1 Octobre 2016 12:02


CHRONIQUE DE WATHIE

Il ne veut pas du dialogue auquel le président du Haut-Ogooué, pardon du Gabon, a appelé. Il, c’est Ping. Jean Ping, pour ne pas le confondre avec le logiciel portant le même nom. Sûr de sa victoire qu’il a annoncée avant même que les Gabonais ne se rendent aux urnes, Jean Ping est décidé à jouer les prolongations d’une présidentielle qui s’est déjouée d’avance. «Voilà quelqu’un qui a été désavoué par le peuple et battu dans les urnes, qui demande à celui à qui il a volé l’élection de venir dialoguer avec lui. Il le demande de surcroît le révolver sur la tempe, les hélicoptères d’attaque et les mirages volant à basse altitude au-dessus de nos maisons. (…) Nous n’irons à aucun dialogue sous l’égide de cet imposteur ». Oups ! Que le dernier mot de Ping siffle fort. Il ne reste plus que le Pong pour qu’Ali soit complétement étourdi. L’opposant est amer et ne s’en cache pas. Il a dirigé la Commission de l’Union Africaine pourquoi devrait-on lui refuser le Gabon qui ne compte même pas deux millions d’habitants. D’autant que, sur les neuf provinces que compte le Gabon, il en a remporté huit. La démocratie gabonaise étant tellement généreuse et le pays tellement économe, un deuxième tour ne fait pas partie des habitudes gabonaises. Ainsi, avec 49,85% des suffrages exprimés, Ali Bongo s’est rassis plus confortablement sur le fauteuil de président et appelle désormais au dialogue, à un gouvernement d’ouverture.
« A ses appels trompeurs à un dialogue de légitimation, nous disons non. (…)   Personnellement, dans mes fonctions nationales et internationales, je n’ai cessé de pratiquer le dialogue. Donc je ne suis pas fondamentalement contre le dialogue. Ma position à ce sujet est claire, je ne m’associerai pas à cette vaine tentative de légitimation de la forfaiture que les Gabonais dénoncent», lui rétorque Ping, décidé à ne pas danser autour du feu au rythme des bongos.
« Le monde entier connait aujourd’hui qui est le président de la République gabonaise. C’est moi, Jean Ping ». On aurait dit un de ses vieux colons moustachus jouant à se faire peur dans une certaine contrée africaine aux habitants réfractaires.  Mais, puisque la nationalité gabonaise d’Ali Bongo pose plus question que celle de Ping, nul besoin de s’attarder. D’autant que, Ping s’est assez montré en Afrique pour ne pas passer pour un Fujimori gabonais. Maintenant que cette question n’est pas à l’ordre du jour, du moins pour ce qui le concerne, ce qu’il veut, c’est «son» pouvoir.
Jean Ping, qui a vu certains chefs d’Etat africains (le syndicat), faire la queue pour assister à la prestation de serment d’Ali Bongo, ne compte guère sur l’UA. Pour avoir bourlingué un peu partout, grâce, notamment, à ses hautes fonctions (Ministre d’État, ministre gabonais des Affaires étrangères, de la Coopération et de la Francophonie de 1999 à 2008, président de l’Assemblée générale des Nations unies de 2004 à 2005 et président de la Commission de l’Union africaine de 2008 à 2012), l’opposant a enjambé l’Afrique et est allé chercher solution du côté de la Cour Pénale Internationale (CPI). Celle-là même qui traque Omar El-Béchir, le président soudanais et qui n’a lâché son homologue Kenya, Uhuru Kenyatta, qu’après moult tractations. Jean Ping, très hospitalier, invite Amnesty international et la CPI à venir au Gabon. Pour lui, ce qui s’est passé le 31 août dernier n’est pas loin de ce qui est reproché à Laurent Gbagbo. Attendez de voir la réaction de la gambienne qui préside aux destinées de ladite cour avant de vous moquer. En effet, comme s’il se sont passé le mot, Fatou Bensouda a annoncé, jeudi dernier, un «examen préliminaire, afin de déterminer si les critères imposés pour l’ouverture d’une enquête sont réunis». Et, avec cette gambienne, aussi imprévisible qu’un certain Jammeh, Ali Baba, pardon Ali Bongo, ferait mieux de surveiller ses arrières. L’avocate a tendance à oublier ce qui se passe chez Yahya pour ne s’intéresser qu’aux pays désignés par les bailleurs du tribunal. A défaut de rendre le bongo inaudible en le balançant au fond d’un trou,  Bensouda pourrait bien aider Ali à perdre du poids.
Par Mame Birame WATHIE
Cheikh Amidou Kane
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