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Le Sénégal est-il plus endetté que la Côte d’Ivoire, le Burkina et le Mali? : L’information de Malick Gakou est vraie

Rédigé par Dakarposte le Mardi 22 Novembre 2016 à 08:36 modifié le Mardi 22 Novembre 2016 - 08:40

Le Sénégal est-il plus endetté que la Côte d’Ivoire, le Burkina et le Mali? : L’information de Malick Gakou est vraie
L’opposant El hadji Malick Gakou, a soutenu, lors d’une conférence de presse, le 7 novembre 2016, que le Sénégal s’endette plus vite que le Mali, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire avec qui il partage l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Les données disponibles lui donnent raison.

 «Le niveau d’endettement du Sénégal dépasse de loin celui du Mali (35,2%), de la Côte d’Ivoire (33%) et du Burkina Faso (32%). Le Sénégal se targue d’avoir un taux de croissance de 6%, mais avec un taux d’endettement de 57%», a alerté le leader du Grand Parti (GP) dont les propos ont été relayés par une bonne partie de la presse.

Mais son affirmation  est-elle conforme à l’évolution de l’endettement des Etats membres de cette organisation sous-régionale ?

Quelles sont ses preuves ?


Africa Check a cherché à obtenir des sources auprès du leader du GP pendant plusieurs jours. Nous sommes entrés en contact avec des responsables du GP dont l’administrateur général Songo Matar Ndiaye.

Ce dernier nous a demandé d’écrire un courriel qu’il se chargera « de transmettre » à M. Gakou. « Qu’on lui donne quand même la primeur d’apporter des réponses », ajoute-il.   Il a été relancé à plusieurs reprises sans succès.

La dette du Sénégal a-t-elle augmenté ?

Le ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, à travers la Direction de la dette publique, renseigne sur le niveau d’endettement du Sénégal en 2014. Son bulletin statistique de la dette publique révèle que le taux d’endettement public du Sénégal était de 50,6 du PIB en 2014, soit une augmentation de plus de 3% par rapport à 2013.
Sources : DPEE, FMI, Direction de la dette publique

Sources : DPEE, FMI, Direction de la dette publique

Dans son rapport sur « la Situation économique et financière en 2016 perspectives 2017 », la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE) indique que « l’encours de la dette publique totale est projeté à 5530,1 milliards FCFA à fin 2017, soit un accroissement de 6,7%, comparativement à 2016 ».

« Il devrait représenter 58,3% du PIB en 2017 contre 59% en 2016, soit en-dessous de la norme de 70% retenue dans le cadre du pacte de convergence de l’UEMOA», souligne-t-elle.

Le Comité national de la dette publique, dans un « rapport sur l’analyse de la viabilité de la dette publique », a conclu qu’ « à fin décembre 2014, le stock de la dette publique est évalué à 4112,9 milliards contre 3341,7 milliards FCFA en 2013, soit une hausse 23,1% ».
Que disent les critères de convergence ?

L’UEMOA a adopté, en 1999,  un Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité régulièrement mis à jour. Parmi  les quatre critères de premier rang , il y a celui du ratio de l’encours de la dette intérieure et extérieure rapporté au PIB nominal  qui ne doit pas  excéder 70 %.

Ce critère est reconnu par la Fonds monétaire international (FMI). Sur cette base, il évalue et compare le niveau d’endettement des pays membres de l’UEMOA.

Quel est le niveau d’endettement des membres de l’UEMOA ?

En mars 2016, le FMI a publié son dernier rapport sur les politiques communes des pays membres, à l’issue des entretiens qui ont pris fin le 28 janvier 2016 avec les responsables des institutions régionales de l’UEMOA sur l’évolution et les politiques économiques.
Source : FMI, mars 2016

Source : FMI, mars 2016

La rédaction du rapport, qui repose sur les informations disponibles au moment de ces entretiens, a été achevée le 3 mars 2016.  L’institution financière a passé en revue les indicateurs économiques des Etats membres de l’UEMOA pour établir de statistiques macroéconomiques parmi lesquelles la dette publique.

