Le Pds semble être divisé en deux groupes ; d’une part, les partisans du secrétaire général Abdoulaye Wade et d’autre part, le camp des frondeurs. Est-ce que cette situation ne risque pas d’annihiler les forces de votre formation politique ?
Actuellement il n’y a pas de tendance au sein du Parti démocratique sénégalais (Pds). Les frondeurs ne peuvent pas être considérés comme une partie importante du Pds. Si nous passons en revue les membres de la fronde, on peut voir que nul d’entre eux ne pèse lourd dans l’échiquier politique national. Ils ne peuvent pas diviser le parti mais ils essayent de corrompre certains et semer un peu la zizanie. Mais nous sommes très lucides, très sereins et très conscients de l’intérêt du parti. Actuellement, nous sommes carrément orientés vers le combat pour la libération de nos détenus politiques. On essaye également de tout faire pour que Macky Sall quitte le pouvoir en 2017. Ceux que l’on surnomme les frondeurs ne mouillent pas le maillot, ne se battent pas dans l’intérêt du Parti démocratique sénégalais. On les isole, on les gère mais l’avenir nous édifiera sur la véritable nature de leurs agissements. Les rencontres initiées par Fada ne peuvent pas déstabiliser le parti. Il ne rencontre que ses partisans, des personnes qui comptent sur son statut de président de groupe parlementaire pour avoir des moyens en retour. Nous ne connaissons même pas les personnes qui prennent part à ces rencontres car nous ne comptons pas sur elles pour faire revenir le Pds au pouvoir en 2017.
Le Pds peine à mobiliser lors de ses manifestations. Qu’est-ce qui explique cette perte de vitesse ?
Ce n’est pas une perte de vitesse. Le pouvoir en place essaye de saboter nos manifestations avec des tentatives d’intimidation. Malgré tout, les militants se sont mobilisés et ont tenu ce meeting. Peut-être qu’il n’y a pas eu beaucoup de monde mais je pense que c’est la présence des militants qui était importante. Cela nous a permis de nous exprimer. Nous avons donné notre position par rapport à Macky Sall et ses réalisations, nous continuerons le combat.
Comment continuer le combat si le Pds n’est plus ce qu’il était en termes de mobilisation ?
Le Pds demeure toujours ce grand parti qui a cette incontestable force de mobilisation. Que l’on soit du pouvoir ou de l’opposition, on sait que le Pds a toujours réussi le pari de ses manifestations. Mais pour nos dernières rencontres, vous avez assisté aux jets de grenades lacrymogènes par les forces de l’ordre sur la voiture d’Oumar Sarr. Cela a un peu influé et les militants ont eu peur même si nous, les responsables, étions vraiment déterminés à y assister. Les prochaines manifestations montreront la capacité de mobilisation du Pds. Nous sommes très conscients de nos démarches.
Certains responsables libéraux ne participent plus aux activités du parti. Qu’est-ce qui explique cela ?
Ce sont des responsables qui se sont exclus du parti. Ils se réclament frondeurs et ne participent plus non seulement au comité directeur, mais également à toutes les activités de terrain. Cette mouvance de frondeurs ne travaille plus, tout ce qu’ils font, c’est d’essayer de semer le trouble dans le parti au profit de Macky Sall. On ne comprend pas pourquoi ces ‘’camarades’’ adoptent une telle attitude mais je pense qu’ils savent ce qu’ils font car ils ont leur propre agenda qui n’est pas celui du Pds. Nous savons tous que Fada veut prendre la place d’Oumar Sarr mais on n’en est pas encore là. Nous devons agir en fonction des priorités du Pds. Il n’y a pas de renouvellement et le débat est clos. Nous devons travailler pour la libération de nos détenus politiques, celle de notre candidat Karim Wade en priorité, pour faire face à Macky Sall en 2017.
Dans une sortie récente, vous accusiez les frondeurs d’être de connivence avec Macky Sall. Sur quoi fondez-vous vos accusations ?
Si le parti s’oriente vers un combat et dessine la stratégie à suivre pour revenir le plus tôt possible au pouvoir, et que parallèlement des responsables prennent le contre-pied, cela veut dire que leurs agissements ne profitent qu’a Macky Sall. Je me suis basé sur leurs faits, leurs agissements et leurs comportements. Pire encore, certains d’entre eux reconnaissent qu’ils ont été approchés par Macky Sall à travers des appels téléphoniques ou des rencontres au palais. Si nous prenons l’exemple de Mamadou Lamine Keita, il a clairement dit qu’il a été approché ainsi que d’autres responsables. Nous sommes dans l’opposition et notre lutte devra consister à libérer nos détenus politiques. On n’a pas de compromis ou de relations directes avec le pouvoir, nous sommes des opposants et devrons nous opposer de la plus fidèle des manières. On ne peut pas s’opposer et jeter en même temps un œil dans le jardin du pouvoir.
Quelle est la situation du Pds dans le sud, particulièrement dans votre fief, à Bignona ?
A Bignona, le Pds a toujours misé sur de grands responsables qui ont eu la chance d’occuper des fonctions de ministre à l’image de l’actuel maire, Mamadou Lamine Keita. Il est inquiétant de constater que ce dernier ne fournit aucun effort pour remobiliser la base. Depuis 2012, aucune réunion de la fédération ne s’est tenue, aucune activité mobilisant l’ensemble des responsables de la fédération n’a eu lieu. C’est vraiment regrettable que ce monsieur agisse ainsi. Nous nous sommes dit que nous ne pouvons plus compter sur ce responsable.
Nous qui sommes toujours avec Abdoulaye Wade, avons pris l’engagement de nous organiser et voir comment, dans la mesure du possible, remobiliser la base, essayer de redynamiser les structures, de nous inscrire sur la ligne droite clairement définie par le comité directeur du Pds. Heureusement que la majeure partie des responsables est consciente de la situation et est déterminée à aller au combat avec ou sans Mamadou Lamine Keita. Certains responsables jouent avec le parti, avec leurs ambitions, nous sommes très conscients, responsables et connaissons les priorités du parti. On se bat pour l’atteinte de nos objectifs. Nous ne prendrons pas en compte ceux qui tergiversent de gauche à droite…
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