Il n’en paie pas la mine. Et pourtant, Macky Sall est le plus politique des quatre chefs d’Etat que le Sénégal ait connus. Senghor était une redoutable bête politique. Diouf, pas du tout. Wade a semblé pouvoir rivaliser par moments avec Senghor. Mais Macky Sall, visiblement, les dépasse tous.
Non pas qu’il soit le plus rusé, encore moins le plus stratège. Mais il est des quatre celui qui ne pose aucun acte sans penser au préalable au gain politique qu’il peut en tirer. En somme, il le plus calculateur et ne fait jamais rien pour rien.
Aujourd’hui, sa seule préoccupation est de bâtir sa victoire en 2019 bien avant le moment de vérité. Pour preuve, après avoir identifié ses adversaires potentiels, il s’emploie quotidiennement à les fragiliser, voire à les anéantir, l’un après l’autre.
Très tôt, il a coupé Idrissa Seck de ses principaux lieutenants. Et non content de faire le vide autour du président de « Rewmi », il a débauché et/ou promu des responsables politiques thiéssois, leur donnant ainsi les moyens d’aller à l’assaut de son fief de la Cité du rail.
Après avoir pratiquement muselé le redoutable leader de « Rewmi », il est également parvenu à résoudre l’équation Karim Wade. Du moins, pour l’instant. S’apercevant de l’extraordinaire popularité de Wade fils en prison, il a su trouver à travers l’appel au pardon des guides religieux un bon prétexte pour lui accorder sa grâce. Avant de le contraindre à l’exil au Qatar pour une durée indéterminée.
Auparavant, il avait réussi à refreiner l’ardeur des libéraux les plus radicaux dont les responsables des jeunesses libérales, Bara Gaye et son successeur Toussaint Manga, Mouhamadou Lamine Massaly, Samuel Sarr et Oumar Sarr, pour ne citer que ceux-là. Ils se sont tous retrouvés un moment derrière les barreaux. Tout comme l’ex-sénatrice Aïda Ndiongue, considérée à tort ou à raison comme l’argentière du Pds à l’absence de Wade, et dont la fortune a fini par être confisquée par l’Etat. De même, tout porte à croire que l’actuelle majorité n’est pas étrangère à la guéguerre entre Modou Diagne Fada et Aïda Mbodj autour de la présidence du groupe parlementaire des libéraux et démocrates. Bref, le danger que représentaient le Pds et son candidat à la présidentielle Karim Wade, n’est plus aussi évident qu’il y a quelque temps.
Pour sa part, Khalifa Sall voit ses principaux lieutenants, Barthélémy Dias et Bamba Fall, empêtrés dans des dossiers judiciaires et donc fragilisés dans leur combat contre l’ancrage du Parti socialiste au sein de la coalition présidentielle, Benno Bokk Yaakaar. Tandis que Ousmane Tanor Dieng, nommé récemment par Macky Sall à la présidence du Haut conseil des collectivités territoriales, est plus que jamais armé pour annihiler leur offensive. Comme ce fut d’ailleurs le cas pour l’autre principal allié, Moustapha Niasse. Sans les attributs et privilèges liés à la présidence de l’Assemblée nationale, le patron de l’Afp n’aurait sûrement pas réussi à résister tant bien que mal à l’aile dissidente de son parti amenée par Malick Gakou. Lequel n’en finit pas de faire l’objet d’une grande vigilance de la part de Macky Sall qui vient de séjourner en Pologne où le leader du Grand Parti disposerait de solides réseaux.
Même les novices Ousmane Sonko, révoqué de ses fonctions d’inspecteur du trésor et Abdoul Mbaye dont le dossier de divorce a fait récemment les choux gras d’une certaine presse, ne sont pas épargnés par le très prévenant Macky Sall.
Outre le musellement de la quasi-totalité de ses opposants, Macky Sall a aussi réussi la prouesse de rallier à sa cause et de faire cohabiter au sein de sa coalition les frères ennemis de la social-démocratie que sont Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng et Djibo Kâ ainsi que les grandes figures de la gauche historique comme Amath Dansokho, Abdoulaye Bathily, Landing Savané, Mamadou Ndoye, Maguette Thiam et tutti quanti.
Par ailleurs, en lançant l’opération de confection de la carte d’identité biométrique et de refonte totale du fichier électoral à tout juste sept mois des prochaines législatives, il a réussi à distiller le doute dans l’esprit de ses opposants sur la tenue à date échue de ce scrutin. Comme s’il voulait les prendre à nouveau au dépourvu. Une pratique qui lui a déjà réussi aux locales de juin 2014 et lors du référendum du 20 mars 2016. Deux consultations dont il avait tardé à fixer la date, prenant ainsi de court ses adversaires. Il est manifestement en passe de réussir le même coup.
Il s’y ajoute qu’au rythme où s’opère la refonte du fichier électoral où l’inscription n’est plus automatique, mais suspendue à la confirmation de l’intéressé, beaucoup d’électeurs pourraient être laissés à carreau. Or, c’est connu, un scrutin moins populaire fait toujours l’affaire des tenants du pouvoir.
A croire que l’Envoyée spéciale du chef de l’Etat, Aminata Touré, ne savait pas si bien dire lors de son intervention à une rencontre organisée récemment autour de la candidature de Abdoulaye Bathily à la Commission de l’Union africaine. « Macky Sall est votre chef de campagne et il sait comment gagner les élections. J’en suis certaine. Il vous fera gagner », a-t-elle affirmé, déclenchant l’hilarité de l’assistance. N’est-ce pas qu’elle a vu juste ?
