Maroc-Sénégal : coopération gagnant-perdant - Par Mamadou Sy Tounkara

Rédigé par Dakarposte le Vendredi 4 Décembre 2015 à 20:34 modifié le Vendredi 4 Décembre 2015 20:35

La coopération entre le Maroc et le Sénégal montre à volonté le peu d’empressement que nos autorités ont à défendre les intérêts de la nation.


Tous les jours, le Maroc fait entrer environ soixante camions remplis de tous produits au Sénégal : fruits et légumes, condiments, maroquineries et divers. Ces camions retournent au Maroc…vides car le marché marocain est très protégé et aucun produit sénégalais n’y est présent. 

Une entreprise marocaine construit la « Cité de l’Emergence » de Dakar mais aucune entreprise de BTP sénégalaise ne songe à remporter un marché d’Etat au Maroc ; une banque marocaine a racheté la CBAO mais aucun institut financier sénégalais n’est présent au Maroc ; Wafa Assurance du Maroc s’est implantée au Sénégal mais aucune réciprocité n’est notée ; Air Sénégal International avait été livrée pieds et poings liés à Royal Air Maroc qui avait trouvé là du pain béni pour sa stratégie d’expansion. 

Comment justifier un tel état de faits ? A l’évidence, la partie marocaine travaille pour les intérêts de ses entreprises et de son peuple. Au Maroc, la politique est au service de l’économie. Le défunt Roi Hassan II, très visionnaire, avait anticipé sur la mondialisation et posé des jalons très concrets dans ce sens. L’actuel roi, fin homme d’affaires avisé, suit cette tendance. (Le Maroc est, par exemple, connecté sur le réseau électrique européen et a ainsi réglé son problème d’électricité ; il n’y a pas de coupure d’électricité, un TGV est en construction, des avions sont montés). 

Les dirigeants sénégalais qui ont signé ces accords avec le Maroc se sont souciés de tout sauf du meilleur intérêt de nos entreprises et de notre futur. L’intérêt personnel des petits avantages et de la petite monnaie l’a emporté sur l’intérêt général. 

Parce que la classe dirigeante du Maroc favorise ses entreprises et se soucie véritablement du futur de son peuple, le Maroc, avec qui nous faisions jeu égal dans les années 70, fait partie aujourd’hui des 60 pays les plus riches du monde et ne conteste point cette place. Nous sommes dans la classe des 25 pays les plus pauvres (60 places derrière le Maroc) et nos dirigeants contestent cette place sans nous dire quelle devrait être notre véritable place selon leurs propres calculs. 

Mettre la politique au service de l’économie, favoriser ses entreprises, protéger son marché, se soucier véritablement de l’intérêt national sans démagogie ni tricherie, voilà que le Maroc nous montre la voie de la véritable émergence. 

Mamadou Sy Tounkara
Cheikh Amidou Kane
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