Le président Bassirou Diomaye Faye, élu en mars dernier, et son Premier ministre Ousmane Sonko ont besoin d’une majorité qualifié aux trois cinquièmes pour faire appliquer leur programme. Car celui-ci nécessite l’adoption de plusieurs lois constitutionnelles, comme pour la création d’un poste de vice-président, la réforme de la justice ou la suppression d’institutions jugées budgétivores, explique notre correspondante à Dakar, Juliette Dubois.
Les élections législatives anticipées de ce dimanche sont aussi le premier test électoral pour le parti au pouvoir. Après sept mois aux affaires, le Pastef confirmera-t-il son score de la présidentielle – emportée dès le premier tour à 54 % des voix – ou observera-t-on une érosion de sa base électorale, comme le promet l’opposition ? Si une certaine impatience se fait sentir dans les villes, le Pastef a obtenu le soutien, ces dernières semaines, de nombreux maires dans des départements jusqu'ici acquis à l’ancien régime comme à Podor et à Matam dans le Nord-Est, rapporte notre correspondante à Dakar, Léa-Lisa Westerhoff.
L'opposition présente trois listes, mais s'unit dans certaines localités
Face au populaire parti Pastef du président, l’opposition croit en ses chances de garder sa majorité : l’ancien président Macky Sall est revenu dans la course et se présente comme tête de liste de son parti. Malgré l’annonce de son retrait de la politique il y a sept mois, il a battu campagne à distance, depuis le Maroc où il réside actuellement. Son ancien dauphin et candidat malheureux à la présidentielle, Amadou Ba, a lancé une liste parallèle, tout comme l'ancien maire de Dakar, Barthélémy Dias.
Dans certains départements, comme à Dakar, les différentes forces d’opposition ont conclu des alliances, espérant remporter plus de sièges. Cela a été le cas dans les départements de la diaspora et de Bambey, dans le centre du pays, qui représentent 17 sièges au Parlement. Dans d'autres départements, une intercoalition se fera à deux, entre le mouvement de Macky Sall et celui de l'ex-maire de Dakar. Le principe : appeler à voter pour la formation politique de l’opposition qui est la mieux placée… pour se donner un maximum de chances de peser sur la future Assemblée nationale.
Climat tendu, accrochages violents au couteau et QG incendiés
Les deux semaines de campagne ont eu lieu dans un climat tendu, avec des violences entre le camp du président et celui du maire de Dakar Barthélémy Dias. Parmi les incidents, des QG de campagne incendiés et des dizaines de blessés partout dans le pays. Des accrochages violents ont eu lieu lundi 11 novembre entre les sympathisants du parti au pouvoir et des militants d’une coalition d’opposition, avec des blessures à coups de couteau. Le Premier ministre Ousmane Sonko a même appelé à la vengeance, avant de rétropédaler. Depuis, 81 personnes ont été interpellées. Des couteaux, lance-pierre et autres matraques ont été saisis par la police.
Ces éruptions de violence sont récurrentes au Sénégal en période électorale. Et pour Moussa Diaw, professeur en sciences politiques à l’université de Saint-Louis, c’est la preuve que les enjeux du scrutin sont importants pour les différents acteurs. « Pour l’exécutif, l'objectif est d’avoir une majorité confortable pour pouvoir gouverner et faire les réformes importantes. Compte tenu de ces enjeux, les autres aussi cherchent à se positionner, il y a des rapports de force. Cette forme de violence est exercée par un certain nombre de leaders en manque de discours ou d’offres politiques, qui utilisent la violence verbale et, malheureusement, la violence physique », explique-t-il. Le ministre de l’Intérieur a néanmoins promis que toutes dispositions sont prises pour le bon déroulement du scrutin.
Pour s’assurer du bon déroulement du scrutin, 1 100 observateurs de la société civile ont été déployés. Quatre cents fixes et 700 mobiles, qui doivent sillonner les bureaux de vote du pays et faire remonter les éventuels dysfonctionnements. Ce sont à eux de vérifier les heures d’ouverture des bureaux, ou encore la présence du matériel et du personnel.
