La crise politique tricolore sera-t-elle bientôt résorbée grâce au dialogue ?
Six semaines après les résultats des élections législatives, le chef de l’État qui avait imposé une "trêve olympique" ou encore "un travail de décantation" – selon les termes diffusés par l’Elysée – rencontre vendredi, puis lundi, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires et des chefs de parti, en vue de nommer celui ou celle qui succédera à Gabriel Attal à Matignon.
Et c’est le Nouveau Front populaire – faut-il y voir un signe de reconnaissance, tardive, de leur victoire électorale, certes de courte tête ? – qui ouvre le bal, dès 10h30, des consultations initiées par Emmanuel Macron.
Dans l’après-midi seront reçus, dans l’ordre :
les représentants de l’ex-majorité présidentielle,
la droite républicaine,
le groupe LIOT.
Les dirigeants d’extrême-droite, Jordan Bardella et Marine Le Pen (RN) ainsi que leur allié Éric Ciotti sont, eux, conviés au palais lundi. À la suite de ces entretiens, Emmanuel Macron consultera également la présidente de l’Assemblée nationale et le président du Sénat.
Un nouveau Premier ministre ne sera donc pas nommé avant mardi, indique l’Élysée, sans donner plus de précisions.
À l'arrivée, groupée, des représentants de la gauche à l'Élysée, Lucie Castets a insisté auprès d'un groupe de journalistes, dont la correspondante d'Euronews Sophia Khatsenkova, sur le fait que le nouveau Front populaire a "conscience" qu'il devra "chercher des compromis en l'absence d'une majorité absolue" à l'Assemblée nationale.
Elle a pourtant déclaré que "nous sommes ici venus rappeler au président l’importance de respecter le résultat des élections".
Ce qu’il faut savoir :
Emmanuel Macron souhaite "un dialogue loyal, sincère, et que ces consultations soient utiles au pays", indique la présidence.
Profitant du fait qu’une centaine de sièges sépare le NFP de la majorité absolue, le président semble toujours exclure de nommer Lucie Castets pour essayer de dégager une majorité alternative, par exemple avec une partie de la droite et des socialistes. Dans le langage présidentiel, cela donne un souhait d'"avancer vers la constitution d’une majorité la plus stable et la plus large possible au service du pays".
La droite comme le Rassemblement national menacent de faire tomber un gouvernement de gauche si des ministres issus des rangs de la France insoumise étaient nommés.
"Nous avons travaillé tout l’été. Nous sommes prêts"
La coalition formée par LFI, le PS, le PC et les Écologistes assure être "prête à gouverner", même sans majorité absolue. Dans une lettre aux Français, le NFP critique "l'inaction du président de la République", qu'il juge "grave et délétère".
Les responsables de la gauche unie promettent d'"inventer une manière de gouverner inédite sous la Ve République", de "rompre avec la logique d’un camp contre un autre" et de "travailler ensemble", ce qui semble un pas vers davantage de compromis vis-à-vis de la position initiale des "insoumis" qui peut être résumée comme "tout le programme, rien que le programme".
Un front uni ?
Les composantes du NFP, présenté souvent comme un attelage explosif, n’ont pas réagi de la même façon à la volonté exprimée par Emmanuel Macron de prendre son temps. LFI menace le chef de l’État d’activer l’article 68 de la Constitution s'il refuse de nommer Lucie Castets à Matignon. Ce dispositif prévoit la destitution du président, procédure qui n’a aucune chance d’aboutir au vu de la composition actuelle des deux chambres du Parlement.
Leurs partenaires et Lucie Castets en personne déclarent toujours viser une cohabitation avec Emmanuel Macron et semblent privilégier une motion de censure pour faire tomber un gouvernement alternatif si leur demande d’accéder à la primature n’est pas satisfaite.
Inconnue du grand public
Lucie Castets, économiste et haute fonctionnaire de 37 ans, directrice des finances et des achats de la Ville de Paris, est arrivée 21ème (sur 35 personnalités) dans un sondage Harris Interactive commandé parChallenges le mercredi 21 août.
Selon l’intéressée et les partis de gauche qui l’ont propulsée sur le devant de la scène, ce sondage reflète la notoriété dont Lucie Castets manque naturellement, n’ayant jamais exercé le moindre mandat électoral. Elle récolte 17 % d’opinions positives mais 40 % des personnes interrogées disent "ne pas la connaître assez pour se prononcer".
