RFI : Les États-Unis critiquent le bilan humain des bombardements israéliens à Gaza, mais autorisent cette semaine de nouvelles ventes d’armes à l’État hébreu, à hauteur de 20 milliards de dollars. Pourquoi balaient-ils ainsi les appels de ceux qui pressent l’administration Biden d’utiliser ce levier pour faire pression sur Benyamin Netanyahu ?
Célia Belin : Le soutien militaire américain à Israël remonte à plusieurs décennies. Il a un sens émotionnel de proximité avec Israël, considéré comme l’État démocratique de la région avec lequel les Américains peuvent travailler. Mais il a aussi un sens stratégique : armer ce pays pour qu’il puisse se défendre, notamment contre l’Iran, cela va dans le sens de ce qui était considéré comme un équilibre au Moyen-Orient. Un équilibre dans lequel les États-Unis sont les garants de la sécurité d’Israël. Ce calcul stratégique n’a pas changé malgré les désaccords sur la gestion de la guerre à Gaza et malgré l’énormité du bilan des victimes.
Les États-Unis n’ont que des mots, pas d’autres moyens de pression ?
Les États-Unis considèrent avoir assez de leviers politiques, assez de poids politiques en Israël. Cela dit, Israël a aussi du poids politique aux États-Unis, comme l’a montrée la récente invitation de Benyamin Netanyahu à Washington où il s’est exprimé devant le Congrès.
Est-ce que la campagne de Kamala Harris sera compliquée par la guerre à Gaza, comme ce fut le cas pour Joe Biden avant son retrait ? Des manifestations sont notamment prévues la semaine prochaine pendant la Convention du Parti démocrate.
Le Parti démocrate est dans un moment délicat de son histoire. Pendant très longtemps, le soutien à Israël était partagé de manière uniforme chez les Démocrates et les Républicains. Avec notamment une sorte « d’esprit pionnier » partagé par ces deux pays, avec aussi une communauté juive américaine très favorable à Israël. Mais ces dernières années, sur fond de blocage de la solution de Paix à deux États, on a vu le Parti démocrate commencer à se fissurer entre une position toujours très pro-Israël et d’autre part une position plus proche de la base progressiste du parti. Cette dernière considère la situation des Palestiniens comme une injustice profonde et fait parfois le lien avec la question raciale aux États-Unis. La chance de Kamala Harris, c’est de faire campagne en étant issue de l’administration sortante sans en assumer la responsabilité. Elle a eu des mots de compassion pour les Palestiniens plus forts que ceux de Joe Biden. Elle surfe sur une ligne de crête, notamment en choisissant Tim Walz comme colistier et pas Josh Shapiro, davantage identifié comme pro-israélien.
RFI : Est-ce que cette situation du Parti démocrate bénéficie à Donald Trump ?
Non, il vit ses plus mauvaises semaines depuis très longtemps. Il est dans le creux de la vague et n’arrive pas à trouver les mots face à Kamala Harris. Il n’a pas beaucoup exploité la question israélo-palestinienne. Le Parti républicain considère que les manifestations pro-palestiniennes sont antisémites, mais jusqu’à présent cela ne prêche que les convaincus.
rfi
Célia Belin : Le soutien militaire américain à Israël remonte à plusieurs décennies. Il a un sens émotionnel de proximité avec Israël, considéré comme l’État démocratique de la région avec lequel les Américains peuvent travailler. Mais il a aussi un sens stratégique : armer ce pays pour qu’il puisse se défendre, notamment contre l’Iran, cela va dans le sens de ce qui était considéré comme un équilibre au Moyen-Orient. Un équilibre dans lequel les États-Unis sont les garants de la sécurité d’Israël. Ce calcul stratégique n’a pas changé malgré les désaccords sur la gestion de la guerre à Gaza et malgré l’énormité du bilan des victimes.
Les États-Unis n’ont que des mots, pas d’autres moyens de pression ?
Les États-Unis considèrent avoir assez de leviers politiques, assez de poids politiques en Israël. Cela dit, Israël a aussi du poids politique aux États-Unis, comme l’a montrée la récente invitation de Benyamin Netanyahu à Washington où il s’est exprimé devant le Congrès.
Est-ce que la campagne de Kamala Harris sera compliquée par la guerre à Gaza, comme ce fut le cas pour Joe Biden avant son retrait ? Des manifestations sont notamment prévues la semaine prochaine pendant la Convention du Parti démocrate.
Le Parti démocrate est dans un moment délicat de son histoire. Pendant très longtemps, le soutien à Israël était partagé de manière uniforme chez les Démocrates et les Républicains. Avec notamment une sorte « d’esprit pionnier » partagé par ces deux pays, avec aussi une communauté juive américaine très favorable à Israël. Mais ces dernières années, sur fond de blocage de la solution de Paix à deux États, on a vu le Parti démocrate commencer à se fissurer entre une position toujours très pro-Israël et d’autre part une position plus proche de la base progressiste du parti. Cette dernière considère la situation des Palestiniens comme une injustice profonde et fait parfois le lien avec la question raciale aux États-Unis. La chance de Kamala Harris, c’est de faire campagne en étant issue de l’administration sortante sans en assumer la responsabilité. Elle a eu des mots de compassion pour les Palestiniens plus forts que ceux de Joe Biden. Elle surfe sur une ligne de crête, notamment en choisissant Tim Walz comme colistier et pas Josh Shapiro, davantage identifié comme pro-israélien.
RFI : Est-ce que cette situation du Parti démocrate bénéficie à Donald Trump ?
Non, il vit ses plus mauvaises semaines depuis très longtemps. Il est dans le creux de la vague et n’arrive pas à trouver les mots face à Kamala Harris. Il n’a pas beaucoup exploité la question israélo-palestinienne. Le Parti républicain considère que les manifestations pro-palestiniennes sont antisémites, mais jusqu’à présent cela ne prêche que les convaincus.
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