Dans une salle de l’hôtel Radisson, des grandes tables ont ainsi été installées pour en faire le QG de la mission d’observation du collectif des organisations de la société civile pour les élections (Cosce). Une trentaine de structures y sont regroupées. C'est ici que doivent être centralisées les informations collectées dans les bureaux de vote par les observateurs. « On peut imaginer un transfert d’électeurs, par exemple, explique Alassane Seck, président de la ligue sénégalaise des droits de l’homme. Il peut y arriver qu’il y ait du matériel qui manque, que l’encre soit versée par accident ou volontairement. Ou encore, il peut y avoir les poubelles qui sont mal fermées. »
En cas de dysfonctionnements, le Cosce pourra saisir le ministère de l’Intérieur ou la Commission électorale nationale autonome (Cena). Ces organisations bénéficient d’une longue expérience en la matière. « On est dans l’observation des élections depuis 2000, explique le coordinateur du collectif Moundiaye Cissé. Notre première observation était en 2000 et cela nous a permis de contribuer à la première alternance au Sénégal. En 2000, c’était une situation tendue, on a eu un rôle prépondérant. »
Dimanche soir, les observateurs de la société civile donneront des premières tendances de résultats sur la base des procès-verbaux (PV) publiés devant les bureaux de vote. L’élection sera scrutée de près, car l’Union européenne, l’Union africaine, la Cédéao et l’ONU ont également déployé des observateurs.
Des élections législatives avec un mode de scrutin complexe, à majorité simple et à la proportionnelle
Plus de 7 millions d’électeurs vont élire les 165 députés de l’Assemblée nationale pour les cinq années à venir. Mais cette élection combine en réalité un double mode de scrutin complexe, à la fois à majorité simple à un tour pour certains sièges, et à la proportionnelle pour d'autres.
Avec notre correspondante à Dakar, Léa-Lisa Westerhoff
Sur les 165 sièges qui composent le Parlement, 112 sont attribués après une élection à majorité simple à un tour : dans chacun des 46 départements du Sénégal et pour les 8 circonscriptions de la diaspora, les électeurs devront voter pour l’une des 41 listes de candidats. La liste qui obtiendra le plus de voix emportera la circonscription et l’ensemble des sièges qui la compose. Pour le département de Dakar, par exemple, sept sièges sont en jeu.
Les 53 sièges restants sont eux attribué après un scrutin proportionnel. Dans ce cas, chacune des 41 formations politiques qui participent à l’élection devra additionner l’ensemble des votes reçus. Ensuite, un quotient électoral est calculé, obtenu en divisant le nombre total de suffrages par les 165 sièges du Parlement : il permet d’attribuer à chaque formation le nombre de sièges qui lui revient, cela en fonction du nombre de fois où elle aura atteint ce quotient.
Ce système a été conçu pour que de petites formations politiques moins connues puissent également avoir une place au Parlement.
Rfi
Les élections législatives anticipées de ce dimanche sont aussi le premier test électoral pour le parti au pouvoir. Après sept mois aux affaires, le Pastef confirmera-t-il son score de la présidentielle – emportée dès le premier tour à 54 % des voix – ou observera-t-on une érosion de sa base électorale, comme le promet l’opposition ? Si une certaine impatience se fait sentir dans les villes, le Pastef a obtenu le soutien, ces dernières semaines, de nombreux maires dans des départements jusqu'ici acquis à l’ancien régime comme à Podor et à Matam dans le Nord-Est, rapporte notre correspondante à Dakar, Léa-Lisa Westerhoff.
L'opposition présente trois listes, mais s'unit dans certaines localités
Face au populaire parti Pastef du président, l’opposition croit en ses chances de garder sa majorité : l’ancien président Macky Sall est revenu dans la course et se présente comme tête de liste de son parti. Malgré l’annonce de son retrait de la politique il y a sept mois, il a battu campagne à distance, depuis le Maroc où il réside actuellement. Son ancien dauphin et candidat malheureux à la présidentielle, Amadou Ba, a lancé une liste parallèle, tout comme l'ancien maire de Dakar, Barthélémy Dias.
Dans certains départements, comme à Dakar, les différentes forces d’opposition ont conclu des alliances, espérant remporter plus de sièges. Cela a été le cas dans les départements de la diaspora et de Bambey, dans le centre du pays, qui représentent 17 sièges au Parlement. Dans d'autres départements, une intercoalition se fera à deux, entre le mouvement de Macky Sall et celui de l'ex-maire de Dakar. Le principe : appeler à voter pour la formation politique de l’opposition qui est la mieux placée… pour se donner un maximum de chances de peser sur la future Assemblée nationale.
