Le Président de la République Macky Sall s’est prononcé, dans un entretien qui sort aujourd’hui sur Azactu, pour soutenir l’idée que l’ensemble des institutions que sont l’Assemblée nationale, le Conseil économique et social (Cese) et le Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct), ne font pas plus de 30 milliards.
Il a ajouté qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat s’agissant du coût de fonctionnement de ces hautes institutions.
Ces déclarations font évidemment suite à l’installation ce week-end, à Diamniadio, du Hcct que dirige désormais le socialiste en Chef, Ousmane Tanor Dieng.
Avec 150 membres dont les 70 sont nommés, il a les contours d’un Sénat. C’est ce que pensent nombre d’observateurs. Si on y ajoute les 150 députés et les 120 personnes qui gravitent autour du Cese, on peut dire que le nombre de personnalités à entretenir est assez important.
Mais, là n’est pas forcément le problème car la démocratie n’a pas de coût. Comme le disait le président Obama, « l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais d’institutions fortes ».
Mais, au Sénégal, c’est là où le bât blesse. La seule institution forte est celle de l’Exécutif, pour ne pas dire de la Présidence de la République. Qu’importe l’homme qui occupe les lieux. Qu’il s’agisse de Senghor, Diouf, Wade ou Macky, les présidents chez nous sont dotés par la Constitution et par la pratique de superpouvoirs.
Dans cette dynamique, la coexistence d’autres pouvoirs à côté du sien obéit à une logique d’habillage intentionnel, laquelle est tirée du mimétisme des institutions françaises.
Confusion des pouvoirs
Tous les autres pouvoirs sont en effet assujettis à celui du Président de la république. Il n’y a ni équilibre des pouvoirs, ni séparation des pouvoirs, il n’y a que confusions des pouvoirs. Le Chef de l’Exécutif nomme ou investit les membres à leurs postes ainsi que les présidents qui les dirigent. Ces derniers lui obéissent non pas en recevant des instructions directes, mais en analysant, à chaque fois, la température qui prévaut à la Présidence pour s’y conformer.
Car, faut-il le souligner, le Chef de l’Etat détient une épée de Damoclès sur leurs têtes. Il peut les limoger à tout moment et les faire remplacer si jamais ils ramaient à contre-courant de la politique définie par ses soins.
Qu’il s’agisse de Niasse qui dirige l’Assemblée, de Aminata Tall qui est à la tête du Cese et de Tanor qui préside désormais aux destinées du Hcct, on ne peut pas dire qu’ils soient dans une quelconque possibilité de tenir tête à Macky pour jouer un rôle de contre-pouvoir.
Dans ces conditions, il pèse sur ces institutions une forte présomption d’inutilité.
On peut en effet se demander à quoi elles servent. Elles agissent beaucoup plus comme des cabinets-conseils payés pour donner des avis sur des questions pour lesquelles, généralement, le Président a des positions tranchées.
Tous ceux qui osent prendre quelques velléités de liberté risquent d’être sanctionnés. C’est le cas du Ministre délégué Fatou Tambédou qui, à l’Assemblée, a osé s’en prendre à son ministre de Tutelle Diène Farba Sarr. Elle a été remerciée ad nutum (sur un coup de tête).
Le « mouth ba moth » (se taire ou partir) théorisé par le ministre Mor Ngom est une réalité vérifiable tous les jours. Et le sabre du Président touche parfois des employés de moindre calibre comme cet assesseur de la Crei et ce procureur spécial, Alioune Ndao, chargé des poursuites au niveau de cette cour très spéciale.
L’inspecteur des impôts Ousmane Sonko est une autre victime de cet état de fait qui relève d’une pratique née d’un présidentialisme fort.
Le député Cheikh Diop Dionne, frère de l’actuel Premier ministre, en a eu pour son grade parce qu’il a simplement osé se présenter contre Moustapha Niasse à la tête de l’Assemblée nationale.
Or, s’il ne s’agit que de cela et c‘est souvent le cas, ce n’est vraiment pas la peine de mettre autant de monde dans ces institutions. Une cinquantaine de parlementaires et de conseillers auraient largement suffi dans chaque institution. Et ceci d’autant plus que la plupart des individus nommés ne savent même pas pourquoi ils sont là.
Il est d’autant plus nécessaire de réfléchir à cet état de fait que le Sénégal est un champion en matière de mise en place d’institutions et de vote de lois attractives.
