La réouverture d’une mosquée historique en Guinée vire à l’émeute

Datant du XVIIe siècle et figurant parmi l’une des plus anciennes du pays, la mosquée de Timbo était en cours de rénovation depuis 2009. Sa réouverture était prévue vendredi 27 mai, lors d’une cérémonie d’inauguration rassemblant les principales figures politiques guinéennes, du gouvernement comme de l’opposition.

Selon des médias guinéens, quelques milliers de fidèles s’étaient également rassemblés devant la mosquée dès les premières heures de la matinée, espérant assister à la cérémonie. Dépassées par le nombre de participants, les autorités leur ont refusé l’accès. Le ton est alors monté entre des fidèles et les forces de l’ordre.

Aux alentours de midi, une délégation gouvernementale conduite par le Premier ministre est arrivée sur les lieux. Eux ont pu entrer dans la mosquée. Plusieurs fidèles qui attendaient depuis déjà plusieurs heures ont alors profité de la brèche pour entrer en même temps que la délégation. Des centaines de personnes les ont suivis, ce qui a créé une bousculade géante à l’entrée de la mosquée. Les forces de sécurité n’avait plus du tout la maîtrise de la situation…

Des personnes se sont évanouies ou sont tombées dans la bousculade et se sont fait piétiner par la foule. 
Les forces de sécurité ont tenté de reprendre les choses en main. Elles ont lancé des gaz lacrymogènes pour disperser la foule et venir en aide à ceux qui étaient tombés. La plupart des gens présents devant la mosquée était très en colère et se sont alors mis à lancer des pierres sur les forces de l’ordre. Plusieurs voitures de ministres ont également été cassées. Les échauffourées ont duré un peu plus d’une heure. 

"Une cinquantaine de blessés admis à l'hôpital régional"

Je dirais qu’il y avait bien 5 000 personnes, en tout cas largement plus que les 1 500 que peut accueillir la mosquée. Si autant de personnes se sont réunies, c’est parce qu' il s’agit d’une des moquées les plus emblématiques de l’histoire de l’islam en Guinée. 

Mais, ce qu’il faut également savoir, c’est qu’il y a toujours une dimension politique derrière les mosquées dans notre pays. La ville de Timbo est un bastion de l’opposition, notamment du parti de l'Union des forces démocratiques de Guinée [ le président Alpha Condé est membre du parti Rassemblement du peuple de Guinée]. Le gouvernement s’est très fortement engagé, notamment financièrement, dans la rénovation de cette mosquée, ce qui est parfois vu comme une tentative de rallier les habitants de Timbo.


Pour le gouverneur de la région du Mamou où se trouve Timbo, qui est nommé par le gouvernement, ces échauffourées seraient carrément le fait de militants d’opposition : il a ainsi dénoncé un "sabotage" de l’inauguration. "On ne peut pas dire pour le moment quels sont les instigateurs. La justice et les forces de sécurité détermineront le coupable. Mais nous sommes informés d’un risque de violence depuis à peu près cinq jours " a-t-il assuré aux journalistes de Guinée Matin. 

La veille de l’inauguration de la mosquée, organisée le vendredi 27 mai, plusieurs médias guinéens faisaient état de risques de violences en raison des rivalités politiques dans le pays et de l’ancrage de l’opposition à Timbo. Le président Alpha Condé avait d’ailleurs annulé son déplacement à l’inauguration, pour des raisons encore floues.