Le Gamou, fixé au 30 novembre 2017, intervient un peu plus de deux mois après la disparition, le 22 septembre 2017, du khalife général des Tidianes, Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine qui n’a assumé la charge que pendant un semestre, en succédant à son grand-frère Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy Al Maktoum, rappelé à Dieu le 16 mars 2017.
Déjà, la science de ces deux personnages, leur douceur, leur affabilité et leur tendresse manquent aux fidèles qui, chaque année et par milliers, venaient, auprès d’eux, rechercher la Vérité et illuminer leurs cœurs avec les lumières éternelles qu’ils dégageaient. Tiennent-ils, tous les deux, de ces preux chevaliers d’Allah que sont Mawdo Malick Sy et ses quatre premiers successeurs.
SERIGNE BABACAR SY (1885-1957) : Le Maître hors norme
Le premier successeur de Mawdo Malick Sy, décédé le 27 juillet 1922, est Serigne Ababacar Sy, l’une des plus sûres valeurs de l’Islam au Sénégal et dans la Ummah, comme en ont attesté la qualité de son enseignement, la diversité et la richesse de ses productions littéraires et philosophiques. Fils du plus grand propagateur de la Tidianiya en Afrique subsaharienne, Khalifa Ababacar Sy est né en 1885 à Saint-Louis, capitale de l’Afrique occidentale française (Aof) et ville du raffinement et du bon goût.
Maîtrisant la théologie (Fikh) et le droit musulman (Charia), entre autres branches de la religion, Khalifa Ababacar Sy a succédé à son père, à l’âge de 37 ans. En véritable intendant des mystères de Dieu, il ne cessait de retremper les fidèles dans la foi, en s’inspirant du Coran, de la Sunna et des enseignements de la Tidianiya. Aussi, est-il l’initiateur, en 1930, de la « ziarra » générale, cette sublime occasion de mêler, sur cette terre de foi qu’est Tivaouane, hommes et femmes pour leur donner des nourritures spirituelles. Le ministère de Khalifa Ababacar Sy, c’est aussi la construction de milliers de mosquées, l’expansion de l’Islam et de la « tarikha » tidiane, par des vagues d’adhésions continues. Après 35 ans passés à la tête de la communauté tidiane, il est rappelé à Dieu le 25 mars 1957. D’une vaste érudition, le premier successeur du Mawdo Malick a laissé à la postérité plusieurs productions littéraires et philosophiques que les plus grands islamologues et des penseurs modernes ont déclarées comme étant « des œuvres d’un Maître hors normes ».
SERIGNE ABDOUL AZIZ SY AL AMINE (1927-2017) : L’infatigable missionnaire
La disparition, le 22 septembre 2017, de Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine, après seulement six mois de khalifat, est encore fraîche dans la mémoire collective des musulmans sénégalais. Les croyants de notre pays se souviennent de ses thèmes favoris : unicité de Dieu ; conformité à la Charia et à la Sunna ; union des cœurs et des esprits ; cohésion sociale ; solidarité nationale. Le sixième successeur de Mawdo Malick Sy, disparu à l’âge de 89 ans, est un produit de l’université islamique de Tivaouane. Formé dans ce creuset de l’excellence, il en est sorti repu de nourritures spirituelles, surclassant bon nombre de ses contemporains en matière de connaissances, d’enseignements, de générosité et de bienfaisance.
D’une urbanité exquise que l’on ne retrouve que chez ceux qui ont eu un long commerce avec la prestigieuse culture islamique, d’une surprenante érudition qui fait voler en éclats les barrières entre la gnose mystique et la connaissance de ce monde, Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine, porte-parole de trois khalifes généraux qui l’ont précédé dans cette charge, fut un exemple de civilité, d’humilité et d’amabilité. Son extrême sensibilité au devenir des âmes avait fait de Serigne Abdoul Aziz Sy un homme au plus haut point touché par les problèmes qui se posaient quotidiennement aux fidèles. Il ne cessait de nous rappeler que « l’Islam, en plus d’être la voie du salut, est une morale de tous les jours. Il est d’un comportement, une conduite que l’on doit adopter même dans ses actes les plus anodins ». Pour faire passer un tel message dans les esprits, Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine ne ménageait pas son temps. Son bloc-notes était, avant et pendant sa fonction de khalife général des Tidianes, plein de dates pour des conférences qu’il tenait partout où les fidèles interpelaient sa science pour mieux pratiquer leur religion. Bref, il parcourait inlassablement le pays, comme un pâtre, pour y semer la bonne graine.
