Triste destin que celui de la rébellion casamançaise ! Cette force insurrectionnelle, qui s’est faite pompeusement appeler Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC), est apparue en 1982 sous des dehors plus présentables: réceptacle d’un nationalisme étriqué qui revendique l’indépendance de la Casamance sur la base de documents coloniaux et d’un discours fondé sur l’isolement géographique. Même si aucun esprit sophistiqué n’a jamais donné du crédit à cette sécession qui aurait abouti à un micro-Etat non viable, le MFDC était tout de même revêtu de la dignité d’un interlocuteur. Surtout du fait de la carrure morale de son dirigeant historique, l’Abbé Diamacoune Senghor.
(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({});Le vieillissement de ce dernier est allé de pair avec l’éclatement du mouvement en factions et l’effritement de son prestige aux yeux des Casamançais et du reste du monde. La mort de Diamacoune, le 13 janvier 2007, a sonné le glas d’une rébellion qui, au fil des ans, et à la faveur de la « diplomatie de la mallette » de Dakar, s’est laissée prendre au piège de l’argent, Et, partant, a cédé aux tentations des trafics de toutes sortes: drogue, êtres humains, ressources naturelles… Avec la complicité du dégénéré Yahya Jammeh qui régnait sur la Gambie, le MFDC a basculé dans un trafic hideux de bois via le port de Banjul.
Aujourd’hui privée de ce soutien chassé du pouvoir par les urnes, asséchée financièrement, dominée sur le plan militaire, isolée sur la scène diplomatique, la rébellion ne peut plus exister que par des actes spectaculaires. Tel cet assassinat insensé de 13 personnes à Toubacouta, ce 6 janvier. Cruelle ironie du sort, elle tue les Casamançais dont elle était censée défendre les intérêts en les menant à l’indépendance.
(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({});Le MFDC offre aujourd’hui le visage hideux d’un mouvement fracturé en autant de factions que de chefs fantasques: César Atoute Badiate, Salif Sadio, Kourouma Sané… Ces chefs de guerre aussi vénaux que cruels ont réussi à tuer ce qui restait d’âme à un mouvement aujourd’hui en manque total de repères idéologiques et moraux. En somme, et leurs actes de prises d’otages et d’assassinats de paisibles citoyens le prouvent chaque jour davantage, le MFDC s’est mué en véritable organisation criminelle. Ses actes nécessitent le traitement de choc qui sied au grand banditisme. Et appellent l’inculpation de ses dirigeants par la Cour pénale internationale.
Cheikh Yérim Seck
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