La tête de liste de la coalition gagnante Wattu Senegaal a échoué hier dans sa tentative de marcher de la Place de l’Indépendance au Ministère de l’Intérieur, pour exiger la délivrance des cartes d’identité numérisées aux électeurs qui peinent à les avoir.
Les forces de police et de sécurité n’ont pas permis, sous l’injection des autorités administratives, et donc du Ministère de l’Intérieur, de franchir les barrières ainsi dressées sur leurs chemins. Wade a dû rebrousser chemin. Comme quoi, ça n’a pas marché.
La faute au Gouvernement ? Dans une certaine mesure oui, parce que, tout compte fait, dans un contexte électoral, il était préférable de permettre l’expression libre par toute voie démocratique, des sentiments de citoyens surtout s’il s’agit de l’opposition.
Mais, c’est surtout la faute à Wade lui-même. Non pas que le Pape du Sopi a commis une quelconque faute dans sa démarche. Il est dans son droit et il a peut-être l’obligation de poser le débat récurrent sur ce problème de cartes qui soulève beaucoup d’inquiétudes au-delà même des cercles politiques.
Le problème, c’est que les autorités actuelles ont mis en avant l’arrêté Ousmane Ngom qui interdit toute manifestation à certains endroits du centre-ville comme la Place de l’Indépendance et le Ministère de l’Intérieur.
En clair, l’arrêté N° 7580 du 20 juillet 2011 du ministère de l’Intérieur de l’époque dispose que « pour des raisons de sécurité, sont interdites les manifestations à caractère politique dans l’espace compris entre l’avenue El Malick Sy et le Cap Manuel notamment devant les immeubles abritant l’Assemblée nationale, le Sénat, le Conseil économique et social, les Cours et tribunaux, le Palais de la République, le Building administratif et à la Place de l’Indépendance ».
Eh, c’est cet arrêté qui est toujours en vigueur et qui permet à l’actuel régime de bloquer les demandes de marcheurs qui veulent s’approcher de ces édifices publics.
Or, il se trouve qu’Ousmane Ngom n’était personne d’autre que le Ministre de l’Intérieur de Wade à l’époque. C’est donc à la demande de Wade lui-même qu’Ousmane Ngom a dû prendre cet arrêté, obligeant ses opposants à s’entasser à la Place de l’Obélisque pour manifester.
Wade rattrapé par son passé
C’est dire que Wade a été rattrapé par son passé. Il a voulu passer outre les dispositions d’un texte qui fait office de loi et qu’il a lui-même fait instaurer.
Comme quoi, les présidents en exercice doivent toujours se mettre en tête l’idée qu’ils vont quitter le pouvoir et qu’ils peuvent retourner dans l’opposition. Les actes qu’ils posent, surtout d’ordre légal et réglementaire, avec implications directes sur le fonctionnement de la démocratie, doivent être conformes au texte et à l’esprit de la Constitution.
Car, c’est justement ce qui pose problème avec le texte susnommé. L’arrêté Ousmane Ngom pèche par excès de pouvoir et viole le droit constitutionnel de manifester sous réserve bien sûr des dispositions liées à l’ordre public. Et à ce propos, ce sont les agents de l’administration territoriale, en l’occurrence ici le Préfet, qui doivent en apprécier l’opportunité d’une façon circonstancielle, donc limitée dans le temps. L’arrêté permettant une interdiction permanente, il pose un problème manifeste de conformité avec la Constitution.
C’est pourquoi, nous sommes toujours étonnés de voir qu’aucun membre de l’opposition n’a pensé s’attaquer à cet arrêté 7580 pour inconstitutionnalité.
La bataille doit être d’abord juridique. Et comme aucun arrêté d’abrogation n’a été pris, l’opposition dont c’est la seconde tentative de violation de cette interdiction, se heurte toujours au légalisme des autorités. Et pour obvier cela, il faudra poser le débat devant le Conseil constitutionnel ou tout tribunal administratif compétent.
C’est seulement ainsi que l’arrêté Ousmane Ngom ne pourra plus stopper personne si la requête aboutit. Et sans doute Wade est le dernier à penser qu’il allait, un jour, en pâtir.