A l’issue d’une mission effectuée au Togo ce mois de novembre, le FMI a conclu que la dette de ce pays a atteint 75,4 % du PIB en 2015—un taux bien supérieur au plafond de 70 % du PIB fixé par la commission de l’UEMOA pour la dette publique totale.

 

 
Le Sénégal risque-t-il un surendettement ?
"Le moindre dérapage peut faire passer le Sénégal de l’autre côté de la barre", selon Boileau Loko du FMI
"Le moindre dérapage peut faire passer le Sénégal de l’autre côté de la barre", selon Boileau Loko du FMI

« Le moindre dérapage peut faire passer le Sénégal de l’autre côté de la barre », selon Boileau Loko du FMI

 

Pour l’année 2016, le FMI a projeté un taux d’endettement total de 60% pour le Sénégal, selon le même rapport. Lors du Point économique organisé le 15 juillet 2016, le représentant-résident du FMI, Boileau Loko, n’ a pas partagé l’avis du directeur de la DPEE, Pierre Ndiaye, qui disait qu’ « il y a eu effectivement une progression de l’encours de la dette sur le PIB qui a atteint 57% du PIB, mais le seuil pour l’UEMOA est de 70%. Ce qui est important, ce sont les efforts de reprofilage de la dette».

« Le risque de surendettement du Sénégal est encore considéré comme faible. Mais je veux revenir sur ce que Monsieur Ndiaye (Pierre) a dit sur le seuil de 70% pour l’endettement. Je ne suis pas très d’accord. Le Sénégal est peut-être sur une bonne voie, mais les conditions sont très fragiles. Le moindre dérapage peut faire passer le Sénégal de l’autre côté de la barre », avait signalé M. Loko.
Quel est l’impact du PSE sur la dette?

Considéré comme le seul référentiel économique depuis le 24 février 2014, le Plan Sénégal émergent (PSE) est financé par les partenaires traditionnels extérieurs de l’Etat. Une fiche d’information pour l’Etat de mobilisation des ressources consultée par Africa Check renseigne que 22 mois après la tenue du Groupe consultatif de Paris, 137 conventions ont été conclues avec les partenaires pour « un montant total de 2 945,690 milliards de francs sur des annonces de contributions attendues de 3 729 milliards de francs».  Ceci correspond, selon ce document du ministère en charge des finances, « à un taux de concrétisation des engagements de 79% ».

D’ailleurs, l’économiste El hadj Mounirou Ndiaye a confié à Africa Check que « le PSE a légèrement porté  la dette du Sénégal à la hausse ».

« Pour la mise en œuvre du PSE, l’Etat du Sénégal est obligé d’emprunter, parce que le secteur privé n’a pas su jouer sa partition», explique-t-il.

« La dette du Sénégal était à 17% du PIB en 2006. En dix ans, on l’a presque multipliée par quatre. C’est pratiquement le même rythme d’endettement depuis 2006, l’année où le Sénégal a bénéficié d’une remise de dette dans le cadre du programme PPTE (Pays pauvres très endettés). Je me demande jusqu’où nous pouvons aller », relève l’économiste.
Conclusion : l’information est vraie

Le  taux d’endettement de l’Etat du Sénégal dépasse assez largement ceux des trois pays qu’il cités Mali, du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire.

Le Sénégal est  à un peu moins de 57% du PIB en termes de taux d’endettement.  Les comparaisons effectuées par le FMI, les études menées par la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE), le Comité national de la dette publique et la Direction de la dette publique confirment les propos du leader du Grand parti.

Toutefois, le Sénégal n’a pas encore atteint le ratio de l’endettement à 70% du PIB  fixé par l’UEMOA.

Auteur Africacheck

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