Les Guinéens se rendent aux urnes, ce dimanche. Ils devront choisir entre le président sortant, Alpha Condé, ou un des 10 autres candidats à la présidentielle. Parmi ceux-ci, Me Abdoul Kabele Camara. Livrant ses impressions sur ces joutes électorales au micro du Directeur de l’Information de Emedia, Alassane Samba Diop, Me Camara se dit confiant.
Pour sa première participation à une élection présidentielle, le candidat du RGD estime qu’avec son programme, qui repose essentiellement sur le développement et le rassemblement des Guinéens, ses compatriotes vont lui accorder leur suffrage. Toutefois, il met en garde Alpha Condé contre toute tentative de confiscation du pouvoir.
Ce dimanche, vous allez aux urnes. Est-ce que vous êtes confiant ?
Je suis confiant et je pense que mes concitoyens me feront confiance à l’heure du choix. Ils se souviendront de ma vision, du message que j’ai fait passer pendant la campagne. Ma vision repose sur les trois ’’R’’ : rassembler, réconcilier, réaliser le développement de la Guinée. Aucune politique publique ne pourrait se réaliser si le pays est divisé. Je suis confiant. Et pense que je pourrais être élu dès le premier tour.
Est-ce que vous pensez que le scrutin va se dérouler dans les règles de l’art ?
« Ah oui. Je m’adresse à mes concitoyens. Ma vision c’est de rassembler les Guinéens, de les réconcilier en cultivant la culture du pardon. Ce n’est qu’à travers ces fondamentaux que nous pourrions réaliser le développement de la Guinée.
Pour une première fois que vous allez à un scrutin, est-ce que vous pensez que les conditions sont réunies pour que le scrutin soit transparent ?
Nous de l’opposition avons décidé de participer à ces élections, parce que la politique de la chaise vide ne construit pas la démocratie. Au contraire, elle la déconstruit. Cela permet de laisser un boulevard à celui qui est là (Alpha Condé) et qui n’a aucun bilan à offrir au peuple de Guinée. Nous savons que le fichier n’est pas très sain et les tentatives pour l’assainir sont médiocres, très minces, les résultats que nous avons obtenus ne sont pas satisfaisants. Mais, ce n’est pas une raison de tourner le dos à ces élections pour permettre à celui-là qui fait un passage en force, dans le cadre du 3e mandat, d’accéder à un mandat de trop. Donc, nous savons que la légalité de chance entre les candidats n’est pas assurée et que la Ceni est en train de contourner le code électoral, malgré tout cela, nous y allons. Mais, nous allons veille. Parce que, nous allons assurer la sécurisation des résultats.
Pourtant la Ceni dit que la Cedeao assure la fiabilité du fichier que les partis peuvent aller aux élections ?
Oui. La Cedeao l’a déclaré. Nous avons accepté le principe. Mais, je vous parle des procès verbaux dont les copies doivent être remis à chaque parti participant aux élections. La Ceni est en train de faire autre chose. Il a fallu beaucoup de réunions pour les amener à la raison. Elle a proposé une solution bancale qui consiste à remettre une copie au parti de l’opposition qui sortira vainqueur dans un bureau de vote. Et, à charge à ce parti de multiplier ce Pv pour les autres partis. Ce sont des solutions bancales qui ne tiennent pas compte tenu de la loi et règlements en vigueur en Guinée. Mais, nous ne sommes pas surpris. Parce que, c’est le principal caractéristique de ce régime.
Est-ce que vous ne redoutez pas des violences post-électorales ?
De toute façon si Alpha se proclame vainqueur dès le 1er tour, il sera l’artisan à tout ce qui va arriver comme malheur à ce pays. Nous ne serons pas surpris également. Parce que, c’est un président investi, élu et qui n’a jamais été au-dessus de la mêlée. Il s’est toujours comporté comme quelqu’un qui cherche encore le pouvoir. Il se comportait comme un militant. Et il a été le premier à faire des déclarations intempestives, incendiaires caractérisées par la haine. Alors que sa mission principale s’est de rassurer son peuple, de faire en sorte que le vivre ensemble puisse être en règle en Guinée. Avant son élection, il annonçait de grands principes de démocratie. Mais une fois élu, il entreprend à déconsolider la démocratie en Guinée.
Les pays voisins aussi sont inquiets. Les frontières entre le Sénégal et la Guinée sont fermées tout comme celles avec la Guinée Bissau. Les marchandises n’entrent plus et les populations commencent à sentir l’impact. Quelle est votre position sur cela ?
Ce sont des décisions malencontreuses. Il a peur de quoi ? Le Sénégal et la Guinée sont des voisins. C’est une volonté divine. Personne n’a demandé à être né en Guinée ou au Sénégal. Nous avons trouvé ces deux pays voisins avec le Mali, la Sierra Leone...Ce sont les hommes qui dénaturent tout. Et ils vont aller jusqu’à falsifier l’histoire. Qu’est-ce que le Sénégal peut comploter ou rebeller contre la Guinée. Et pour quelle cause ? Tout comme la Sierra Leone. Nous devons vivre au 21e siècle une autre méthode. Moi, je suis un homme de paix épris de liberté. Et, qui n’incarne pas la sagesse ne peut pas gouverner un pays.
Si l’un des candidat de l’opposition va au 2e tour avec le candidat sortant, quelle sera votre posture ?
Quelle que soit les circonstances, nous nous sommes battus pour l’alternance. Le président sortant a crié haut et fort, multi partisme intégral. Donc, il souhaitait, dans le passé, l’alternance démocratique. Aujourd’hui, il donne un coup de pied à l’alternance. Mais, nous Guinéens réclamons l’alternance absolue pour donner la meilleure chance au pays d’aller vers l’émergence avec l’union de tous les fils et filles de Guinée. Quelque soit le parti qui arrivera au 2e tour, nous le soutiendrons. Mais, pas Alpha Condé. Il sera battu dès le 1er tour. La fête se sera entre deux partis de l’opposition. Dans ce cas, il n’y aura pas de tiraillements et le meilleur va gagner.
Je prie Dieu de me donner la chance de faire partie de ceux la qui seront au 2e tour. Parce que, je n’ai qu’une seule ambition, c’est d’apporter le bonheur à mon peuple. De 1958 à 2020, les Guinéens ont trop souffert. Ils sont de plus en plus pauvres. Pourtant, nous avons un sous-sol riche et un important potentiel hydraulique, agricole. Ne parlons pas de nos richesses minières. Mais paradoxalement, la Guinée est encore parmi les pays les plus pauvres.