« De grâce, arrêtez d’inonder nos hôpitaux d’équipements contrefaits et de mauvaise qualité ! ». Tel estle cri du cœur d’un « médecin lambda » qui s’est entretenu avec “Le Temoin” sur le dé×cit en équipements, en médicaments et en consommables des hôpitaux et structures sanitaires. Cette blouse blanche anonyme dénonce le manque de patriotisme des fournisseurs nationaux qui, selon lui, ne respectent pas le code des marchés. Après un diagnostic des maux de la santé allant du manque d’organisation au niveau interne jusqu’au déficit en personnel qualité, il propose, sans être exhaustif, quelques pistes de solutions pour une « bonne santé » dans les établissements sanitaires.
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De la pacotille dans nos hôpitaux ! Qui l’aurait cru ? Personne, assurément ! Du moins, si les médecins eux- mêmes, notamment les manipulateurs de ces machines, tels que les radiologues, les échographes… ne s’étaient jamais ouverts « secrètement » à la presse. Ils ont prêté serment et juré de toujours garder le secret professionnel. Seulement, dans ce cas de figure, il s’agit de la vie des populations. Une vie qui ne tient qu’à un fil. Dans les établissements sanitaires, les équipements sont vétustes dans bon nombre de cas. Ça, c’est un secret de Polichinelle.
De la pacotille
Mais s’il est normal que de vieux équipements tombent en panne, ce qui l’est moins c’est que des équipements modernes acquis récemment fassent des siennes au bout de quelques mois seulement. La raison réside dans le fait que ces machines sont le plus souvent de mauvaise qualité. Eh oui ! De la pacotille achetée sous prétexte, selon un médecin qui s’est confié à nous sous l’anonymat, d’un code des marchés qui préconise le moins-disant. Notre interlocuteur pointe aussi du doigt un « manque de patriotisme » de certains fournisseurs nationaux. Lesquels mettraient en avant leur profit personnel au détriment des intérêts et de la santé du peuple.
« Ils ne se gênent pas de livrer du matériel dont ils sont sûrs de la très mauvaise qualité, comme si notre pays avait opté pour le misérabilisme », s’est indigné ce « médecin lamda » qui parle d’ « égoïsme » de la part de ces fournisseurs. Et de raconter : « J’ai été témoin de livraisons dans nos hôpitaux de téléviseurs, de sanitaires, d’appareils d’échographie… de très mauvaise qualité, qui se sont détériorés en un temps record. Des appareils d’un coût très élevé puisque achetés à des centaines de millions de francs Cfa mais qui ne respectent pas les cahiers de charges préétablis par les experts en la matière. Ces appareils n’ont jamais fonctionné pendant une année ferme, et personne n’est sanctionné pour ça. Pire encore, les fournisseurs de ces appareils ne disposent pas de techniciens qualités à même d’assurer une bonne maintenance. Faites un tour dans nos hôpitaux, vous verrez des carcasses d’appareils jonchant les couloirs », lance notre docteur lambda. Il estime, pour mettre ×n à tous ces errements, qu’« il urge de revoir toutes les procédures de commandes de nos hôpitaux. L’Etat doit être plus regardant sur ces livraisons et exiger un suivi-évaluation, une maintenance à court et moyen termes. Et puis de grâce, il faudrait arrêter d’inonder nos hôpitaux d’équipements contrefaits de mauvaise qualité. » A titre d’exemple, ce clinicien soutient que « si un hôpital veut acheter un échographe, les marques de référence sont bien connues : il s’agit de Siemens, Philips, Toshiba, Hitachi… Alors, pourquoi accepter des marques chinoises de qualité moindre et d’usage compliqué ? ». Bonne question, en effet…
Manque de médicaments et de consommables
La tyrannie du « moins-disant » dans les appels d’offres. Dans les hôpitaux tout semble agoniser. Les hôpitaux ont leurs pharmacies et des dépôts de médicaments. Mais le manque de médicaments et de consommables est très récurrent. Notre interlocuteur confirme. « Pas besoin de chercher midi à 14h. Si vous avez un malade admis dans la plupart de nos hôpitaux, vous ferez mille va-et-viens entre l’hôpital et la pharmacie privée d’à côté pour des ordonnances. Tenez-vous bien, parfois c’est pour acheter des gants, des solutés, du sparadrap : des produits qui sont sensés exister à l’hôpital. Imaginez votre galère si la pharmacie la plus proche de l’hôpital se trouve à plusieurs kilomètres ». Sur ce point, notre médecin parle d’un manque d’organisation dans les structures sanitaires. « Qu’est- ce qui empêche nos structures de se doter en permanence de produits essentiels ? On me dira code des marchés publics inadapté retardant les commandes. Mais alors, qu’on modifie ce code dans le bon sens ! ».