Avec 40 % d’opinions favorables, Gabriel Attal est préféré pour rester en poste. Jordan Bardella est en deuxième position du sondage avec 39 %, suivi par le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand (32 %).
D’autres noms de "Premier ministrables" ont été avancés ces derniers jours, parmi lesquels :
Karim Bouamrane, maire PS de Saint-Ouen-sur-Seine, qui affirme soutenir Lucie Castets.
"Je suis socialiste, j’ai soutenu le Nouveau Front populaire (NFP) et donc je soutiens Lucie Castets", laquelle "doit être nommée Première ministre", déclare-t-il dans une interview à La Voix du Nord. "Il n’y a pas de sujet. Je n’ai aucune ambition personnelle et l’Élysée ne m’a rien proposé".
Valérie Pécresse, présidente LR de la région Île-de-France.
Emmanuel Macron a déclaré dans l’Équipe, "il y a trois ans, la maire de Paris, la présidente de la région Île-de-France [Valérie Pécresse] et moi étions en compétition les uns contre les autres pour l’élection présidentielle. Et pourtant on a travaillé ensemble [pour les JO] et je les en remercie".
Pour sa part, "Valérie Pécresse n’a pas eu de contact avec l’Élysée sur une nomination à Matignon et n’est pas candidate", selon Les Échos.
Même s’il n’est pas clair quelle majorité plus large (que celle du NFP) ils pourraient rassembler, d’autres profiles sont régulièrement évoqués, susceptibles de convenir à l’aile droite du PS et/ou de ne pas provoquer la censure des députés de droite modérée :
Bernard Cazeneuve, dernier Premier ministre du quinquennat Hollande, qui a quitté le PS, n’acceptant pas l’alliance avec les "insoumis" au sein de la NUPES.
Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France.
Comme dans le cas de Bernard Cazeneuve, l’affiliation politique actuelle de l’ancien ministre de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy demeure floue, puisque Éric Ciotti avait engagé "une procédure d’exclusion" à son encontre.
"Se faire exclure des LR par Éric Ciotti, c’est quasiment honorifique", avait commenté l’épisode la patronne des Verts Marine Tondelier, ayant également salué la "nature républicaine" de leur collaboration au Conseil régional des Hauts-de-France.
Six semaines après les résultats des élections législatives, le chef de l’État qui avait imposé une "trêve olympique" ou encore "un travail de décantation" – selon les termes diffusés par l’Elysée – rencontre vendredi, puis lundi, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires et des chefs de parti, en vue de nommer celui ou celle qui succédera à Gabriel Attal à Matignon.
Et c’est le Nouveau Front populaire – faut-il y voir un signe de reconnaissance, tardive, de leur victoire électorale, certes de courte tête ? – qui ouvre le bal, dès 10h30, des consultations initiées par Emmanuel Macron.
Dans l’après-midi seront reçus, dans l’ordre :
les représentants de l’ex-majorité présidentielle,
la droite républicaine,
le groupe LIOT.
Les dirigeants d’extrême-droite, Jordan Bardella et Marine Le Pen (RN) ainsi que leur allié Éric Ciotti sont, eux, conviés au palais lundi. À la suite de ces entretiens, Emmanuel Macron consultera également la présidente de l’Assemblée nationale et le président du Sénat.
Un nouveau Premier ministre ne sera donc pas nommé avant mardi, indique l’Élysée, sans donner plus de précisions.
À l'arrivée, groupée, des représentants de la gauche à l'Élysée, Lucie Castets a insisté auprès d'un groupe de journalistes, dont la correspondante d'Euronews Sophia Khatsenkova, sur le fait que le nouveau Front populaire a "conscience" qu'il devra "chercher des compromis en l'absence d'une majorité absolue" à l'Assemblée nationale.
Elle a pourtant déclaré que "nous sommes ici venus rappeler au président l’importance de respecter le résultat des élections".
Ce qu’il faut savoir :
Emmanuel Macron souhaite "un dialogue loyal, sincère, et que ces consultations soient utiles au pays", indique la présidence.
Profitant du fait qu’une centaine de sièges sépare le NFP de la majorité absolue, le président semble toujours exclure de nommer Lucie Castets pour essayer de dégager une majorité alternative, par exemple avec une partie de la droite et des socialistes. Dans le langage présidentiel, cela donne un souhait d'"avancer vers la constitution d’une majorité la plus stable et la plus large possible au service du pays".