SERIGNE CHEIKH TIDIANE SY AL MAKTOUM (1925-2017) : Un guide au dessus de tout éloge
Le rappel à Dieu de Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Maktoum, le 16 mars 2017, a été une immense perte pour le Sénégal, à jamais sevré des adresses limpides de ce guide religieux rappelant aux croyants de tous bords que « seul Dieu doit être l’objet de leur adoration et de leur soumission ». De son vivant, le cinquième khalife général des Tidianes ne cessait aussi d’exalter l’amour, l’écoute réciproque et le travail, ces autres formes de dévotion. Né à Saint-Louis du Sénégal, ville du raffinement et du bon goût, il a vécu en homme ouvert aux vents fécondants de l’extérieur.
Très tôt affranchi du conservatisme ambiant de son époque, il n’en demeurait pas moins un guide imbu de la science islamique. Pendant les cinq années passées à la tête de la communauté tidiane (2012-2017), il n’a fait aucune sortie publique. L’homme est ainsi. D’ailleurs, il n’a pas usurpé son surnom Al Maktoum, c’est-à-dire le mystérieux ! Serigne Cheikh Tidiane Sy parlait peu ; une fois par an, à travers une veillée religieuse que les « Moustarchidines wal Moustarchidaty », dirigés par son fils Moustapha Sy, organisent au champ de courses de Tivaouane. Au cours de cette manifestation très courue, l’homme, à travers les thèmes qu’il développait, faisait étalage de l’étendue de ses connaissances et de toute sa maîtrise du Coran. Mû par une quête insatiable du savoir, Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Maktoum a appris le français.
Une langue qu’il parlait bien. Le cinquième khalife général des Tidianes avait touché, un moment, à la politique, en créant le Parti de la solidarité sénégalais. Il était également un homme d’affaires réputé, actionnaire dans une grande cimenterie au Sénégal. Avant-gardiste, avant l’heure, Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Maktoum ne cessait d’étonner et de fasciner son monde. N’est-ce pas là l’une des marques des guides hors norme ?
SERIGNE MOUHAMADOU MANSOUR SY « BOROM DAARAJI » (1925-2012) : Un « océan du savoir »
La personnalité et la renommée de Serigne Mouhammadou Mansour Sy, sans oublier la richesse et la qualité de son khalifat qui a duré quinze ans (1997-2012), sont telles que son rappel à Dieu ne pouvait pas ne pas être un évènement national douloureusement ressenti dans un élan sincère et unanime par l’ensemble du peuple musulman. Partout, les sentiments et les témoignages marqués du sceau de l’affection et de la sincérité sont les mêmes : le Sénégal et la Ummah islamique ont perdu un grand homme, un homme de bien dont l’humilité et la générosité de cœur et d’esprit tout autant que la beauté du style et de la fécondité de la pensée font l’unanimité.
N’est-ce pas le signe d’un destin exceptionnel qui porte à la fois le cachet de la volonté divine, mais aussi l’empreinte personnelle d’un homme qui n’a vécu que pour ses semblables et qui aura donné à tout un peuple musulman une formidable leçon. A savoir que l’homme est le remède de l’homme et que, quelles que soient les réussites et les fonctions, tout homme a droit au respect et à la dignité. Ceux qui sont devant ne doivent jamais oublier ceux qui sont derrière. Partout également, on apprécie positivement le rôle d’équilibre, de rassembleur et modérateur qu’il a joué, convaincu qu’il était que rien n’est possible sans l’unité et la cohésion nationale. Communément appelé « Borom Daaraji » ou « le Maître hors normes », Serigne Mouhammadou Mansour Sy, disparu le 09 décembre 2012 à l’âge de 87 ans, est ce pédagogue confirmé et ce chantre émérite du prophète Mouhammad (Psl) que le Noble Elhadj Abdoul Aziz Sy Dabakh a appelé un « océan du savoir ». Et pour se faire une idée de la profondeur des connaissances de celui que l’on nommait le « Recteur de l’Université islamique de Tivaouane », il fallait visiter l’homme pendant le Ramadan, un événement-témoin des cours magistraux sur le Coran et ses commentaires des Saintes Ecritures. Quel talent ! Aussi, ce magicien du verbe était-il, pour des centaines de milliers de « talibés-cheikh », un « modèle » en matière de sape car il savait conjuguer -dans le domaine de l’habillement- élégance, raffinement et beauté du geste dans une formidable et permanente harmonie.