Climat tendu, accrochages violents au couteau et QG incendiés
Les deux semaines de campagne ont eu lieu dans un climat tendu, avec des violences entre le camp du président et celui du maire de Dakar Barthélémy Dias. Parmi les incidents, des QG de campagne incendiés et des dizaines de blessés partout dans le pays. Des accrochages violents ont eu lieu lundi 11 novembre entre les sympathisants du parti au pouvoir et des militants d’une coalition d’opposition, avec des blessures à coups de couteau. Le Premier ministre Ousmane Sonko a même appelé à la vengeance, avant de rétropédaler. Depuis, 81 personnes ont été interpellées. Des couteaux, lance-pierre et autres matraques ont été saisis par la police.
Ces éruptions de violence sont récurrentes au Sénégal en période électorale. Et pour Moussa Diaw, professeur en sciences politiques à l’université de Saint-Louis, c’est la preuve que les enjeux du scrutin sont importants pour les différents acteurs. « Pour l’exécutif, l'objectif est d’avoir une majorité confortable pour pouvoir gouverner et faire les réformes importantes. Compte tenu de ces enjeux, les autres aussi cherchent à se positionner, il y a des rapports de force. Cette forme de violence est exercée par un certain nombre de leaders en manque de discours ou d’offres politiques, qui utilisent la violence verbale et, malheureusement, la violence physique », explique-t-il. Le ministre de l’Intérieur a néanmoins promis que toutes dispositions sont prises pour le bon déroulement du scrutin.
Pour s’assurer du bon déroulement du scrutin, 1 100 observateurs de la société civile ont été déployés. Quatre cents fixes et 700 mobiles, qui doivent sillonner les bureaux de vote du pays et faire remonter les éventuels dysfonctionnements. Ce sont à eux de vérifier les heures d’ouverture des bureaux, ou encore la présence du matériel et du personnel.
Dans une salle de l’hôtel Radisson, des grandes tables ont ainsi été installées pour en faire le QG de la mission d’observation du collectif des organisations de la société civile pour les élections (Cosce). Une trentaine de structures y sont regroupées. C'est ici que doivent être centralisées les informations collectées dans les bureaux de vote par les observateurs. « On peut imaginer un transfert d’électeurs, par exemple, explique Alassane Seck, président de la ligue sénégalaise des droits de l’homme. Il peut y arriver qu’il y ait du matériel qui manque, que l’encre soit versée par accident ou volontairement. Ou encore, il peut y avoir les poubelles qui sont mal fermées. »
En cas de dysfonctionnements, le Cosce pourra saisir le ministère de l’Intérieur ou la Commission électorale nationale autonome (Cena). Ces organisations bénéficient d’une longue expérience en la matière. « On est dans l’observation des élections depuis 2000, explique le coordinateur du collectif Moundiaye Cissé. Notre première observation était en 2000 et cela nous a permis de contribuer à la première alternance au Sénégal. En 2000, c’était une situation tendue, on a eu un rôle prépondérant. »
Dimanche soir, les observateurs de la société civile donneront des premières tendances de résultats sur la base des procès-verbaux (PV) publiés devant les bureaux de vote. L’élection sera scrutée de près, car l’Union européenne, l’Union africaine, la Cédéao et l’ONU ont également déployé des observateurs.
Des élections législatives avec un mode de scrutin complexe, à majorité simple et à la proportionnelle
Plus de 7 millions d’électeurs vont élire les 165 députés de l’Assemblée nationale pour les cinq années à venir. Mais cette élection combine en réalité un double mode de scrutin complexe, à la fois à majorité simple à un tour pour certains sièges, et à la proportionnelle pour d'autres.
Avec notre correspondante à Dakar, Léa-Lisa Westerhoff
Sur les 165 sièges qui composent le Parlement, 112 sont attribués après une élection à majorité simple à un tour : dans chacun des 46 départements du Sénégal et pour les 8 circonscriptions de la diaspora, les électeurs devront voter pour l’une des 41 listes de candidats. La liste qui obtiendra le plus de voix emportera la circonscription et l’ensemble des sièges qui la compose. Pour le département de Dakar, par exemple, sept sièges sont en jeu.
Les 53 sièges restants sont eux attribué après un scrutin proportionnel. Dans ce cas, chacune des 41 formations politiques qui participent à l’élection devra additionner l’ensemble des votes reçus. Ensuite, un quotient électoral est calculé, obtenu en divisant le nombre total de suffrages par les 165 sièges du Parlement : il permet d’attribuer à chaque formation le nombre de sièges qui lui revient, cela en fonction du nombre de fois où elle aura atteint ce quotient.
Ce système a été conçu pour que de petites formations politiques moins connues puissent également avoir une place au Parlement.
Rfi