Ces deux « affaires » qui ne sont pas liées, avaient alimenté une grande polémique. Ses proches, amis, et sympathisants y compris des barons du Parti démocratique sénégalais (Pds), avaient fortement dénoncé l'emprisonnement de Serigne Assane. Les étudiants avaient également reçu le soutien des hommes politiques au moment où une importante frange de l'opinion avait dénoncé l'acte pour lequel ils sont toujours les présumés auteurs.
En ne s'opposant pas à leur liberté provisoire, le procureur sait que dans le contexte actuel de l'université de Dakar, il est plus sage de tourner la page et de travailler à la pacification de cet espace où sont représentés des étudiants proches du régime en place et des proches de l'opposition. Une longue détention pourrait développer des velléités de représailles.
Serigne Assane Mbakcé qui a été arrêté à la mi-mars dernier et accusé d'être le ou l'un des commanditaires de l'incendie, en juin de l'année dernière, du domicile de Moustapha Cissé Lô, député du parti au pouvoir est placé sous contrôle judiciaire malgré sa liberté provisoire que certains lient à la prochaine visite du président Macky Sall à Touba-une visite pas encore officiellement confirmée. D'autres considèrent que son maintien en prison va davantage rendre complexe la configuration politique de Touba.
En effet, tout en étant une ville religieuse, Touba accueille tous les états-majors politiques du pays qui y ont leurs entrées et contacts sûrs, leurs amitiés et intérêts. Ce jeune marabout très engagé politiquement, quoique ne bénéficiant pas d'une masse de soutiens qui peut pour le moment faire mal à l'actuel régime, garde sa liberté de ton et sa capacité de mobilisation. Il est tout aussi bouillant que Moustapha Cissé Lô, le rempart du parti au pouvoir dans la localité.
Dans ce contexte un peu risqué, la sagesse consiste à adoucir toutes les velléités de confrontation. Pour y arriver, il faut commencer les manœuvres pour un compromis dynamique : la liberté provisoire peut bien en être un. Elle peut même être une exigence avant toute négociation politique. Elle est surtout un moyen de faire décrisper la tension, puisque certains commençaient à faire passer au sein de l'opinion le message selon lequel, après les hommes politique, le régime commence à mettre les chefs religieux et les étudiants en prison.
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