Momar Diongue
Non pas qu’il soit le plus rusé, encore moins le plus stratège. Mais il est des quatre celui qui ne pose aucun acte sans penser au préalable au gain politique qu’il peut en tirer. En somme, il le plus calculateur et ne fait jamais rien pour rien.
Aujourd’hui, sa seule préoccupation est de bâtir sa victoire en 2019 bien avant le moment de vérité. Pour preuve, après avoir identifié ses adversaires potentiels, il s’emploie quotidiennement à les fragiliser, voire à les anéantir, l’un après l’autre.
Très tôt, il a coupé Idrissa Seck de ses principaux lieutenants. Et non content de faire le vide autour du président de « Rewmi », il a débauché et/ou promu des responsables politiques thiéssois, leur donnant ainsi les moyens d’aller à l’assaut de son fief de la Cité du rail.
Après avoir pratiquement muselé le redoutable leader de « Rewmi », il est également parvenu à résoudre l’équation Karim Wade. Du moins, pour l’instant. S’apercevant de l’extraordinaire popularité de Wade fils en prison, il a su trouver à travers l’appel au pardon des guides religieux un bon prétexte pour lui accorder sa grâce. Avant de le contraindre à l’exil au Qatar pour une durée indéterminée.
Auparavant, il avait réussi à refreiner l’ardeur des libéraux les plus radicaux dont les responsables des jeunesses libérales, Bara Gaye et son successeur Toussaint Manga, Mouhamadou Lamine Massaly, Samuel Sarr et Oumar Sarr, pour ne citer que ceux-là. Ils se sont tous retrouvés un moment derrière les barreaux. Tout comme l’ex-sénatrice Aïda Ndiongue, considérée à tort ou à raison comme l’argentière du Pds à l’absence de Wade, et dont la fortune a fini par être confisquée par l’Etat. De même, tout porte à croire que l’actuelle majorité n’est pas étrangère à la guéguerre entre Modou Diagne Fada et Aïda Mbodj autour de la présidence du groupe parlementaire des libéraux et démocrates. Bref, le danger que représentaient le Pds et son candidat à la présidentielle Karim Wade, n’est plus aussi évident qu’il y a quelque temps.
Pour sa part, Khalifa Sall voit ses principaux lieutenants, Barthélémy Dias et Bamba Fall, empêtrés dans des dossiers judiciaires et donc fragilisés dans leur combat contre l’ancrage du Parti socialiste au sein de la coalition présidentielle, Benno Bokk Yaakaar. Tandis que Ousmane Tanor Dieng, nommé récemment par Macky Sall à la présidence du Haut conseil des collectivités territoriales, est plus que jamais armé pour annihiler leur offensive. Comme ce fut d’ailleurs le cas pour l’autre principal allié, Moustapha Niasse. Sans les attributs et privilèges liés à la présidence de l’Assemblée nationale, le patron de l’Afp n’aurait sûrement pas réussi à résister tant bien que mal à l’aile dissidente de son parti amenée par Malick Gakou. Lequel n’en finit pas de faire l’objet d’une grande vigilance de la part de Macky Sall qui vient de séjourner en Pologne où le leader du Grand Parti disposerait de solides réseaux.
Même les novices Ousmane Sonko, révoqué de ses fonctions d’inspecteur du trésor et Abdoul Mbaye dont le dossier de divorce a fait récemment les choux gras d’une certaine presse, ne sont pas épargnés par le très prévenant Macky Sall.
Outre le musellement de la quasi-totalité de ses opposants, Macky Sall a aussi réussi la prouesse de rallier à sa cause et de faire cohabiter au sein de sa coalition les frères ennemis de la social-démocratie que sont Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng et Djibo Kâ ainsi que les grandes figures de la gauche historique comme Amath Dansokho, Abdoulaye Bathily, Landing Savané, Mamadou Ndoye, Maguette Thiam et tutti quanti.
Par ailleurs, en lançant l’opération de confection de la carte d’identité biométrique et de refonte totale du fichier électoral à tout juste sept mois des prochaines législatives, il a réussi à distiller le doute dans l’esprit de ses opposants sur la tenue à date échue de ce scrutin. Comme s’il voulait les prendre à nouveau au dépourvu. Une pratique qui lui a déjà réussi aux locales de juin 2014 et lors du référendum du 20 mars 2016. Deux consultations dont il avait tardé à fixer la date, prenant ainsi de court ses adversaires. Il est manifestement en passe de réussir le même coup.
Il s’y ajoute qu’au rythme où s’opère la refonte du fichier électoral où l’inscription n’est plus automatique, mais suspendue à la confirmation de l’intéressé, beaucoup d’électeurs pourraient être laissés à carreau. Or, c’est connu, un scrutin moins populaire fait toujours l’affaire des tenants du pouvoir.
A croire que l’Envoyée spéciale du chef de l’Etat, Aminata Touré, ne savait pas si bien dire lors de son intervention à une rencontre organisée récemment autour de la candidature de Abdoulaye Bathily à la Commission de l’Union africaine. « Macky Sall est votre chef de campagne et il sait comment gagner les élections. J’en suis certaine. Il vous fera gagner », a-t-elle affirmé, déclenchant l’hilarité de l’assistance. N’est-ce pas qu’elle a vu juste ?
Momar Diongue