La réclusion à perpétuité, c’est la peine que risque l’accusé, Amsatou Diouf. Il a comparu, hier, à la barre de la chambre criminelle de Dakar pour l’assassinat de Matar Guèye dit Pape. Le maître des poursuites a requis la réclusion à perpétuité à son encontre.
Il ressort des débats d’audience que le 15 août 2012, à 9 heures et 15 minutes, les éléments du commissariat de police de Golf-Sud ont été informés par les sapeurs-pompiers de la caserne de Guédiawaye de la découverte d’un corps d’un individu qui venait d’être poignardé. Le transport effectué sur les lieux a permis de découvrir le corps sans vie d’un individu d’une trentaine d’années identifié sous le nom de Matar Guèye dit Pape Guèye, couché à plat ventre, baignant dans une mare de sang et présentant des blessures dans la région du cœur. Poursuivant leurs investigations, les enquêteurs ont entendu la dame Mame Diarra qui leur a indiqué l’auteur de cette horreur. C’est ainsi qu’ils ont mis la main sur le nommé Amsatou dont les habits étaient tachetés de sang. Mame Diarra dira aux enquêteurs que la victime s’était réfugiée chez elle et, quand elle lui a demandé pourquoi il se cachait, Matar a soutenu qu’il était poursuivi par un aliéné mental dénommé Amsatou.
Entendus, Diouf et Fatou Kane, respectivement père et mère de l’accusé, ont déclaré que leur fils souffrait de troubles mentaux. La mère ajoutera que le couteau tacheté de sang trouvé par les policiers était habituellement dans leur cuisine et elle ne sait pas comment son fils se l’est procuré. Interrogé par les enquêteurs, le mis en cause a déclaré que Pape Guèye l’avait provoqué et insulté. Le certificat de genre de mort constate que le décès est dû à une hémorragie interne et externe de grande abondance, provoquée par des plaies thoraciques par arme blanche pointue. Inculpé d’assassinat, Amasatou a déclaré qu’il ne semble pas jouir de toutes ses facultés mentales. Au cours de son interrogatoire de fond, il a déclaré que le jour des faits, très tôt le matin, il a rencontré Matar Gueye qui l’a insulté de mère et proféré d’autres insanités à son encontre. Ils se sont battus et la victime s’est armée d’un tesson de boisson avec lequel il l’a blessé. Il déclare que devant cette situation, il est parti s’asseoir devant le domicile de son père et Matar a continué à le taquiner. C’est ce qui a entraîné une seconde bagarre entre eux. La victime l’a attaqué avec une pelle avec laquelle il l’a blessé à la tête.
Défense : « son état mental est voisin de la démence »
Et c’est au cours de cette bagarre qu’il l’a poignardé. Il a déclaré avoir pris le couteau dans la cuisine après la première altercation. Il était en colère et il ne savait pas quoi faire. Pour en savoir plus sur l’état mental du mis en cause, il a été présenté à un médecin qui a souligné que l’inculpé présente un état dangereux parce que n’ayant pas prémédité son acte. Selon lui, l’inculpé est réadaptable à condition qu’il accepte de suivre des traitements pour diminuer son agressivité et améliorer sa sociabilité. Il manque de repères dans la société et se désintéresse des relations amicales. Entendus dans cette affaire, le grand frère et l’épouse de la victime disent ne pas être présents au moment des faits. Tout de même, ils ont réclamé 5 millions FCFA à titre de dommages et intérêts. Pour le parquetier, rien ne montre que l’accusé est dément. « On a affaire avec quelqu’un qui est normal, qui est cohérent. Il peine à trouver les raisons de son acte. Il était juste animé par le désir de tuer. Dans notre pays maintenant, banalement on tue des gens. Aujourd’hui, nous devons prendre nos responsabilités. Si on ne peut pas les prendre publiquement, on les prend ici avec des peines dissuasives. Je sollicite la perpétuité », a-t-il requis.
Pour sa part, la défense persiste et signe que son client présente des pathologies, comme l’a dit le médecin, des troubles de la personnalité. « A la barre, il a mis sa main dans ses parties intimes pour dire qu’il veut aller aux toilettes. Il a erré dans la salle pour chercher je ne sais quoi. Ce garçon est mon neveu et je l’ai vu grandir. Il arrivait que son père m’appelle pour lui parler parce qu’il ne répondait pas. Il a été interné, c’est réel. Il a reçu des soins psychiatriques, c’est réel. Ce garçon n’est pas normal. Son état est voisin de la démence. Je vous demande l’acquittement parce que c’est un être irresponsable. Il est encore possible de le sociabiliser », a déclaré l’avocat. L’affaire a été mise en délibéré pour le 2 janvier prochain.
Cheikh Moussa SARR
rewmi.com