La droite comme le Rassemblement national menacent de faire tomber un gouvernement de gauche si des ministres issus des rangs de la France insoumise étaient nommés.
"Nous avons travaillé tout l’été. Nous sommes prêts"
La coalition formée par LFI, le PS, le PC et les Écologistes assure être "prête à gouverner", même sans majorité absolue. Dans une lettre aux Français, le NFP critique "l'inaction du président de la République", qu'il juge "grave et délétère".
Les responsables de la gauche unie promettent d'"inventer une manière de gouverner inédite sous la Ve République", de "rompre avec la logique d’un camp contre un autre" et de "travailler ensemble", ce qui semble un pas vers davantage de compromis vis-à-vis de la position initiale des "insoumis" qui peut être résumée comme "tout le programme, rien que le programme".
Un front uni ?
Les composantes du NFP, présenté souvent comme un attelage explosif, n’ont pas réagi de la même façon à la volonté exprimée par Emmanuel Macron de prendre son temps. LFI menace le chef de l’État d’activer l’article 68 de la Constitution s'il refuse de nommer Lucie Castets à Matignon. Ce dispositif prévoit la destitution du président, procédure qui n’a aucune chance d’aboutir au vu de la composition actuelle des deux chambres du Parlement.
Leurs partenaires et Lucie Castets en personne déclarent toujours viser une cohabitation avec Emmanuel Macron et semblent privilégier une motion de censure pour faire tomber un gouvernement alternatif si leur demande d’accéder à la primature n’est pas satisfaite.
Inconnue du grand public
Lucie Castets, économiste et haute fonctionnaire de 37 ans, directrice des finances et des achats de la Ville de Paris, est arrivée 21ème (sur 35 personnalités) dans un sondage Harris Interactive commandé parChallenges le mercredi 21 août.
Selon l’intéressée et les partis de gauche qui l’ont propulsée sur le devant de la scène, ce sondage reflète la notoriété dont Lucie Castets manque naturellement, n’ayant jamais exercé le moindre mandat électoral. Elle récolte 17 % d’opinions positives mais 40 % des personnes interrogées disent "ne pas la connaître assez pour se prononcer".
Avec 40 % d’opinions favorables, Gabriel Attal est préféré pour rester en poste. Jordan Bardella est en deuxième position du sondage avec 39 %, suivi par le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand (32 %).
D’autres noms de "Premier ministrables" ont été avancés ces derniers jours, parmi lesquels :
Karim Bouamrane, maire PS de Saint-Ouen-sur-Seine, qui affirme soutenir Lucie Castets.
"Je suis socialiste, j’ai soutenu le Nouveau Front populaire (NFP) et donc je soutiens Lucie Castets", laquelle "doit être nommée Première ministre", déclare-t-il dans une interview à La Voix du Nord. "Il n’y a pas de sujet. Je n’ai aucune ambition personnelle et l’Élysée ne m’a rien proposé".
Valérie Pécresse, présidente LR de la région Île-de-France.
Emmanuel Macron a déclaré dans l’Équipe, "il y a trois ans, la maire de Paris, la présidente de la région Île-de-France [Valérie Pécresse] et moi étions en compétition les uns contre les autres pour l’élection présidentielle. Et pourtant on a travaillé ensemble [pour les JO] et je les en remercie".
Pour sa part, "Valérie Pécresse n’a pas eu de contact avec l’Élysée sur une nomination à Matignon et n’est pas candidate", selon Les Échos.
Même s’il n’est pas clair quelle majorité plus large (que celle du NFP) ils pourraient rassembler, d’autres profiles sont régulièrement évoqués, susceptibles de convenir à l’aile droite du PS et/ou de ne pas provoquer la censure des députés de droite modérée :
Bernard Cazeneuve, dernier Premier ministre du quinquennat Hollande, qui a quitté le PS, n’acceptant pas l’alliance avec les "insoumis" au sein de la NUPES.
Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France.
Comme dans le cas de Bernard Cazeneuve, l’affiliation politique actuelle de l’ancien ministre de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy demeure floue, puisque Éric Ciotti avait engagé "une procédure d’exclusion" à son encontre.
"Se faire exclure des LR par Éric Ciotti, c’est quasiment honorifique", avait commenté l’épisode la patronne des Verts Marine Tondelier, ayant également salué la "nature républicaine" de leur collaboration au Conseil régional des Hauts-de-France.