Nous sommes dans les années 80. L’Orts, la très brejnévienne télé nationale, dont l’audace n’était pas la vertu cardinale, passe soudainement un clip qui casse tous les codes. Alors que la norme jusque là était pour les chanteurs de se pavaner dans des endroits plus ou moins convenus, on voit un gaillard, en guimb, ce petit pagne dont les lutteurs se ceignent les reins, après quelques bakk, tenir solidement un fer à repasser en hurlant « ci sa digg dolee… » Après un long exil en France, les mythiques artistes du Xalam 2, revenaient au pays avec une production léchée, un véritable coup de tonnerre. Mais aussi dans leurs bagages une véritable bête de foire. La bande à Prosper Niang était à la recherche d’un second chanteur pour relayer l’inspiré Brams Coundoul, elle tombe alors sur une incroyable usine à tubes nommée Souleymane Faye. C’est cette icône que des animateurs d’une chaine de télé de la place, avec l’audace que confère l’ignorance, ont osé interpeller comme un vulgaire quidam, lui demandant en substance ce qu’il avait apporté à la musique sénégalaise. Avec ce rire gras qui est la marque des personnes infatuées. Interloqué par autant de bêtise, Diego a quitté dignement le plateau. Les auteurs de cette embuscade télévisuelle croyaient sans doute mettre les rieurs de leur côté, ils n’ont récolté qu’opprobre et mépris de la part de l’immense majorité des Sénégalais pour qui le julot est un patrimoine national.
Ce que Jules Faye a apporté à la musique sénégalaise ? Eh bien, autant Victor Hugo se targuait d’avoir mis « un bonnet rouge au vieux dictionnaire », autant Diego lui, a fait entrer dans le langage courant des noms de personnages qu’il a inventés de toute pièce. Ainsi, « Abdou Gueye », ce lascar indolent, tire-au-flanc qui n’hésite pas à jeter en douce un regard concupiscent à votre bourgeoise, est devenu l’archétype du chômeur. A Nietty Mbaar ou dans mon quartier natal de Diack Sao, se faire traiter d’ « Abdou Gueye » peut déclencher une rixe. « Aminta Ndiaye », elle est cette fille, un peu gourgandine, qu’on a plus ou moins tous connue dans nos quartiers, que Diego invitait à faire preuve de plus de retenue.
Ce que Diego a apporté à la musique sénégalaise ? C’est « Diamono twist » où, en pattes d’eph, singeant James Brown, il chante, avec une incroyable émotion, la nostalgie d’un âge d’or sublimé, que ceux qui étaient au primaire dans les années 80, comme l’auteur de ces lignes, n’auront jamais le bonheur de connaître.
Ce que Diego a apporté à la musique sénégalaise ?
C’est d’être, le cynisme en moins, une sorte de Diogène des temps modernes qui, à l’ère du fric-roi, se fout royalement des apparences et des convenances. Ne s’y trompant pas le moins du monde, le bonhomme, dans une de ses fulgurances dont il est le seul à avoir le secret, a une fois asséné que si l’idée prenait au bon Dieu de venir faire un tour sur terre, nul doute qu’on regarderait d’abord ses pompes !
Ce que que ce Baay Faal assumé a apporté à la musique sénégalaise ?
C’est d’être l’anti-star par excellence qui dynamite les postures qui ne sont souvent, comme on le sait, que de l’imposture. Dans une société prétendument confite en dévotion où les tartufes enturbannés tiennent le haut du pavé, qui, à part Diego, oserait confesser publiquement qu’il est un bambocheur, un adepte de la dive bouteille et qu’il n’est pas un mari modèle ? C’est pour tout ça qu’on l’aime bien ce cher Jules et qu’on ne l’échangerait avec personne. Car, au fond, chaque Sénégalais a quelque chose de Souleymane Faye.
Barka BA
Directeur de l’information de la TFM
Ce que Jules Faye a apporté à la musique sénégalaise ? Eh bien, autant Victor Hugo se targuait d’avoir mis « un bonnet rouge au vieux dictionnaire », autant Diego lui, a fait entrer dans le langage courant des noms de personnages qu’il a inventés de toute pièce. Ainsi, « Abdou Gueye », ce lascar indolent, tire-au-flanc qui n’hésite pas à jeter en douce un regard concupiscent à votre bourgeoise, est devenu l’archétype du chômeur. A Nietty Mbaar ou dans mon quartier natal de Diack Sao, se faire traiter d’ « Abdou Gueye » peut déclencher une rixe. « Aminta Ndiaye », elle est cette fille, un peu gourgandine, qu’on a plus ou moins tous connue dans nos quartiers, que Diego invitait à faire preuve de plus de retenue.
Ce que Diego a apporté à la musique sénégalaise ? C’est « Diamono twist » où, en pattes d’eph, singeant James Brown, il chante, avec une incroyable émotion, la nostalgie d’un âge d’or sublimé, que ceux qui étaient au primaire dans les années 80, comme l’auteur de ces lignes, n’auront jamais le bonheur de connaître.
Ce que Diego a apporté à la musique sénégalaise ?
C’est d’être, le cynisme en moins, une sorte de Diogène des temps modernes qui, à l’ère du fric-roi, se fout royalement des apparences et des convenances. Ne s’y trompant pas le moins du monde, le bonhomme, dans une de ses fulgurances dont il est le seul à avoir le secret, a une fois asséné que si l’idée prenait au bon Dieu de venir faire un tour sur terre, nul doute qu’on regarderait d’abord ses pompes !
Ce que que ce Baay Faal assumé a apporté à la musique sénégalaise ?
C’est d’être l’anti-star par excellence qui dynamite les postures qui ne sont souvent, comme on le sait, que de l’imposture. Dans une société prétendument confite en dévotion où les tartufes enturbannés tiennent le haut du pavé, qui, à part Diego, oserait confesser publiquement qu’il est un bambocheur, un adepte de la dive bouteille et qu’il n’est pas un mari modèle ? C’est pour tout ça qu’on l’aime bien ce cher Jules et qu’on ne l’échangerait avec personne. Car, au fond, chaque Sénégalais a quelque chose de Souleymane Faye.
Barka BA
Directeur de l’information de la TFM