Depuis quelques mois Moussa Daddis Camara ne faisait plus mystère de sa volonté de rentrer chez lui pour prendre une part active à l'élection présidentielle du 11 octobre. L'ancien chef de la junte militaire a d'ailleurs déjà scellé une alliance électorale surprise avec l'UFDG de Cellou Dalein Diallo, le principal challenger du président sortant.
Dans ce contexte, on voit mal comment le président Alpha Condé pouvait alors lui dresser le tapis rouge, d'autant que Daddis Camara est inculpé pour complicité d'assassinats, séquestrations, viols, coups et blessures pour le massacre du 28 septembre 2009.
Mais l'homme semble ne pas craindre les autorités judiciaires guinéennes. Il sait qu'aucun procureur ne pourra le jeter en prison à moins de mettre le feu au pays. Daddis Camara, qui compte de solides relations au sein de l'armée reste toujours populaire auprès des siens, les forestiers. Une carte qu'il avait l'intention de jouer en perturbant le jeu politique. Selon son parti, il voulait « se présenter devant la justice, se disculper et déposer son dossier de candidature pour la présidentielle », dont la date butoir est fixée au 1er septembre.
Plainte pour « mise en danger de la vie d’autrui »
Mais cette tentative ratée ne restera pas sans suites, selon son avocat, Me Jean-Baptiste Jocamey, qui faisait lui aussi partie du voyage. Moussa Dadis Camara va en effet porter plainte contre la Côte d’Ivoire et la Guinée pour « mise en danger de la vie d’autrui ». « Nous étions à 5 minutes de l’atterrissage, lorsque les autorités ivoiriennes ont enjoint au commandant de bord de ne pas poser l’avion sur le tarmac de l’aéroport international Félix Houphouët Boigny de Côte d’Ivoire », témoigne l’avocat. Une situation périlleuse qui légitime selon lui ce dépôt de plainte.
« Le commandant de bord m’a dit clairement que même lorsqu’il a fait comprendre aux autorités d’Abidjan qu’il n’avait pas beaucoup de Kérozène, on lui a dit qu’il ne pouvait pas se poser. » Dans la difficulté, il a été obligé de voler encore pendant 30 minutes, ajoute Me Jean-Baptiste Jocamey. « Comment peut-on mettre la vie en danger de plus de 150 passagers qui étaient à bord de cet avion, simplement parce qu’on ne souhaitait pas qu’un citoyen libre, non interdit, traverse un pays pour se rendre dans le sien. »