Mais c’est dans la pratique où les Président de la République qui se croient souvent investis d’une mission divine, s’érigent en chefs infaillibles, aidés en cela par des traditions sénégalaises et africaines qui vouent aux dirigeants, un culte sans faille.
Assane Samb
Il a ajouté qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat s’agissant du coût de fonctionnement de ces hautes institutions.
Ces déclarations font évidemment suite à l’installation ce week-end, à Diamniadio, du Hcct que dirige désormais le socialiste en Chef, Ousmane Tanor Dieng.
Avec 150 membres dont les 70 sont nommés, il a les contours d’un Sénat. C’est ce que pensent nombre d’observateurs. Si on y ajoute les 150 députés et les 120 personnes qui gravitent autour du Cese, on peut dire que le nombre de personnalités à entretenir est assez important.
Mais, là n’est pas forcément le problème car la démocratie n’a pas de coût. Comme le disait le président Obama, « l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais d’institutions fortes ».
Mais, au Sénégal, c’est là où le bât blesse. La seule institution forte est celle de l’Exécutif, pour ne pas dire de la Présidence de la République. Qu’importe l’homme qui occupe les lieux. Qu’il s’agisse de Senghor, Diouf, Wade ou Macky, les présidents chez nous sont dotés par la Constitution et par la pratique de superpouvoirs.
Dans cette dynamique, la coexistence d’autres pouvoirs à côté du sien obéit à une logique d’habillage intentionnel, laquelle est tirée du mimétisme des institutions françaises.
Confusion des pouvoirs
Tous les autres pouvoirs sont en effet assujettis à celui du Président de la république. Il n’y a ni équilibre des pouvoirs, ni séparation des pouvoirs, il n’y a que confusions des pouvoirs. Le Chef de l’Exécutif nomme ou investit les membres à leurs postes ainsi que les présidents qui les dirigent. Ces derniers lui obéissent non pas en recevant des instructions directes, mais en analysant, à chaque fois, la température qui prévaut à la Présidence pour s’y conformer.
Car, faut-il le souligner, le Chef de l’Etat détient une épée de Damoclès sur leurs têtes. Il peut les limoger à tout moment et les faire remplacer si jamais ils ramaient à contre-courant de la politique définie par ses soins.
Qu’il s’agisse de Niasse qui dirige l’Assemblée, de Aminata Tall qui est à la tête du Cese et de Tanor qui préside désormais aux destinées du Hcct, on ne peut pas dire qu’ils soient dans une quelconque possibilité de tenir tête à Macky pour jouer un rôle de contre-pouvoir.
Dans ces conditions, il pèse sur ces institutions une forte présomption d’inutilité.
On peut en effet se demander à quoi elles servent. Elles agissent beaucoup plus comme des cabinets-conseils payés pour donner des avis sur des questions pour lesquelles, généralement, le Président a des positions tranchées.
Tous ceux qui osent prendre quelques velléités de liberté risquent d’être sanctionnés. C’est le cas du Ministre délégué Fatou Tambédou qui, à l’Assemblée, a osé s’en prendre à son ministre de Tutelle Diène Farba Sarr. Elle a été remerciée ad nutum (sur un coup de tête).
Le « mouth ba moth » (se taire ou partir) théorisé par le ministre Mor Ngom est une réalité vérifiable tous les jours. Et le sabre du Président touche parfois des employés de moindre calibre comme cet assesseur de la Crei et ce procureur spécial, Alioune Ndao, chargé des poursuites au niveau de cette cour très spéciale.
L’inspecteur des impôts Ousmane Sonko est une autre victime de cet état de fait qui relève d’une pratique née d’un présidentialisme fort.
Le député Cheikh Diop Dionne, frère de l’actuel Premier ministre, en a eu pour son grade parce qu’il a simplement osé se présenter contre Moustapha Niasse à la tête de l’Assemblée nationale.
Or, s’il ne s’agit que de cela et c‘est souvent le cas, ce n’est vraiment pas la peine de mettre autant de monde dans ces institutions. Une cinquantaine de parlementaires et de conseillers auraient largement suffi dans chaque institution. Et ceci d’autant plus que la plupart des individus nommés ne savent même pas pourquoi ils sont là.
Il est d’autant plus nécessaire de réfléchir à cet état de fait que le Sénégal est un champion en matière de mise en place d’institutions et de vote de lois attractives.
Mais c’est dans la pratique où les Président de la République qui se croient souvent investis d’une mission divine, s’érigent en chefs infaillibles, aidés en cela par des traditions sénégalaises et africaines qui vouent aux dirigeants, un culte sans faille.
Assane Samb