Madiambal Diagne : «Nos confrères ont simplement fait le travail qui est le leur»

Rédigé par Dakarposte le Vendredi 17 Juillet 2015 à 18:35 modifié le Vendredi 17 Juillet 2015 18:36

Au plaisir de revoir les trois journalistes libérés après plusieurs jours de navettes entre les grilles et la cave du tribunal régional de Dakar pour des articles de presse publiés dans les journaux, Madiambal Diagne y a enjoint une bonne dose de regret et de dénonciation. Patron du journal Le Quotidien, organe de presse dont la directeur de publication a été du nombre des journalistes gardés à vue, il a plaidé la cause de ces derniers qui, à ses yeux n’ont rien à se reprocher.

«Nous considérons que nos confrères n’ont en aucune façon violé la loi, ils ont simplement fait le travail qui est le leur, c’est-à-dire d’informer les citoyens. 
Et nous pensons que les méthodes qui ont été utilisés, notamment par les autorités militaires pour chercher à traquer les sources des journalistes ne sont pas acceptables. La presse n’a pas à révéler ses sources. Et c’est peine perdue que de chercher à faire révéler par la presse leurs sources d’information», a confié M. Diagne.

Venu apporter son soutien, tout comme plusieurs de ses confrères, le patron du groupe Avenir communication a relevé une série d’abus et d’irrégularités dans la façon dont cette affaire a été gérée par les enquêteurs. Pour cela, il a haussé le ton pour le condamner fermement. «On ne peut pas corriger une supposée violation de la loi par une violation manifeste de la loi parce que demander aux journalistes leurs sources, c’est violer la loi. Nous ne l’acceptons pas et nous tenons à ce que cela soit entendu par tout le monde et que tout le monde se le tienne pour dit. Nous ne voulons plus revenir ici pour les mêmes pratiques. Nous estimons qu’on doit être plus regardant sur les droits des citoyens et c’est la liberté d’expression. Nous avons d’abord estimé que les gardes à vue qui ont été pratiquées avec nos confrères ne sont pas acceptables». 
 D’ailleurs, comme jurisprudence, il a évoqué une affaire quasi similaire qui a eu comme cadre la France. «Il y a quelques jours de cela en France, il y a un grand procès pour la violation des secrets de l’instruction, une magistrate avait été mise en cause devant la Cour de cassation et dans ce procès, jamais il n’a été question de garde à vue de qui que ce soit. Nous pensons que pour des infractions pareilles, pour des gens régulièrement domiciliés, pour des gens qui ont pignon sur rue et qui sont des gens respectables dans ce pays, on ne doit pas les garder à vue pour moins que ça. Et aussi, il y a des pratiques très pernicieuses qui consistent à des retours de parquets, qui constituent une pratique qui ne répond pas aux exigences de la loi pénale au Sénégal. Nous pensons qu’il faut arrêter cela. Nous n’avons pas attendu aujourd’hui que des gens soient en cause pour le dénoncer. Nous l’avons toujours dit. Pas plus tard que la semaine dernière, le Populaire (journal: ndlr) a eu à faire échos d’une exigence d’appliquer les dispositions de l’Uemoa sur par exemple la présence des avocats dès l’enquête préliminaire. Nous pensons qu’il y va du respect des droits de l’homme, du respect des droits humains, du respect sacro-saint de la liberté d’expression, et aussi des principes de la démocratie. Nous sommes intransigeants sur ces questions-là et nous tenons à le faire entendre», conclut-il.

Seneweb
Cheikh Amidou Kane
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