ELHADJ ABDOUL AZIZ SY « DABAKH » (1904-1997) : Le régulateur social
Les centaines de milliers de fidèles qui prennent d’assaut la ville de Tivaouane, pour célébrer l’anniversaire de la naissance du Meilleur de tous (Psl), ne manquent pas de se recueillir au mausolée du Noble Elhadj Mouhammadou Mansour Sy, le deuxième khalife de Mawdo Malick Sy. Formé par son ascendant, le saint homme, né en 1900, a donc été à la bonne école.
Les différents témoignages que des savants musulmans ont faits sur sa vie et son œuvre sont suffisamment éloquents pour attester que l’investissement de Elhadj Mouhammadou Mansour Sy dans le champ de la foi constitue, incontestablement, l’âge d’or de la Tidianiya au Sénégal. Cette « baraka » procède de sa forte personnalité, de son ouverture d’esprit, de sa générosité de cœur et de bien d’autres qualités qui ont poussé des milliers de fidèles musulmans à le gratifier du titre de « Grand Maître ».
Quel bel hommage rendu à un grand homme qui, lui, se considérait comme « un simple serviteur de Dieu », consacrant toutes les nuits à la méditation et aux prières dans les cimetières de « Khalkhouss » à Tivaouane. Aussi, des milliers de talibés convaincus de l’authenticité du chapelet de miracles réalisés par Elhadj Mouhammadou Mansour Sy, se mettent-ils à toujours honorer, avec tout le recueillement et la dévotion voulus, la mémoire de ce guide spirituel dont les écrits littéraires et philosophiques sont d’une valeur inestimable. Le rappel à Dieu du vénéré Elhadj Mouhammadou Mansour Sy, survenu le 29 mars 1957, c’est-à-dire quatre jours après celui de Khalifa Ababacar Sy, le premier successeur du Mawdo Malick avait fortement secoué la communauté musulmane nationale en général, la confrérie tidiane en particulier.
ELHADJ MOUHAMADOU MANSOUR SY (1900-1957) : Le miroir de sagesse
Les centaines de milliers de fidèles qui prennent d’assaut la ville de Tivaouane, pour célébrer l’anniversaire de la naissance du Meilleur de tous (Psl), ne manquent pas de se recueillir au mausolée du Noble Elhadj Mouhamadou Mansour Sy, le deuxième khalife de Mawdo Malick Sy. Formé par son ascendant, le saint homme, né en 1900, a donc été à la bonne école. Les différents témoignages que des savants musulmans ont faits sur sa vie et son œuvre sont suffisamment éloquents pour attester que l’investissement de Elhadj Mouhamadou Mansour Sy dans le champ de la foi constitue, incontestablement, l’âge d’or de la Tidianiya au Sénégal.
Cette « baraka » procède de sa forte personnalité, de son ouverture d’esprit, de sa générosité de cœur et de bien d’autres qualités qui ont poussé des milliers de fidèles musulmans à le gratifier du titre de « Grand Maître ». Quel bel hommage rendu à un grand homme qui, lui, se considérait comme « un simple serviteur de Dieu », consacrant toutes les nuits à la méditation et aux prières dans les cimetières de « Khalkhouss » à Tivaouane. Aussi, des milliers de talibés convaincus de l’authenticité du chapelet de miracles réalisés par Elhadj Mouhamadou Mansour Sy, se metent-ils à toujours honorer, avec tout le recueillement et la dévotion voulus, la mémoire de ce guide spirituel dont les écrits littéraires et philosophiques sont d’une valeur inestimable.
Le rappel à Dieu du vénéré Elhadj Mouhamadou Mansour Sy, survenu le 29 mars 1957, c’est-à-dire quatre jours après celui de Khalifa Ababacar Sy, le premier successeur du Mawdo Malick avait fortement secoué la communauté musulmane nationale en général, la confrérie tidiane en particulier.
LeSoleil