Le Brésil gèle ses dépenses publiques sur 20 ans

Rédigé par Dakarposte le Mardi 11 Octobre 2016 à 19:15 modifié le Mardi 11 Octobre 2016 19:17

Les députés brésiliens viennent d'adopter en première lecture un projet qui plafonne les dépenses budgétaires pendant vingt ans. Une décision initiée par le nouveau président de centre droit, Michel Temer, dont le programme donne la priorité au redressement des finances publiques du pays. Le Brésil est confronté à sa pire récession en un siècle.


Après trois ans sous une présidence de centre-gauche du Parti des travailleurs dirigé d’abord par Lula, puis par Dilma Rousseff, destituée le 31 août dernier pour maquillage de comptes publics, le nouveau président Michel Temer marque la rupture avec ses prédécesseurs et sonne le glas des largesses publiques.

Son gouvernement a fait adopter en première lecture par le parlement brésilien la mesure phare de son programme de redressement économique : le gel des dépenses publiques. Durant vingt ans, les dépenses de l'Etat ne pourront pas augmenter plus que l'inflation annuelle. Tous les secteurs sont concernés, même les plus sensibles comme la santé ou l'éducation.

Pour rallier les députés à sa cause, Michel Temer n’a pas ménagé ses efforts. Le week-end end précédant le vote, il a invité à dîner plus de 200 députés au palais présidentiel pour les convaincre de la nécessité d’assainir les finances de l’Etat. Un dîner qui a porté ses fruits, puisque le projet de plafonner les dépenses publiques a été très majoritairement approuvé. 366 députés ont voté pour, alors que 308 voix auraient suffi. 111 ont voté contre et seulement 2 se sont abstenus.

C’est donc une victoire confortable pour Michel Temer qui va ainsi pouvoir poursuivre ses réformes. Il veut également s'attaquer au régime déficitaire des retraites, soit en allongeant l’âge du départ légal soit en augmentant le nombre d'années de cotisations.

12 millions de chômeurs

Synonyme d'austérité, le gel des dépenses de l’Etat est controversé. Pour l'opposition, ce choix va aggraver la situation déjà très fragile de ces secteurs publics indispensables aux populations les plus démunies. De plus, elle s'inquiète de sa durée  et craint de voir toute une génération sacrifiée.

Au risque d’être impopulaire, le nouveau président a décidé de maintenir le cap. La dette publique est passée de 52% du PIB en 2013 à 70% en août dernier... Et si rien n'est fait, la dette du pays atteindra « les 100% d'ici 2024 », ce qui, selon Michel Temer, plongerait le pays dans la faillite. Le chômage a presque doublé pendant la même période totalisant 12 millions de Brésiliens, soit plus de 11% de la population active sont sans emploi.

Le nouveau président prend donc un virage radical afin de tourner le dos à la récession sans précédent que le Brésil traverse. Avec ses réformes, il entend relancer la croissance et redonner au pays sa place de leader sur le continent sud-américain. Le Brésil est confronté à sa pire récession en un siècle. Son Produit intérieur brut (PIB) s'est contracté de 3,8% en 2015 et devrait encore chuter de 3% en 2016.

Le texte élaboré par le ministre des Finances Henrique Mereilles devra encore effectuer des allers-retours entre le congrès des députés et le Sénat pour être adopté définitivement, très certainement d'ici la fin de l'année, mais déjà il reçoit le soutien du Fonds monétaire international. A l'issue d'un entretien avec Henrique Mereilles, la directrice du FMI Christine Lagarde s'est déclarée « encouragée par l'orientation de ces réformes ».
Cheikh Amidou Kane
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