Comme quoi, il ne faut jamais oublier que Monsieur Guillotine avait été guillotiné.
Assane Samb
Les forces de police et de sécurité n’ont pas permis, sous l’injection des autorités administratives, et donc du Ministère de l’Intérieur, de franchir les barrières ainsi dressées sur leurs chemins. Wade a dû rebrousser chemin. Comme quoi, ça n’a pas marché.
La faute au Gouvernement ? Dans une certaine mesure oui, parce que, tout compte fait, dans un contexte électoral, il était préférable de permettre l’expression libre par toute voie démocratique, des sentiments de citoyens surtout s’il s’agit de l’opposition.
Mais, c’est surtout la faute à Wade lui-même. Non pas que le Pape du Sopi a commis une quelconque faute dans sa démarche. Il est dans son droit et il a peut-être l’obligation de poser le débat récurrent sur ce problème de cartes qui soulève beaucoup d’inquiétudes au-delà même des cercles politiques.
Le problème, c’est que les autorités actuelles ont mis en avant l’arrêté Ousmane Ngom qui interdit toute manifestation à certains endroits du centre-ville comme la Place de l’Indépendance et le Ministère de l’Intérieur.
En clair, l’arrêté N° 7580 du 20 juillet 2011 du ministère de l’Intérieur de l’époque dispose que « pour des raisons de sécurité, sont interdites les manifestations à caractère politique dans l’espace compris entre l’avenue El Malick Sy et le Cap Manuel notamment devant les immeubles abritant l’Assemblée nationale, le Sénat, le Conseil économique et social, les Cours et tribunaux, le Palais de la République, le Building administratif et à la Place de l’Indépendance ».
Eh, c’est cet arrêté qui est toujours en vigueur et qui permet à l’actuel régime de bloquer les demandes de marcheurs qui veulent s’approcher de ces édifices publics.
Or, il se trouve qu’Ousmane Ngom n’était personne d’autre que le Ministre de l’Intérieur de Wade à l’époque. C’est donc à la demande de Wade lui-même qu’Ousmane Ngom a dû prendre cet arrêté, obligeant ses opposants à s’entasser à la Place de l’Obélisque pour manifester.
Wade rattrapé par son passé
C’est dire que Wade a été rattrapé par son passé. Il a voulu passer outre les dispositions d’un texte qui fait office de loi et qu’il a lui-même fait instaurer.
Comme quoi, les présidents en exercice doivent toujours se mettre en tête l’idée qu’ils vont quitter le pouvoir et qu’ils peuvent retourner dans l’opposition. Les actes qu’ils posent, surtout d’ordre légal et réglementaire, avec implications directes sur le fonctionnement de la démocratie, doivent être conformes au texte et à l’esprit de la Constitution.
Car, c’est justement ce qui pose problème avec le texte susnommé. L’arrêté Ousmane Ngom pèche par excès de pouvoir et viole le droit constitutionnel de manifester sous réserve bien sûr des dispositions liées à l’ordre public. Et à ce propos, ce sont les agents de l’administration territoriale, en l’occurrence ici le Préfet, qui doivent en apprécier l’opportunité d’une façon circonstancielle, donc limitée dans le temps. L’arrêté permettant une interdiction permanente, il pose un problème manifeste de conformité avec la Constitution.
C’est pourquoi, nous sommes toujours étonnés de voir qu’aucun membre de l’opposition n’a pensé s’attaquer à cet arrêté 7580 pour inconstitutionnalité.
La bataille doit être d’abord juridique. Et comme aucun arrêté d’abrogation n’a été pris, l’opposition dont c’est la seconde tentative de violation de cette interdiction, se heurte toujours au légalisme des autorités. Et pour obvier cela, il faudra poser le débat devant le Conseil constitutionnel ou tout tribunal administratif compétent.
C’est seulement ainsi que l’arrêté Ousmane Ngom ne pourra plus stopper personne si la requête aboutit. Et sans doute Wade est le dernier à penser qu’il allait, un jour, en pâtir.
Comme quoi, il ne faut jamais oublier que Monsieur Guillotine avait été guillotiné.
Assane Samb