Tous les acteurs politiques n’ont pas fait le déplacement hier au palais de la République pour les besoins du dialogue national. Mamadou Lamine DIALLO, Abdoul MBAYE, Thierno Alassane SALL et Cie, réunis au sein du Congrès de la Renaissance Démocratique (CRD) sont de ceux qui ne font pas confiance à Macky SALL. Dans un communiqué, ils listent les manquements et étalent leurs préoccupations.
WALFNet
Nonobstant la réception tardive les 7 et 8 mai 2019 du courrier par lequel le Ministre de l’Intérieur (MINT) conviait les partis politiques à une première réunion annonçant la mise en place d’un Dialogue politique, le Congrès de la Renaissance Démocratique (CGD) a été représenté lors de cette réunion qui s’est tenue le 9 mai, soit 48 heures plus tard. Le principe d’une contribution des partis d’opposition aux termes de référence (Tdr) du Dialogue ayant été accepté, l’initiative de la définition des propositions de l’opposition a été laissée au Front de Résistance Nationale (FRN).
Les membres du CRD ont participé à la rédaction du courrier adressé par le FRN au MINT en date du 14 mai 2019. Par ce courrier, après avoir confirmé sa pleine disposition à participer au Dialogue, l’opposition a formulé des propositions portant sur les modalités de son organisation dans l’objectif de lui donner le sérieux qui sied à une initiative de cette nature et de portée nationale.
Ces propositions portent sur la conduite des travaux par une commission cellulaire non partisane, et sur l’obtention d’un engagement à mettre en œuvre les conclusions qui seront adoptées dans le cadre du Dialogue.
Ce jour 28 mai 2019, soit une semaine plus tard, ledit courrier n’a toujours pas reçu de réponse de la part du MINT.
Un autre dialogue qualifié de « national » s’est superposé à cette démarche traditionnelle de l’Autorité en charge de l’organisation des élections au Sénégal dont la cérémonie de lancement s’est tenue ce jour 28 mai 2019 sous la présidence de M. Macky Sall, chef de la coalition BBY.
Les organisations du CRD rappellent à l’attention du Citoyen que, depuis le Référendum de 2016 où il avait soumis à l’approbation des Citoyens la Constitution en vigueur, celle- ci pourtant promise à une stabilité durable, a subi deux modifications substantielles sans concertation. La première a violé le principe de l’intangibilité du mode d’élection du Président de la République en introduisant le parrainage. La dernière en date, intervenue après l’élection présidentielle, a été perpétrée alors même que Macky Sall s’était engagé à un dialogue sur France24, avant la présidentielle.
Les organisations du CRD membres du FRN considèrent à ce jour que les objectifs assignés par Macky Sall à ce dialogue ne vont pas dans le sens du renforcement de la démocratie sénégalaise, non plus d’une reddition de comptes et comportements indispensable à la restauration de l’état de droit au Sénégal.
Les éléments constitutifs de termes de référence dudit dialogue national et le texte introductif de M. Macky Sall qui ont été distribués révèlent à suffisance que les objectifs recherchés sont de trouver des solutions aux problèmes qu’il a lui même créés à notre Nation sans bien entendu envisager les sanctions qui devraient s’imposer.
Ainsi concernant le volet politique :
Le non alignement des mandats des députés et du Président de la République estla conséquence directe du non respect de son engagement à limiter son premier mandat à cinq ans (5) ; Il a le dessein de reporter les élections législatives ainsi que celles des élus locaux une seconde fois. La parrainage qu’il a imposé pour faciliter sa réélection en réduisant le nombre de candidats à l’élection présidentielle, unique au monde dans sa conception, a toujours été dénoncé par l’opposition comme inapplicable, au point de pousser à des contrevérités le Conseil Constitutionnel en charge de son contrôle lorsque ce dernier a affirmé avoir examiné 1 414 792 signatures sur fiches papier de parrainage en moins de 30 jours. Son objectif essentiel ayant été atteint, ila le projet de maintenant le réaménager afin de le rendre opérationnel. La réflexion tardive sur le statut du Chef de l’opposition apparaît comme un malicieux appât pour attirer et diviser l’opposition. L’argument qu’il présente portant sur des critères qui n’existaient pas au début de 2016 pour permettre la mise en œuvre de dispositions constitutionnelles n’a aucune crédibilité.En ce qui concerne le volet économique :
Une politique économique désastreuse, centrée sur des dépenses d’investissement n’allant pas dans le sens d’une transformation structurelle de l’économie sénégalaise, privilégiant les grands projets réalisés par des entreprises étrangères, basée ces deux dernières années sur un gaspillage de ressources publiques à des fins politiciennes dans une démarche de réélection, a eu recours à de fausses statistiques de croissance pour masquer son échec.
Là également, Macky Sall cherche à « partager » par son dialogue national les mesures d’ajustement structurel devenues indispensables, et qui accroitront la souffrance des populations sénégalaises les plus démunies.Par contre rien n’est prévu sur la reddition des comptes qui fut pourtant si chère au candidat Macky Sall de 2012. Elle doit pourtant concerner les attributions de permis de pétrole et de gaz en violation de la loi et en conflit d’intérêt, de même les nombreux scandales qui sous son magistère ont coûté d’innombrables milliards à la Nation sénégalaise sans donner lieu à ce jour à des poursuites mais parfois à des promotions. Rien non plus sur les sanctions qui doivent frapper les auteurs de fraudes à l’état civil qui mettent en danger la sécurité des citoyens au delà de la corruption du fichier électoral, ou les Autorités administratives coupables de forfaiture jusqu’au jour du vote du 24 février 2019.
Ce dialogue pourrait donc ressembler à n’en point douter à ceux qui furent organisés par Macky Sall en 2016 puis en 2018, manquant de sérieux, rassemblant des laudateurs en tout genre, et transformant l’opposition en faire valoir pour des décisions déjà prises et qui seront imposées à la classe politique et à l’ensemble du peuple sénégalais. Car c’est bien cette technique qui a été utilisée lors de précédents organisés en 2016 puis 2017- 2018.
Le CRD refuse de servir de faire valoir et de participer à une autre grotesque mascarade.
Le CRD refuse de cautionner :
Un report quasi certain des élections locales et/ou des élections législatives, etconsidère que les mandats politiques achevés doivent être renouvelés, Un processus électoral qui serait simplement réaménagé sans que les personnes ayant commis de graves délits à l’occasion de l’élection présidentielle ne fassent l’objet de poursuites afin d’empêcher que de telles pratiques ne se renouvellent. Il en est ainsi des fraudes à l’état civil et des actes de forfaiture ayant consisté àmodifier le régime de vote le jour même de l’élection présidentielle, Toute modification de notre Constitution qui irait dans le sens du maintien du Président en exercice (Macky Sall) au terme de son second mandat actuellementen cours. En outre, le CRD rejette dès à présent tout ajustement structurel qui serait mis en œuvre aux seuls dépens des masses laborieuses de notre pays.
Le refus d’augmenter les salaires des travailleurs ne saurait aller de pair avec une augmentation des prix du reste déjà effective comme conséquence du relèvement des droits de douane.
Dans la même souci, le caractère prioritaire ou pas de certaines dépenses d’investissement devra être réexaminé, et en particulier le projet de construction d’un nouveau palais présidentiel annoncé à plus de cent (100) milliards de Fcfa.
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