Une unité du SAMU à l’hôpital
(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({}); Abordant le point lié au manque d’organisation dans nos hôpitaux, notre médecin X confie qu’il n’y a pas une bonne régulation inter-hospitalière encore moins une coordination entre les services. De ce fait, les patients sont renvoyés de service à service à la recherche de rendez-vous, d’hôpital en hôpital à la recherche de places. « Prenez l’exemple des femmes enceintes, en travail, en train de saigner, renvoyées de maternité à maternité en taxi. Je propose que le SAMU national s’implante dans les hôpitaux et se charge de cette régulation, de l’évacuation des malades concernés. Par exemple, concrètement si une maternité, quoique pleine, reçoit une femme en urgence, la sage-femme de garde aura juste à lui poser une voie veineuse, administrer un antidouleur si nécessaire, la réconforter et contacter l’unité du SAMU de l’hôpital. Cette unité qui aura déjà une visibilité sur les places disponibles dans les autres hôpitaux procèdera à l’évacuation dans les conditions requises. Et cette formule sera valable pour toutes les urgences. On me dira qui va payer la facture ? Eh bien les malades qui en ont les moyens, la CMU, les dons des bonnes volontés. Il faudra juste organiser ce système avec une bonne gestion ».
Personnel mal réparti
Selon notre praticien, cette organisation doit s’étendre jusqu’à la répartition des ressources humaines sur toute l’étendue du territoire national. « Les médecins généralistes, tout comme les spécialistes, sont en sous-effectif crucial et sont mal répartis. Prenons l’exemple des radiologues titulaires : il y en a une trentaine, presque tous sont à Dakar, un à Thiès, le reste du pays n’en disposant pas. Il en est quasiment de même pour les pédiatres, les cardiologues, les gynécologues, les sages-femmes… ». Pendant ce temps, un important personnel de santé diplômé est en attente de recrutement par la Fonction publique. Et pourtant, « nos hôpitaux croulent sous l’effet d’une masse salariale alourdie par du personnel non qualité, recruté entre autres sur la base de bras longs », déplore notre soignant qui pense que l’Etat, à travers le ministère de la Santé, d’une part, et les chefs d’établissement de santé, de l’autre, doit faire régulièrement et sans complaisance l’inventaire des besoins en personnel et recruter en fonction de la demande.
« Une santé en meilleure santé »
A côté de ce manque d’organisation, du déficit en équipements, en médicaments et en consommables, l’indiscipline règne au plus haut niveau dans nos hôpitaux et structures sanitaires. « On se plaint de la cherté des factures d’électricité et d’eau dans nos hôpitaux. On ose se plaindre pendant qu’on laisse des appareils électriques fonctionner à plein régime et en permanence, des points d’eau couler 24/24 heures au vu et au su de tous. Dieu sait qu’on ne se comporte pas comme ça dans nos maisons ! », regrette ce médecin en cagoule. Qui charge les patrons d’établissements de santé tenus, selon lui, « de faire régulièrement le tour de leurs structures respectives et faire réparer les robinets défectueux par exemple ». Son souhait : « juste un changement radical pour une santé en meilleure santé », a-t-il dit. En conclusion, notre interlocuteur interpelle le président de la République pour lui transmettre une doléance qui lui tient particulièrement à cœur ! « Monsieur le Président, ce serait bien que vous augmentiez nos salaires, comme ça on aura plus besoin de faire du « kharmatt ». On aurait mis notre main au feu que tout cela, ça se terminerait par une revendication d’ordre pécuniaire. Pour cause, un enseignant ou un professionnel de la santé sénégalais qui ne réclamerait pas plus d’argent pour lui-même, eh bien ça n’existe pas !
Maimouna FAYE( Le Temoin)
De la pacotille
Mais s’il est normal que de vieux équipements tombent en panne, ce qui l’est moins c’est que des équipements modernes acquis récemment fassent des siennes au bout de quelques mois seulement. La raison réside dans le fait que ces machines sont le plus souvent de mauvaise qualité. Eh oui ! De la pacotille achetée sous prétexte, selon un médecin qui s’est confié à nous sous l’anonymat, d’un code des marchés qui préconise le moins-disant. Notre interlocuteur pointe aussi du doigt un « manque de patriotisme » de certains fournisseurs nationaux. Lesquels mettraient en avant leur profit personnel au détriment des intérêts et de la santé du peuple.
