Depuis quelque temps il n’est question que de dialogue. Le pouvoir a d’ores et déjà lancé ses cartes d’invitation et espère tailler bavette avec l’opposition, dont certaine figures flairant là une énième entourloupe, ont décliné d’office, tandis que d’autres posent des conditions pour s’asseoir autour de la table de discussions. Un nouvel appel « franc » au dialogue qui ne ressemble à rien d’autre qu’un aveu d’échec, car tous les problèmes qui y seront débattus, à savoir le processus électoral et ses autres variantes, devraient être dépassés.
Après la tenue du dialogue national, le 28 mai 2016 au Palais de la République, l’opposition s’est sentie grugée. Tous les engagements auxquels le Président Sall avait souscrit n’ont, à ce jour, pas été tenus. À part le fait qu’il avait contribué à décrisper la situation politique tendue de l’époque, rien n’en a résulté et tous les problèmes qui avaient concouru à la tenue de ce dialogue national sont plus que jamais d’actualité.
C’est pourquoi, le nouvel appel lancé par le ministre de l’Interieur peine à trouver preneur ; et si certains ont d’ores et déjà décliné l’invitation, d’autres par contre ont posé certaines conditions avant de répondre présent. C’est le cas de la coalition Manko Taxawu Senegaal qui a réitéré sa position de ne pas participer à la rencontre initiée par le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye. Mais le constat est que cet appel au dialogue traduit d’une certaine manière un échec du pouvoir.
Les engagements souscrits pour l’approfondissement des acquis démocratiques n’ont pas été respectés
(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({});Échec en ce sens qu’aujourd’hui, de lourdes menaces pèsent sur notre démocratie, malgré la seconde alternance, qui pourtant, était porteuse de beaucoup d’espoirs. Malheureusement, tous les engagements souscrits par le nouvel élu quant à l’approfondissement de nos acquis démocratiques n’ont pas été respectés. Pis, ceux acquis de haute lutte sont aujourd’hui remis en cause. La marche qui est inscrite dans notre Constitution, est de plus en plus interdite, la justice est instrumentalisée pour solder des comptes politiques.
Pour couronner ce qui s’apparente à une régression démocratique, tous les potentiels adversaires de Macky Sall sont envoyés, à tort ou à raison, en prison, dans le seul but de les empêcher de se présenter à l’élection présidentielle. Quant au processus électoral, il continue d’être la pomme de discorde alors que les divergences auraient pu être transcendées depuis belle lurette. Mais, faute d’un dialogue sincère et constructif, on a l’impression que les politiciens font du surplace.
Pourtant, le Sénégal a toujours été cité comme un pays de démocratie en Afrique, pour ne pas dire un îlot de lumière dans un océan d’obscurantisme. Malheureusement, après deux alternances réussies, on en est toujours à discuter de la fiabilité du fichier électoral. Si ce n’est pas un échec, ça y ressemble fort.
Au nom de l’intérêt général auquel tous aspirent à servir !
Aujourd’hui il est rattrapé par nombre de pays qui sont en voie de lui ravir la vedette. S’il est vrai que la nécessité de dialoguer est devenue impérieuse, vu tous les périls qui guettent le Sénégal, il n’en demeure pas moins qu’il se pose un réel problème de confiance entre le pouvoir exécutif et l’opposition républicaine.
Il urge aujourd’hui que les politiciens trouvent des plages de convergence pour entamer des discussions franches et fécondes, en sachant mettre de côté les intérêts partisans et les exigences de leurs accointances par alliances. Au nom de l’intérêt général auquel tous aspirent à servir.
C’est là le meilleur moyen qu’il y a pour retrouver la sérénité dont le Sénégal a fortement besoin afin d’apaiser les esprits les plus inquiets et préserver la paix civile et sociétale, vecteur de stabilité politique qui fait encore toute sa réputation.
Par El Hassane SALL