Licenciements abusifs, intimidations, gestion chaotique : Le personnel d’Expresso n’ose plus rêver

Rédigé par Dakarposte le Jeudi 4 Mai 2017 à 18:00 modifié le Jeudi 4 Mai 2017 18:03

Les travailleurs d’Expresso n’osent plus rêver pour reprendre le slogan cher à l’opérateur de téléphonie. Le personnel nage dans un cauchemar sans fin. Après les licenciements abusifs, la Direction joue désormais la carte de l’intimidation. Ce qui a provoqué l’ire du personnel, qui a saisi l’inspection du travail, le Haut Conseil du dialogue social et le Directeur du Travail, dans une lettre qui en dit long sur le quotidien des travailleurs d’Expresso.


 
Le feu couve à Expresso et pour cause. Jotay.net avait révélé la situation exécrable des travailleurs qui, victimes de licenciements abusifs, ne savent toujours pas à quel saint se vouer. Ces derniers sont montés au créneau cette semaine pour faire face aux dérives de la direction. Le personnel des travailleurs de l’opérateur de téléphonie a saisi l’Inspection du travail, via une lettre dont l’objet s’intitule : «Mémoire de défense contre la Direction d’Expresso pour tentative d’intimidation». La même missive a été envoyée aussi au ministre du Travail, au Haut Conseil du dialogue social et au Directeur du Travail. 
Dans la lettre, les travailleurs attirent l’attention des autorités compétentes sur «la situation très précaire et les mauvais traitements des travailleurs». En effet, lit-on dans la lettre, la Direction est en train de les intimider en leur servant à chaque fois comme bon lui semble, des demandes d’explication sans aucun motif réel et sérieux. Pire, la Direction adresse parfois des lettres d’avertissement sans demande d’explication au préalable. 

La Direction fixe un objectif «fantaisiste» de 200.000 abonnés par mois soit 2,4 millions par an 

Nos sources au sein de la boîte vont plus loin. Selon nos interlocuteurs, la Direction prend prétexte des objectifs non atteints sur les activations des puces par les travailleurs pour créer des problèmes. «L’équipe commerciale qui subit la pression actuelle est le même team qui avait atteint les 100.000 clients en 6 mois (Ndlr : avec le Cdma, c’est-à-dire téléphone plus puce) pendant que l’un de leur concurrent avait fait 100.000 clients en 3 ans», déplore la source. «L’objectif, c’est 200.000 nouveaux clients par mois, ce qui fait 2,4 millions de clients sur toute l’année 2017. Ce qui est un objectif fantaisiste, que nous ne pourrons atteindre, dans la mesure où Orange même ne parvient pas à faire 2 millions de nouveaux clients par année», note une source très au fait de ce qui se trame à la Direction d’Expresso. 
Pour ne rien arranger, les responsables du 3e opérateur mobile au Sénégal ont servi des demandes d’explication et des avertissements le 19 avril. Ce qui est déplorable, note la source, «ils ont servi des avertissements à certains employés sans pour autant leur notifier une demande d’explication par rapport aux objectifs qui leur ont été assignés. Alors que les conditions ne sont pas réunies pour atteindre ces objectifs, car, depuis février 2017, ils font travailler d’honnêtes Sénégalais, en l’occurrence les free lanceurs, dans des conditions très difficiles». 
Et le personnel de noter : «Une contre-performance du département commercial a été alléguée comme motif, mais il faut noter que la responsabilité ne nous est pas imputable, car nous avons attiré l’attention de la Direction en début d’année sur la nécessite d’améliorer et diversifier la qualité de l’offre». 

Expresso «nargue» l’Artp 

Début avril, l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) est venue corser davantage les activations, car il est formellement interdit l’identification par le service client. La méthode à suivre est la suivante : il faut se rendre dans une agence ou une boutique partenaire pour acheter une puce et se faire identifier. «Expresso est allé plus loin en permettant même aux boutiquiers, aux ambulants, la possibilité d’identifier en appelant le 1070, ce qui est anormal, vu la nouvelle disposition de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes», informe la source. 

Un cadre juridique jamais respecté…. 

Malgré ces conditions inouïes, le personnel poursuit «toujours avec des moyens très limités aussi bien en logistique qu’en effectif, en comparaison avec nos concurrents qui déploient de gros moyens». Mais, fait savoir le personnel, «la Direction refuse de satisfaire notre demande en mettant en place un faisceau de faits très superficiels, provocateurs, réduisant l’espace dans lequel nous devons exercer convenablement notre mission». Mieux, le personnel a tenté de mettre en place un syndicat qui tarde à voir le jour, du fait de la forte pression de la Direction. «Nous avons attiré l’attention de la hiérarchie sur les fluctuations du marché qui régissent la forte demande des consommateurs durant les fêtes, évènements religieux et nationaux. Malheureusement, le schéma sur lequel la Direction s’appuie pour mettre en branle ses manœuvres sordides, est déjoué à chaque fois qu’il s’agit de nous porter des coups fourrés», fait savoir la lettre. 
A cela s’ajoute le cadre juridique bafoué par la direction. «Ayant compris leurs manœuvres, nous avons pris nos précautions, à chaque fois qu’une demande d’explication nous est servie, de fournir une réponse très détaillée sur un tableau synoptique, avec des chiffres exacts comme illustration pour étayer nos arguments». Et de poursuivre : «sous ce rapport, il convient de préciser que le motif allégué ne figure pas dans les instruments juridiques qui encadrent le droit du travail et la convention collective nationale interprofessionnelle». Pour finir, le personnel d’Expresso juge légitime cette saisine de l’autorité administrative car, disent-ils, «nous la considérons comme un devoir de veille et d’alerte contre l’attitude de la Direction et les intentions inavouées de certaines personnes tapies dans l’ombre, qui cherchent comme par le passé à nuire leurs collègues par des licenciements abusifs pour des raisons d’externalisation des emplois qui contrastent avec le travail décent». 

Le Directeur commercial….un cas à part 

Un homme qui s’est attiré les foudres du personnel d’Expresso, c’est le Directeur commercial, Sajid Ahmad Khan. «Sa façon de parler avec le personnel laisse à désirer et sa manière de traiter avec les femmes datent du moyen âge…», renseigne notre source. Pis le Directeur commercial est accusé de s’être illustré d’une manière irrespectueuse envers ses employés, dans un mail groupé dans lequel il fait savoir à son personnel qu’il n’attend plus de justificatif. «Soit ils font des résultats, soit ils laissent la place à d’autres», dira ce dernier. 

Expresso Sénégal vache laitière du groupe Sudatel en Afrique 

Autre problème qui brouille le réseau des travailleurs d’Expresso, c’est la manière insolite de gestion de la direction. En effet, Expresso Sénégal est la vache laitière des autres filiales du groupe Sudatel en Afrique. «Expresso Sénégal fait des chiffres énormes par rapport aux boites qui sont un peu partout en Afrique. Expresso se porte à merveille», soutient une source. 

Samba THIAM jotay
 
( La rédaction )
Cheikh Amidou Kane
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