« Ils ne se gênent pas de livrer du matériel dont ils sont sûrs de la très mauvaise qualité, comme si notre pays avait opté pour le misérabilisme », s’est indigné ce « médecin lamda » qui parle d’ « égoïsme » de la part de ces fournisseurs. Et de raconter : « J’ai été témoin de livraisons dans nos hôpitaux de téléviseurs, de sanitaires, d’appareils d’échographie… de très mauvaise qualité, qui se sont détériorés en un temps record. Des appareils d’un coût très élevé puisque achetés à des centaines de millions de francs Cfa mais qui ne respectent pas les cahiers de charges préétablis par les experts en la matière. Ces appareils n’ont jamais fonctionné pendant une année ferme, et personne n’est sanctionné pour ça. Pire encore, les fournisseurs de ces appareils ne disposent pas de techniciens qualités à même d’assurer une bonne maintenance. Faites un tour dans nos hôpitaux, vous verrez des carcasses d’appareils jonchant les couloirs », lance notre docteur lambda. Il estime, pour mettre ×n à tous ces errements, qu’« il urge de revoir toutes les procédures de commandes de nos hôpitaux. L’Etat doit être plus regardant sur ces livraisons et exiger un suivi-évaluation, une maintenance à court et moyen termes. Et puis de grâce, il faudrait arrêter d’inonder nos hôpitaux d’équipements contrefaits de mauvaise qualité. » A titre d’exemple, ce clinicien soutient que « si un hôpital veut acheter un échographe, les marques de référence sont bien connues : il s’agit de Siemens, Philips, Toshiba, Hitachi… Alors, pourquoi accepter des marques chinoises de qualité moindre et d’usage compliqué ? ». Bonne question, en effet…
Manque de médicaments et de consommables
La tyrannie du « moins-disant » dans les appels d’offres. Dans les hôpitaux tout semble agoniser. Les hôpitaux ont leurs pharmacies et des dépôts de médicaments. Mais le manque de médicaments et de consommables est très récurrent. Notre interlocuteur confirme. « Pas besoin de chercher midi à 14h. Si vous avez un malade admis dans la plupart de nos hôpitaux, vous ferez mille va-et-viens entre l’hôpital et la pharmacie privée d’à côté pour des ordonnances. Tenez-vous bien, parfois c’est pour acheter des gants, des solutés, du sparadrap : des produits qui sont sensés exister à l’hôpital. Imaginez votre galère si la pharmacie la plus proche de l’hôpital se trouve à plusieurs kilomètres ». Sur ce point, notre médecin parle d’un manque d’organisation dans les structures sanitaires. « Qu’est- ce qui empêche nos structures de se doter en permanence de produits essentiels ? On me dira code des marchés publics inadapté retardant les commandes. Mais alors, qu’on modifie ce code dans le bon sens ! ».
Une unité du SAMU à l’hôpital
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Personnel mal réparti
Selon notre praticien, cette organisation doit s’étendre jusqu’à la répartition des ressources humaines sur toute l’étendue du territoire national. « Les médecins généralistes, tout comme les spécialistes, sont en sous-effectif crucial et sont mal répartis. Prenons l’exemple des radiologues titulaires : il y en a une trentaine, presque tous sont à Dakar, un à Thiès, le reste du pays n’en disposant pas. Il en est quasiment de même pour les pédiatres, les cardiologues, les gynécologues, les sages-femmes… ». Pendant ce temps, un important personnel de santé diplômé est en attente de recrutement par la Fonction publique. Et pourtant, « nos hôpitaux croulent sous l’effet d’une masse salariale alourdie par du personnel non qualité, recruté entre autres sur la base de bras longs », déplore notre soignant qui pense que l’Etat, à travers le ministère de la Santé, d’une part, et les chefs d’établissement de santé, de l’autre, doit faire régulièrement et sans complaisance l’inventaire des besoins en personnel et recruter en fonction de la demande.
« Une santé en meilleure santé »
A côté de ce manque d’organisation, du déficit en équipements, en médicaments et en consommables, l’indiscipline règne au plus haut niveau dans nos hôpitaux et structures sanitaires. « On se plaint de la cherté des factures d’électricité et d’eau dans nos hôpitaux. On ose se plaindre pendant qu’on laisse des appareils électriques fonctionner à plein régime et en permanence, des points d’eau couler 24/24 heures au vu et au su de tous. Dieu sait qu’on ne se comporte pas comme ça dans nos maisons ! », regrette ce médecin en cagoule. Qui charge les patrons d’établissements de santé tenus, selon lui, « de faire régulièrement le tour de leurs structures respectives et faire réparer les robinets défectueux par exemple ». Son souhait : « juste un changement radical pour une santé en meilleure santé », a-t-il dit. En conclusion, notre interlocuteur interpelle le président de la République pour lui transmettre une doléance qui lui tient particulièrement à cœur ! « Monsieur le Président, ce serait bien que vous augmentiez nos salaires, comme ça on aura plus besoin de faire du « kharmatt ». On aurait mis notre main au feu que tout cela, ça se terminerait par une revendication d’ordre pécuniaire. Pour cause, un enseignant ou un professionnel de la santé sénégalais qui ne réclamerait pas plus d’argent pour lui-même, eh bien ça n’existe pas !
Maimouna FAYE( Le Temoin)